Une église en Syrie, telle que celles incendiées par l'EI le 24 février 2015 (Photo:Hovic/Flickr/BY-NC-SA 2.0)
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Des églises assyriennes brûlées par l'Etat islamique

Hassaké, 25 février 2015 (Apic) L’Etat islamique (EI) a brûlé des églises assyriennes au nord-est de la Syrie, assurent le 24 février 2015 des sources locales. Après l’attaque par les djihadistes d’une vingtaine de villages et l’enlèvement de plus de 100 chrétiens assyriens, des voix critiques s’élèvent contre certaines options stratégiques occidentales.

De 120 à 140 chrétiens assyriens sont actuellement otages des djihadistes qui ont attaqué, dans la nuit du 22 au 23 février, un grand nombre de villages le long de la rivière Khabur, dans le nord-est de la Syrie, a confirmé à l’agence d’information vaticane Fides Mgr Jacques Behnan Hindo, archevêque syro-catholique d’Hassaké-Nisibi. Les otages vivaient tous dans les villages de Tel Jazira, Tel Shamiram et Tel Gouram. L’abbé Emanuel Youhana, qui travaille pour les chrétiens persécutés dans la région, a averti l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en détresse» (AED) l’arrivée massive de réfugiés chrétiens dans sa localité, rapporte le journal britannique «The Catholic Herald». Selon l’ecclésiastique, la plus grande partie des familles assyriennes ont réussi à rejoindre Hassaké, la principale ville de la région, sous contrôle kurde.

Les églises des deux villages de Tel Shamiram et de Tel Hormuz auraient été incendiées par les djihadistes.

L’EI cherche de nouveaux territoires à conquérir

Mgr Hindo confirme également que la plupart des habitants des 22 villages de la rive est du Khabur ont été évacués, et que plus de 1’000 familles chrétiennes assyriennes et chaldéennes ont fui en direction des plus grands centres.

Même si les chiffres varient selon les sources, plusieurs membres des milices assyriennes de défense seraient morts lors de l’offensive djihadiste.

Pour l’archevêque syro-catholique, les djihadistes ont lancé l’offensive dans la région du Khabur afin de trouver de nouveaux espaces et des voies de fuite, afin de compenser les pertes de territoire subies autour de la ville kurde de Kobane et de leur bastion, Raqqa. L’abbé Youhana expose le même point de vue, précisant que l’EI a tiré avantage du fait que les peshmergas kurdes étaient partis combattre dans d’autres zones, notamment à la frontière syro-irakienne.

La responsabilité de l’Occident

Mgr Hindo réaffirme, de manière générale, «les graves responsabilités de l’Occident dans le déclenchement des conflits qui bouleversent actuellement le Moyen-Orient». L’archevêque explique à l’agence Fides que «par leurs politiques malheureuses, les Occidentaux – en particulier les Français et les Américains, avec leurs alliés régionaux – ont favorisé de facto la montée en puissance de l’EI. «Maintenant, ils persévèrent dans l’erreur, commettant des fautes stratégiques grotesques telles que l’annonce d’une campagne de printemps visant à libérer Mossoul. De plus, ils s’obstinent à mener des interventions sans importance, au lieu de reconnaître que le soutien apporté aux groupes djihadistes nous a conduit à ce chaos qui a détruit la Syrie, nous faisant régresser de 200 ans».

John Michael, un membre du Mouvement démocratique assyrien au Royaume-Uni, souligne au «Catholic Herald» que les assyriens ne reçoivent aucun soutien occidental, contrairement au gouvernement irakien, aux peshmergas kurdes et aux milices chiites. «Un nouveau génocide se déroule devant nos yeux et le monde reste silencieux à la tragédie des chrétiens assyriens innocents», dénonce-t-il.

(apic/fides/cathher/rz)

Une église en Syrie, telle que celles incendiées par l'EI le 24 février 2015
25 février 2015 | 15:17
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Etat islamique (138), Irak (315), Persécutions (26), Syrie (436)
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