Décès du Père Michel Evdokimov qui fit rayonner l’orthodoxie en France
Le prêtre orthodoxe Michel Evdokimov, grand lettré et musicien de la diaspora russe, est décédé le 1er juillet 2025 à l’âge de 94 ans, à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne (France). Engagé en œcuménisme, il a œuvré au rayonnement de l’orthodoxie dans l’hexagone, suivant les traces de son père.
Michel Evdokimov est né le 19 septembre 1930 à Menton. Fils du grand théologien de l’émigration russe Paul Evdokimov, il a lui-même embrassé la passion de son père pour son Église, devenant à son tour théologien sur le tard, puis archiprêtre orthodoxe. Il a aussi été un homme de lettres et un musicien. Ses funérailles seront célébrées à Paris le 8 juillet 2025.
Un homme qui aimait transmettre
Professeur agrégé d’anglais à l’École alsacienne puis, professeur de Littérature comparée (française, anglaise et russe) à l’Université de Poitiers pendant 27 ans, Michel Evdokimov a soutenu un doctorat sur Khomiakov et les slavophiles en 1981. Après sa retraite, il a aussi enseigné au Collège des Bernardins. Car Michel Evdokimov a consacré aussi la majeure partie de sa vie à transmettre la foi et la tradition orthodoxe en Occident.
Avec l’aide, entre autres, de son Père Paul Evdokimov, il crée dans les années 1960 la paroisse francophone de la Sainte-Trinité, dans la crypte de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski de Paris. «Il y dirigera son chœur pendant près de vingt ans. Sa connaissance de la musique (il a été l’un des chanteurs du fameux quatuor Kedroff dans les années 50), lui permet de faire un gros travail afin d’adapter les textes et les mélodies liturgiques en français», précise le site qui lui est dédié.
Un prêtre tourné vers l’avenir
C’est lors de son premier voyage en Russie, qu’il découvre sa vocation. Il est ordonné prêtre en 1981 dans l’archevêché des Églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale. De nombreux orthodoxes de la région de Paris ne pratiquant plus faute d’église, il fondera deux autres paroisses dans les environs de la capitale, suivant là aussi les pas de son père.

«Pour mon père, déclare-t-il dans une interview publiée sur le même site, la Révolution avait tourné une page d’Histoire. Il fallait regarder vers l’avenir et ne pas rêver, ne pas rêver en particulier d’un impossible retour en Russie, comme faisaient tant de Russes ’émigrés de l’intérieur’, comme on les appelait. Il croyait que les orthodoxes qui avaient dû fuir la Russie avaient une mission en Occident. C’était un point de vue que partageaient le Père Boulgakov, Berdiaev, Vladimir Lossky, Mère Marie Skobtsov… toute une mouvance de l’émigration russe qui voyait dans l’exil l’empreinte de la Providence, une occasion voulue par Dieu de faire connaître en Occident la Tradition orthodoxe, sans aucune intention prosélyte.»
Un témoin de la foi orthodoxe
Son travail missionnaire, le Père Michel Evdokimov l’a aussi développé en écrivant de nombreux ouvrages accessibles au plus grand nombre et en s’engageant dans les médias. Co-fondateur et directeur du Service orthodoxe de presse, membre de la rédaction de la revue de spiritualité orthodoxe Contacts, il participait régulièrement en outre à des émissions de radio et de télévision, notamment dans l’émission Orthodoxie et sur la chaîne KTO. Il a aussi été membre du comité directeur de l’association Action chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) pendant de nombreuses années.
En plus de son activité pastorale, le Père Michel Evdokimov était engagé dans le mouvement œcuménique, travaillant à l’unité panorthodoxe. Il a été à l’origine de la création de l’Assemblée des évêques orthodoxes en France (AEOF) dont il a été le secrétaire pendant de nombreuses années.
Pour son gendre Alexandre Belopopski, Michel Evdokimov était «un passeur» désireux de créer des ponts. Dans un article au journal La Croix, il le décrit comme un «penseur original», «libre» et «indépendant». «Son grand ancrage dans la culture française ainsi que son enracinement dans la tradition spirituelle russe, sans oublier sa grande culture littéraire, le rendaient unique et lui donnaient une largeur de vue.»
Un père de famille affectueux
Celui qui était aussi marié, père d’une fille et quatre fois grand-père est décrit par son entourage comme quelqu’un de «très affectueux». «Il a su transmettre sa culture et sa spiritualité à sa famille avec beaucoup de finesse», salue encore son gendre. (cath.ch/lb)