Retour d’une visite au cardinal Kuharic à Zagreb

Croatie: le cardinal Danneels exprime l’optimisme de la foi (021193)

Zagreb, 2novembre(APIC) L’Eglise n’est pas un pouvoir, elle n’a pas les

moyens d’arrêter la guerre. Elle a en revanche un rôle décisif à jouer pour

favoriser l’avènement de la paix et de la justice: oeuvrer à la conversion

des coeurs et à la réconciliation. Telle est l’opinion exprimée par Mgr

Godfried Danneels, président de Pax Christi international au retour d’une

visite en Croatie au cardinal Franjo Kuharic, archevêque de Zagreb.

Il y a deux mois, le cardinal belge avait rencontré Mgr Pavle, patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe. Il n’avait cependant pu voir Mgr Kuharic

alors en voyage à l’étranger. C’est maintenant chose faite. Dans une interview accordée à Anton Trstenjak pour l’émission de radio «Mir o Dobro», Mgr

Danneels rappelle que sa mission consistait avant tout à écouter et à s’informer.

«Je ne sais pas si l’Eglise peut vraiment modifier le cours de la guerre, car elle n’est pas un pouvoir, ni militaire, ni économique , ni politique, dit-il. Mais je crois que le véritable enjeu de ce conflit, le plus

important, c’est ce qui se passera après la guerre. (…) Les Eglises ont

une grande tâche, un défi auquel elles doivent répondre: prêcher la réconciliation, la conversion des coeurs, le rapprochement des peuples, la paix,

la justice. Car je crois qu’un conflit comme celui là ne sera jamais terminé, même si les armes se taisent, il restera dans les coeurs».

A ses hôtes de Pax Christi International, le cardinal Kuharic a expliqué

les causes lointaines des conflits. Le cardinal Danneels l’admet: en Occident on connaît très mal l’histoire des Balkans. Jusqu’il y a deux ou trois

ans, beaucoup ignoraient même l’existence de la Slovénie ou de la Croatie.

Le cardinal Kuharic a également assuré qu’il ne cesse de prêcher la réconciliation, la justice, le renoncement à la vengeance, la conversion des

coeurs, relève le cardinal Danneels.

Perplexité et confiance

Pour le cardinal Danneels, il était indispensable que la délégation de

Pax Christi se rende sur place pour être informée de façon plus précise,

plus concrète et plus honnête. Mais il rentre avec des sentiments mitigés.

«Chez nous, en Europe occidentale, on ne voit pas comment cela peut finir.

Cela me paraît presque insoluble humainement parlant. Je suis perplexe,

mais je rentre aussi avec l’optimisme de la foi. Je crois que si les Eglises chrétiennes et l’Islam travaillent vraiment pour changer le coeur de

l’homme et prêchent la foi en Dieu, cela ne peut durer. On ne peut pas continuer à prier le même Dieu, et continuer à s’entretuer. C’est impossible.

Je quitte donc la Croatie avec un certain optimisme de la foi et en même

temps, une grande reconnaissance et admiration pour le travail humanitaire.» (apic/kis/cip/mp)

2 novembre 1993 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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