Fribourg: Installation des reliques de saints Charbel et Nicolas de Flüe à St-Justin

Deux ermites, artisans de paix et bâtisseurs de ponts

Fribourg, 6 novembre 2011 (Apic) Des reliques des saints Nicolas de Flüe et Charbel Makhlouf ont été installées, dimanche 6 novembre, à la Chapelle de St-Justin à Fribourg. Cet acte est le fruit d’une amitié entre Nabih Yammine, fondateur de Solidarité Suisse-Liban, et Marco Cattaneo, directeur de l’œuvre Saint-Justin.

Deux hommes séparés par quatre siècles et des milliers de kilomètres – autant dire par deux mondes totalement différents – ont ainsi été réunis pour perpétuer, depuis Fribourg, le message de paix qu’ils ont prôné durant toute leur vie. Ces deux ermites ont connu, de leur vivant comme depuis leur mort, un immense rayonnement dans leur pays et bien au-delà des frontières. D’artisans de paix, ils sont devenus bâtisseurs de ponts, respectivement dans un Proche-Orient déchiré par des persécutions interethniques et dans une Confédération helvétique menacée de profondes divisions.

La chapelle Notre-Dame du Bon Conseil, à St-Justin, était pleine, ce dimanche, pour cette cérémonie présidée par l’abbé Pascal Burri, curé modérateur de l’Unité pastorale Ste-Thérèse – St-Laurent, en compagnie de six autres prêtres et un diacre, amis de St-Justin. Ils étaient près d’une centaine de fidèles, dont le conseiller national Dominique de Buman et le syndic de Fribourg Pierre-Alain Clément à assister à cette messe suivie d’une cérémonie d’installation des reliques dans un nouvel autel latéral, dédié à Nicolas de Flüe et à Charbel Makhlouf.

Dans son homélie, l’abbé Burri a souligné que les deux saints du jour avaient «les deux pieds sur terre et la tête dans le ciel». «Ils étaient au cœur des préoccupations de leur pays». Le prêtre les a présentés comme «des éveilleurs d’âme qui ont su garder leur lampe allumée». Il a souhaité que saint Nicolas et saint Charbel, «qui ont mené une vie active et contemplative à la fois, nous aident à ne jamais être des gens installés, mais des gens en marche».

Les reliques, enfermées dans un coffret, sont issues des ossements des deux saints. Nabih Yammine s’est rendu lui-même au couvent de Saint Charbel, au Liban, pour prendre possession de la relique de son compatriote. L’opération de prélèvement d’un bout d’ossement a été effectuée par un corps médical spécialisé. Et pour Saint Nicolas de Flüe, c’est à Marco Cattaneo qu’a été remis un fragment d’os, à l’église de Sachseln où repose le corps de «Bruder Klaus».

Un immense charisme de guérison des blessures

Dans son discours de présentation de Saint Charbel, Nabih Yammine a insisté sur le rayonnement du saint patron du Liban. Frappé à deux ans par la douleur de la persécution qui a coûté la vie de son père, il assistera impuissant aux massacres des chrétiens du Liban par les Ottomans qui occupaient le pays depuis 400 ans. Charbel Makhlouf développera de ces douloureuses expériences un immense charisme de guérison des blessures, de l’âme tout comme du corps. Près de 150’000 lettres attestant de ce charisme sont actuellement recensées au couvent de Saint Charbel et 56 cas de guérisons miraculeuses sont attestés par des hôpitaux musulmans des pays arabes. Actuellement, la seule diaspora libanaise compte 127 églises portant le nom de l’ermite Charbel.

«La Suisse et le Liban, saint Nicolas de Flüe (»Bruder Klaus») et saint Charbel (Mar Charbel), le sapin et le cèdre, le Ranft et Annaya. Devenir et être messagers d’une mission divine qui consiste à guérir les hommes et à bâtir la paix. Notre Terre menacée a besoin d’union, de veilleurs de nuit, de phares qui rassurent les barques à la dérive dans les mers déchaînées, a devisé Nabih Yammine. C’est pourquoi toute une communauté s’est mise à l’ouvrage pour installer les reliques de ces deux ermites de la paix».

Encadré

Nicolas et Charbel rejoignent Justin, Monique et Rita

La chapelle de St-Justin a été construite au début du XXe siècle pour les sœurs du Cénacle et placé sous la protection de Notre-Dame du Bon Conseil. En 1927, l’abbé François Charrière, futur évêque du diocèse, choisit saint Justin comme patron de son œuvre, dont la principale mission est l’accueil d’étudiants universitaires étrangers. Dans les années 1960, les Pères Augustins transforment la chapelle et y réservent une place aux saints protecteurs de l’institution: Justin, Monique (vitraux) et Rita (autel latéral).

La chapelle est un lieu de célébration et de pèlerinage. La messe quotidienne y est célébrée tous les matins à 7h, en présence d’une dizaine de fidèles. La messe du dimanche, à 10h, en accueille 30 à 60. Chaque dimanche soir à 17h30, une vingtaine de personnes se réunissent pour l’adoration du Saint Sacrement et la prière du chapelet.

L’autel de sainte Rita attire de très nombreux croyants. Lors de la fête de la sainte, le 22 mai, quelque 400 pèlerins de toute la Suisse affluent à la chapelle de St-Justin. (apic/bb)

Encadré

Vénéré par les chrétiens et les musulmans

Le Libanais Charbel Makhlouf est né le 8 mai 1828, à Bekaa Kafra. Il a été baptisé sous le nom de Joseph. A l’âge de 13 ans, il entre dans l’ordre libanais de St Antoine à Maifouq. Il prononce ses vœux en 1851, au couvent de St Maroun. Il est ordonné prêtre en 1859 et vit en ermite dans les montagnes, près du couvent Saints Pierre-et-Paul. Il meurt à Noël, durant la célébration de l’eucharistie, le 24 décembre 1898, à Annaya.

Ce moine, savant en théologie, s’est distingué par sa ferveur dans la prière, les études, l’amour du prochain et l’obéissance, indiquent le Père Josef Banz et Nabih Yammine, dans le fascicule de présentation de l’installation des reliques. Saint Charbel Makhlouf a mené une vie radicalement vouée à la pauvreté en l’honneur de Dieu. Il est vénéré au Liban, autant par les chrétiens que par les musulmans, comme un moine à l’origine de miracles et promoteur de la paix. Il est canonisé le 9 octobre 1977 par le pape Paul VI. L’Eglise catholique fête St Charbel le 24 juillet.

Encadré

«Bruder Klaus», saint patron de la Suisse

Nicolas de Flüe, communément appelé «Bruder Klaus» (»Frère Nicolas»), est né en 1417, à Flüeli près de Sachseln, dans le canton d’Obwald. Marié à Dorothea Wyss, il est père de 10 enfants, paysan, conseiller d’Etat et juge au pays d’Obwald. Mais c’est au moment où il se retire en ermite que son rayonnement prend une dimension nationale. Influencé par la spiritualité du monastère bénédictin d’Engelberg, il mène une vie d’ermite au Ranft, près du Flüeli.

Le précepte «la paix est toujours en Dieu», qu’il avait donné au prêtre Heimo Amgrund à l’intention de l’Assemblée des Etats, réunie le 22 décembre 1481, semble avoir sauvé la Confédération helvétique à un moment où elle était sérieusement menacée de division. Le «Stanser Verkommnis» (»Convenant de Stans») qui a été signé le même jour, est encore considéré de nos jours comme une importante base de paix.

Nicolas de Flüe meurt le 21 mars 1487. Il est canonisé par le pape Pie XII, le 15 mai 1947. Il est le premier témoin canonisé depuis la fondation de la Confédération et considéré comme le saint patron de la Suisse. Les catholiques le fêtent le 25 septembre, et les protestants le jour de sa mort, le 21 mars. (apic/bb)

Note aux abonnés: des images de cette cérémonie peuvent être commandées à apic@kipa-apic.ch. Prix pour publication: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

6 novembre 2011 | 16:57
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 5 min.
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