Deux cent mille personnes à la messe d’inauguration du pontificat
À Rome, 200’000 personnes sont venues assister à la messe d’inauguration du pontificat de Léon XIV indique le Saint-Siège à la fin de la célébration, ce 18 mai 2025. Le pape a promu une Église «signe d’unité» pour «un monde réconcilié»
«Avec crainte et tremblements, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie», a déclaré le pape Léon XIV lors de la messe d’ouverture de son pontificat, célébrée le 18 mai 2025 sur la place Saint-Pierre, sous le soleil. Durant cette liturgie, le nouvel évêque de Rome a notamment reçu le pallium et l’anneau du pêcheur, symboles de sa nouvelle responsabilité de successeur de Pierre. Avec solennité et gravité, et avec une émotion palpable, le nouveau pape a présidé cette messe concélébrée par environ 200 cardinaux et 750 évêques et prêtres. Des représentants politiques de plus de 150 pays ont également assisté à cette célébration.
Heureux de pouvoir accompagner le pape
Dès les premières lueurs du jour, la place Saint-Pierre s’est remplie d’une dense foule de fidèles venus saluer leur nouveau pape. Originaires de tous les continents, des religieuses, prêtres et laïcs de tous âges, arborant fièrement leurs drapeaux nationaux, ont patienté sous un soleil éclatant pendant plusieurs heures. Certains ne sont pas parvenus à gagner la place et ont dû se résoudre à suivre la messe depuis les artères attenantes, notamment la Via della Conciliazione.
Dans l’assemblée se trouvaient de nombreux participants de pèlerinages diocésains organisés à l’occasion de l’Année sainte, mais aussi des représentants de confréries, ces organisations de laïcs très présentes dans le sud de l’Europe. Fabrizio, un représentant de la «Vénérable archiconfraternité des Saints Ambroise et Charles de la nation lombarde à Rome», expliquait que son organisation a participé à l’accueil de nombreux confrères et consœurs venant de divers pays ces derniers jours. «Nous sommes heureux de pouvoir accompagner le pape Léon à l’occasion de cette inauguration historique, c’est une grande chance», confiait-il.
Peu après 9h, Léon XIV est finalement apparu sur la place à bord d’une papamobile, provoquant une grande liesse dans la foule. Bénissant des enfants, saluant ceux qui l’acclamaient, le pontife a vécu son premier bain de foule, durant une vingtaine de minutes. Il est également entré en territoire italien pour effectuer un aller-retour sur la Via della Conciliazione, avant de regagner la basilique.
Plus de 150 pays représentés
Les chefs d’États et responsables politiques se sont installés sur le parvis de la basilique pendant l’heure précédant le début de la messe. Comme de coutume, l’Italie était massivement représentée, notamment par le président de la République Sergio Mattarella et la présidente du Conseil Giorgia Meloni, mais aussi par les anciens chefs du gouvernement Matteo Renzi, Paolo Gentiloni ou encore Enrico Letta.
Les États-Unis, pays natal du pape, étaient représentés par le vice-président J.D. Vance et par le secrétaire d’État Marco Rubio, qui s’est adonné à quelques selfies avec d’autres officiels présents sur le parvis. Le Pérou, pays dont le pape a obtenu la nationalité en 2015 afin de pouvoir exercer sa charge d’évêque de Chiclayo en vertu du Concordat local qui réserve l’épiscopat aux seuls ressortissants péruviens, était représenté par la présidente Dina Boluarte et les principales autorités civiles et militaires du pays andin.
Tout comme lors des obsèques du pape François, l’arrivée du président ukrainien Volodymyr Zelensky a été particulièrement remarquée. Le président israélien Isaac Herzog, dont la présence pourrait marquer un rapprochement entre Israël et le Saint-Siège et poser un jalon en vue d’un potentiel voyage du pape en Terre sainte, était assis devant le Premier ministre français François Bayrou. L’Arabie saoudite et le Vietnam, pays qui n’entretiennent pas encore de relations diplomatiques officielles avec le Saint-Siège, avaient envoyé des représentants.
Une liturgie conduite avec gravité et émotion
C’est au son des trompettes et de l’hymne «Christus vincit, Christus regnat» que le nouveau pape est descendu sous l’autel de la Confession, situé à l’intérieur de la basilique. Comme c’est la tradition pour chaque ouverture de pontificat, Léon XIV a prié sur l’emplacement du tombeau de l’apôtre Pierre, entouré par les archevêques majeurs et patriarches orientaux en communion avec Rome. Précédé par les cardinaux et patriarches, le pape est ensuite sorti en procession vers le parvis, au rythme de la litanie des saints, pour y célébrer la messe devant plus de 100’000 fidèles.
Le pape de 69 ans, souriant au début de la messe, a présidé la suite de cette liturgie avec sérénité et concentration. Après la proclamation de l’Évangile en latin puis en grec, il a reçu le pallium et l’anneau du pêcheur, insignes de sa charge comme successeur de Pierre.
L’émotion du pape
C’est finalement le cardinal italien Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie – et non le cardinal français Dominique Mamberti comme précédemment annoncé -, qui a remis au pape le pallium, cette écharpe de laine faisant référence au pasteur veillant sur ses brebis. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a ensuite prononcé une prière de bénédiction au nom des cardinaux-prêtres, avant que le cardinal philippin Luis Antonio Tagle ne lui remette l’anneau du pêcheur, sous les applaudissements de la foule.
Il a ensuite reçu le salut personnel de douze «représentants du peuple de Dieu», parmi lesquels deux couples et trois cardinaux, venus lui manifester leur promesse d’obéissance. Le pape, qui a échangé quelques mots avec chacun, a montré un visage très ému, tout comme lors de sa première apparition à la loggia de la basilique Saint-Pierre le 8 mai.
«choisi sans aucun mérite»
Dans son homélie, sobre et prononcée en italien, le pape est revenu sur «le moment particulièrement intense» vécu par les cardinaux et sur l’expérience récente du conclave. «Issus d’histoires et de parcours différents, nous avons remis entre les mains de Dieu le désir d’élire le nouveau successeur de Pierre, l’évêque de Rome, un pasteur capable de garder le riche héritage de la foi chrétienne et, en même temps, de jeter son regard au loin pour répondre aux questions, aux inquiétudes et aux défis d’aujourd’hui», a déclaré celui qui était encore, jusqu’au 8 mai dernier, le cardinal Robert Francis Prevost.
«Accompagnés par votre prière, nous avons senti l’action de l’Esprit Saint qui a su accorder les différents instruments de musique en faisant vibrer les cordes de nos cœurs en une mélodie unique», a déclaré le nouveau pape, confiant avoir été «choisi sans aucun mérite».
«Avec crainte et tremblements, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie, en marchant avec vous sur le chemin, de l’amour de Dieu, qui veut que nous soyons tous unis en une seule famille», a déclaré Léon XIV sous les applaudissements. Il a articulé son homélie autour des deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus «Amour et Unité».
Le désir d’une Église unie
Il a assuré que la charité devait orienter le service du successeur de Pierre. «Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir, mais toujours et uniquement d’aimer comme Jésus l’a fait», a-t-il martelé. Il a dit son désir de voir «une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié».
«À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres», a regretté le pontife américano-péruvien, avec des accents proches de ceux développés par le pape François durant ses douze années de pontificat.
L’heure de l’amour
Il a indiqué vouloir témoigner de la «proposition d’amour» du Christ «avec les Églises chrétiennes sœurs, avec ceux qui suivent d’autres chemins religieux, avec ceux qui cultivent l’inquiétude de la recherche de Dieu, avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour construire un monde nouveau où règne la paix».
«Frères et sœurs, c’est l’heure de l’amour», a martelé Léon XIV. «Ensemble, comme un seul peuple, comme des frères, marchons vers Dieu et aimons-nous les uns les autres», a–t-il exhorté. (cath.ch/imedia/cv/rz)
Depuis la Loggia de la basilique Saint-Pierre de Rome, le cardinal Dominique Mamberti a annoncé l’élection du cardinal américain Robert Francis Prevost, le 8 mai 2025. Le 267e pape de l’histoire a pris le nom de Léon XIV.