Cuba: Rencontre de théologiens protestants avec Fidel Castro

«Jésus est un grand révolutionnaire social»

La Havane, 17 octobre 1999 (APIC) «Jésus est un grand révolutionnaire social». C’est ce qu’a affirmé le dirigeant communiste de Cuba, Fidel Castro, à une délégation protestante internationale en visite à Cuba, conduite par le pasteur Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE).

La délégation a effectué une visite d’une semaine à Cuba. Le pasteur Konrad Raiser était accompagné, entre autres, par Walter Altmann, président du Conseil des Eglises d’Amérique latine (CLAI), un luthérien du Brésil, et le pasteur Carlos Emilio Ham, président de la Conférence des Eglises des Caraïbes, un presbytérien de Cuba.

Lors de cette rencontre, qui a commencé tard dans la soirée de mardi dernier et n’a pris fin que vers 3 heures du matin du lendemain, le président Castro après avoir qualifié la figure historique de Jésus de «grand révolutionnaire social», a posé des questions aux membres de la délégation sur la vie et la pensée du réformateur Martin Luther.

La visite de la délégation protestante intervient en un moment clé de la vie de ce pays, qui se trouve confronté à une grave crise économique depuis la chute du communisme en Europe orientale et la désintégration de l’Union Soviétique, principal soutien économique de Cuba depuis le début des années 60, lorsque les Etats-Unis ont imposé un blocus économique. Depuis plusieurs années, Cuba essaie de promouvoir le tourisme comme l’un des moyens d’attirer des devises étrangères.

La visite du pape Jean Paul II en janvier 1998 a soulevé les espoirs d’un rapprochement limité entre les Eglises et l’Etat. Les Eglises ont une plus grande liberté d’organiser des événements religieux en public, ce qui étai interdit auparavant.

Rencontre avec le cardinal Ortega

Lors d’une rencontre avec l’archevêque catholique romain de La Havane, le cardinal Jaime Ortega, des réserves se sont pourtant exprimées. Le cardinal Ortega a expliqué aux membres de la délégation que si les discriminations flagrantes contre l’Eglise catholique appartenaient au passé, une bonne partie des sentiments positifs laissés par la visite du pape s’étaient dissipés. «Le gouvernement n’a pas su tirer profit de l’espérance suscitée par la visite du pape», a-t-il déclaré, en faisant remarquer que si les responsables communistes cubains avaient donné l’ordre de ne plus harceler l’Eglise, «il arrive parfois que l’on confie l’exécution de ces ordres à des fonctionnaires locaux qui souffrent encore d’une très grande étroitesse d’esprit».

Environ la moitié des 11 millions de citoyens cubains sont catholiques romains, bien qu’un petit pourcentage d’entre eux fréquente régulièrement les églises. Environ 3% des Cubains sont protestants – membres des Eglises baptiste, méthodiste, presbytérienne, pentecôtiste et nazaréenne – .Un grand nombre de Cubains suivent également des rites afro-cubains, comme la Santeria.

Reconnaissance pour les actes de solidarité de Cuba

Lors de son arrivée à Cuba le 9 octobre, le pasteur Raiser avait déclaré que sa visite avait pour but d’exprimer «sa reconnaissance et son admiration pour les actions de solidarité manifestées à travers le monde par Cuba, les Eglises cubaines et le peuple cubain».

«La solidarité pour vous n’est pas un simple slogan politique, mais une expression réelle de l’aide que, durant de nombreuses années, vous avez apportée aux peuples d’Afrique et plus récemment aux peuples d’une Amérique centrale dévastée par l’ouragan Mitch», a-t-il dit aux responsables d’Eglise et représentants du gouvernement venus accueillir la délégation à l’aéroport José Marti. «Je sais qu’il y a eu des avancées importantes dans les Eglises de Cuba ces dernières années, et je suis venu me rendre compte sur place de leur expérience et me faire une idée de la vie des communautés», a conclu le secrétaire général du COE. (apic/eni/ba)

17 octobre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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