Fribourg: Le Carmel du Pâquier, en Gruyère, fête son 75e anniversaire

Des religieuses contemplatives au cœur du monde

Le Pâquier, 30 mars 2011 (Apic) Offrant une vue imprenable sur la plaine, face à la Dent de Broc et au bourg médiéval de Gruyères, le Carmel du Pâquier fête cette année son 75e anniversaire. Ce monastère situé sur le haut de la commune du Pâquier-Montbarry, près de Bulle, abrite une communauté de 17 sœurs pleines de vitalité et ouvertes au monde. Leur moyenne d’âge est de 54 ans, tandis que deux jeunes (24 et 25 ans) y font leur noviciat et une autre est en «stage». Le Carmel accueillait la presse mercredi 30 mars pour présenter la communauté à l’occasion de cette année jubilaire.

«Nous sommes des femmes du XXIe siècle, insérées dans la société d’aujourd’hui. Nous cherchons un équilibre entre la vie en communauté et la vie en solitaires… en fait, nous sommes des ’ermites en communauté’», lâche tout sourire Sœur Véronique, prieure du Carmel de la Vierge Immaculée et de Saint Joseph. Et la religieuse d’origine jurassienne d’insister: «Les murs se sont un peu abaissés, les grilles ont disparu, nous sortons davantage! Nous essayons de former des femmes debout, matures, adultes». Et pour cela, il faut de la patience, et surtout de la confiance!

Les sœurs du Pâquier se sont depuis longtemps mises à l’heure des courriels et d’internet, et elles sont au fait de l’actualité. Elles ont un poste de télévision, pour voir le pape à Pâques et à Noël, et certaines l’allument le soir des élections. Le plus souvent, c’est pour visionner des vidéos. Elles lisent aussi les journaux.

«Désormais présentes au Salon Suisse des Goûts et Terroirs à Bulle»

Désormais présentes au Salon Suisse des Goûts et Terroirs à Bulle, pour y vendre ce qui les fait vivre – de succulents biscuits – les sœurs carmélites sont bel et bien de ce temps. «Au Salon des Goûts et Terroirs, les gens étaient surpris, beaucoup venaient voir si nous étions de vraies sœurs», plaisante Sœur Véronique.

«Quand je viens célébrer la messe au Carmel, confirme Mgr Rémy Berchier, je suis impressionné de les voir si souriantes, pas du tout ’coincées’, témoins de l’amour de Dieu». Le vicaire général du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg relève le nombre considérable de personnes qui viennent sonner à la porte du monastère, pour porter leurs intentions de prière ou passer quelques jours dans ce lieu d’écoute et d’aide, «de silence et de désert».

«La communauté a un grand impact dans ce coin de terre»

Les enfants et les jeunes y sont chaleureusement accueillis, que ce soit des premiers communiants ou des confirmands. «La communauté a un fort impact dans ce coin de terre. Les sœurs ont un grand rayonnement en Gruyère et dans tout le canton… Elles portent le monde dans leur prière, elles sont au fait de ce qui se passe dans la société! Les gens d’ici les connaissent et apprécient leur présence et leur témoignage», poursuit Mgr Rémy Berchier.

Sœur Elisabeth, 1ère conseillère et maîtresse des novices, rappelle que les religieuses – venues des cantons de Fribourg, du Valais, du Jura, de Suisse alémanique, voire d’Allemagne et du Vietnam – sont ici en raison d’un appel de Dieu qui a résonné au fond de chacune d’entre elles. «Le Christ nous dit: ’viens et suis-moi… Nous sommes là par gratuité, mais nous ne sommes pas étrangères au monde, il est au centre de notre prière».

Issues des ermites du Mont Carmel

Les sœurs ont deux heures par jour d’oraison personnelle, une heure le matin et une heure le soir, dans leur cellule. «Le travail quotidien nous oblige à communiquer, mais n’oublions pas que nous sommes issues des ermites du Mont Carmel, en Terre Sainte…» Chaque année, les religieuses du Pâquier vivent un temps de retraite et de ressourcement. «Nous sommes des sœurs vivant fraternellement en communauté, avec des temps de solitude. Le centre de notre règle, le cœur de notre vie, c’est la Parole de Dieu».

Mais les carmélites sont aussi au cœur de la société, de ses petits et de ses grands drames: «Les gens nous appellent, nous confient leurs soucis, souvent de manière très concrète, en cas de problèmes familiaux, de divorce, de conflits… Le carmel est un lieu où l’on peut se confier, où les soucis sont portés devant Dieu dans la prière…»

L’aide précieuse de l’Association des Amis du Carmel

La communauté, pour se financer, ne peut plus compter sur ses anciennes activités comme la confection de drapeaux pour les sociétés ou la broderie de trousseaux. «Et contrairement à ce que certains pensent, nous n’avons jamais reçu un centime de l’évêché et encore moins de Rome!», lance la prieure. Aujourd’hui, les sœurs vivent notamment des revenus de leur biscuiterie, leur principale source financière, mais également de leur jardin potager, de la fabrication de bougies et de figurines en jute. Les carmélites lavent également le linge des chartreux de la Valsainte.

Présidée par la conseillère d’Etat Isabelle Chassot, Mgr Berchier étant le vice-président, l’Association des Amis du Carmel a déjà fourni une aide de près de 500’000 francs, y compris un emprunt de 170’000 francs.

Cette association fondée en 2007, souligne Isabelle Chassot, aide la communauté qui est placée devant des obligations qui dépassent ses moyens, notamment en ce qui concerne l’entretien des bâtiments, leur isolation (il arrive qu’il fasse 13° le matin dans le bureau de la prieure!) et les problèmes d’eau potable (mise aux normes sanitaires pour la production des biscuits destinés à la vente). Ainsi la réalisation d’une biscuiterie digne de ce nom a été financée pour un montant de 340’000 francs. Les Amis du Carmel recrutent également des membres, qui étaient 250 en 2007, 400 en 2008, 480 en 2009, 520 en 2010 et déjà 570 en 2011. La présidente souhaiterait, en cette année jubilaire, augmenter encore le nombre des sympathisants, car d’autres travaux, comme l’isolation du bâtiment, représentent des coûts très élevés que les sœurs ne peuvent payer à elles seules. Cf.www.carmel-lepaquier.com

#Encadré

Lully, première fondation des carmélites en Suisse

La première fondation des carmélites en Suisse date de 1922, à Lully, dans la Broye. Mais après diverses péripéties, le monastère est transféré au Pâquier, en Gruyère, en 1936. Admirablement situé face aux Préalpes fribourgeoises, le monastère jouit d’un beau rayonnement: beaucoup de jeunes et d’autres personnes fréquentent la maison d’accueil. Les sœurs vivent de leur travail : fabrication de biscuits, décoration de bougies, confection de figurines, alternant avec les tâches ménagères et l’entretien du jardin potager. Un autre carmel existe en Suisse romande, celui Notre-Dame de la Solitude, à Develier, dans le Jura. En Suisse, on trouve encore un carmel au Tessin. (apic/be)

30 mars 2011 | 17:18
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 5 min.
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