Le président du Conseil National Islamique crie son ras-le-bol

Côte-d’Ivoire: Deux dignitaires musulmans tués en plein jour

Abidjan, 23 février 2003 (Apic) Deux dignitaires musulmans ont été tués, les 19 et 20 février en Côte-d’Ivoire, a rapporté l’agence AFP. L’imam Idriss Khoudouss Koné, président du Conseil National Islamique (CNI), a exprimé son indignation et accuse des proches du pouvoir de chercher à créer une «guerre de religions».

La première victime est Mohamed Lamine Sangaré, imam adjoint d’une mosquée d’Abobo. Il a été abattu en plein jour mercredi par des individus circulant en 4×4, à Abobo, un quartier d’Abidjan. Il avait été interpellé dans une rue non loin de sa mosquée, par un groupe d’hommes dont certains en uniforme, ont déclaré des témoins cités par le quotidien indépendant «24 Heures». Ces hommes ont demandé à l’imam de monter dans un véhicule, mais celui-ci a refusé et a tenté de s’enfuir. Puis ils l’ont abattu, raconte le journal.

Mory Cissé, un prédicateur, a été tué jeudi matin chez lui à Anyama, au nord d’Abidjan, pendant qu’il priait. Le meurtre a eu lieu lors du pillage des «bérets rouges», une unité d’élite de la gendarmerie, dans un quartier de la localité à majorité musulmane. Après leur forfait, les gendarmes ont tenté d’amener le corps à la morgue. Les musulmans s’y sont opposés. Des jeunes furieux ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre. Celles-ci ont ouvert le feu sur les manifestants. Un garçon de 18 ans a été encore tué.

Montée de la révolte musulmane

«J’exerce une grosse pression sur la communauté musulmane pour l’apaiser et éviter les débordements», a souligné l’imam Khoudouss. Selon lui, «la révolte monte chez certains musulmans». La communauté est menacée et plusieurs imams ont quitté la Côte-d’Ivoire après avoir reçu des visites suspectes dans leur mosquée. L’imam Khoudouss est lui-même recherché par les «escadrons de la mort» dans son propre quartier. Malgré tout, il multiplie les initiatives et les rencontres avec Mgr Bernard Agré, Archevêque d’Abidjan. Il souhaite éviter une «guerre religieuse en Côte d’Ivoire» et veut que les musulmans et chrétiens ne soient pas dressés les uns contre les autres. «Une guerre militaire, on peut l’arrêter à tout moment, mais pas une guerre religieuse et ethnique, qui n’a pas de chefs», a-t-il déclaré.

Dans une déclaration diffusée vendredi 21 février par Radio France internationale, le responsable musulman ivoirien a rappelé que depuis le début des évènements, il a toujours attiré l’attention du président Laurent Gbagbo, chef suprême des armées, sur certaines situations. «Mais jusqu’ici rien n’est fait», a-t-il déploré, tout en rejetant l’idée selon laquelle les musulmans sont de connivence avec les rebelles.

Escadrons de la mort identifiés par l’ONU

Dans un rapport publié au début février, les Nations-Unies ont reconnu que des escadrons de la mort opèrent en Côte d’Ivoire. Ils «seraient constitués d’éléments proches du gouvernement, de la garde présidentielle et d’une milice tribale de l’ethnie bété, proche du président Laurent Gbagbo», a indiqué le rapport.

Le président français Jacques Chirac, a déclaré jeudi, lors de l’ouverture du 22ème sommet des chefs d’état d’Afrique et de la France à Paris, que ces escadrons de la mort «sont une réalité» en Côte-d’Ivoire. «Tout cela pourrait se terminer devant les tribunaux internationaux», a-t-il averti. (apic/ibc/bb)

23 février 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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