Sri Lanka: Des extrémistes bouddhistes ont attaqué des églises chrétiennes à Hikkaduwa
Des moines bouddhistes à la tête des assaillants
Colombo, 14 janvier 2014 (Apic) Des extrémistes bouddhistes cinghalais ont attaqué durant le culte dominical, le 12 janvier dernier, deux églises chrétiennes à Hikkaduwa, lieu touristique du sud du Sri Lanka, a-t-on appris le 14 janvier auprès de sources chrétiennes à Colombo. Les assaillants, incités par des moines bouddhistes, ont attaqué deux églises indépendantes, la Calvary Free Church et les Assemblées de Dieu, dans cette ville de la côte.
Une foule de quelque 200 personnes conduite par des moines a saccagé les lieux de culte et tenté de les incendier, selon les représentants du clergé. Ces derniers temps, les observateurs constatent une montée du nationalisme au sein de la population bouddhiste cinghalaise du Sri Lanka et une recrudescence de l’intolérance à l’égard des minorités.
Les assaillants guidés par les moines voulaient faire fermer ces églises indépendantes, prétextant qu’elles n’avaient pas la permission des autorités. Ils ont lancé des pierres et des briques, et repoussé les forces de police. Après avoir détruit portes et fenêtres, ils ont fait irruption dans les édifices religieux et ont mis le feu à des symboles religieux, brûlant des livres de messe et des Bibles. Selon la BBC, la police, qui a été débordée par la foule, a identifié en vue d’arrestation 24 personnes impliquées dans les émeutes, dont huit moines bouddhistes.
Musulmans et chrétiens dans le collimateur
Des groupes bouddhistes radicaux, dont le parti Bodu Bala Sena (Bbs) et le Sinhala Ravaya, se donnent pour mission de «protéger» la foi religieuse de leurs coreligionnaires, qui serait mise en danger par les minorités. Ils sont responsables de plusieurs agressions contre les musulmans et les chrétiens.
Sur une population de 21,6 milions d’habitants, 73,8% sont d’ethnie cinghalaise. La religion officielle est le bouddhisme, pratiqué par le 68% de la population. Les hindous, essentiellement des Tamouls, sont 13,1%, les musulmans 9,6% et les chrétiens 8,8%.
Selon l’ONG de défense des chrétiens «Portes Ouvertes», le Sri Lanka est situé au 29e rang de son «Index de persécution mondiale 2014». L’organisation relève qu’il n’est pas rare que des pasteurs et membres d’églises se fassent agresser par des bouddhistes extrémistes dans les campagnes. «Au niveau national, il existe une vraie propagande antichrétienne de la part de certains moines qui cherchent à limiter les activités des églises. Ils essaient par exemple de faire voter des lois sur la pollution sonore qui interdit l’utilisation de systèmes de sonorisation».
L’adhésion au bouddhisme et à ses valeurs est encouragée par le gouvernement. La Constitution lui accorde «le premier rang» en matière de religion, tout en assurant la liberté religieuse à toutes les autres religions, précise «Portes Ouvertes», mais dans la pratique, «les chrétiens sont néanmoins la cible d’hostilités aux motifs nationalistes et religieux».
Sus au prosélytisme
Au sein des nationalistes bouddhistes, le parti Bodu Bala Sena en est progression. La plupart de ses membres sont des moines bouddhistes. Depuis 2013, ils ont commis plusieurs attentats sanglants contre des minorités religieuses. Ils veulent restreindre la construction d’églises et rendre la conversion des bouddhistes à une autre religion répréhensible. Au niveau local, ils entravent la mise en œuvre de toute activité chrétienne.
Alarmés par le nombre croissant des chrétiens issus du bouddhisme, ils mettent le gouvernement sous pression pour qu’il adopte une loi anti-conversion interdisant l’évangélisation. Une telle loi a déjà été proposée au Parlement. «Les protestations de la part d’organisations internationales et chrétiennes, ainsi que d’églises nationales, note ‘Portes Ouvertes, ont contribué au fait qu’elle n’a pas été votée à ce jour». (apic/asian/po/be)