Deux jeunes Romands, deux chemins vers l’amour du Christ
Aurélien et Camille sont deux trentenaires de Suisse romande qui ont fait le pèlerinage jubilaire des jeunes à Rome. Tous deux ont vécu une «plongée» tardive dans la foi, suite à un parcours très différent.
Elle est investie dans le développement personnel, croit aux vies antérieures, pratique l’astrologie, communique avec les âmes, la nature, les animaux. Lui est informaticien détenteur d’un master en droit, qui croit en la raison et la philosophie, adepte de la messe tridentine. Deux profils de jeunes qui ne se ressemblent pas, mais qui se rassemblent dans la même foi fervente et profonde.
Camille et Aurélien se sont côtoyés lors du pèlerinage des jeunes du Jubilé qui a réuni 400 Romands, du 28 juillet au 3 août 2025 à Rome. cath.ch y a rencontré de nombreux parcours de vie et de foi. Le portail catholique a choisi d’en présenter deux d’entre eux, emblématiques de la nouvelle diversité de nos sociétés et de nos communautés ecclésiales.
Une fissure qui laisse entrer la lumière
Camille Bangerter, 30 ans, avait une vie «bien rangée». Jusqu’à la rupture avec son compagnon, après sept ans de vie commune. «Toute la structure autour de moi s’est alors effondrée, et j’ai été très triste pendant plusieurs mois, je me sentais seule et coupable.» C’est à ce moment-là que la jeune femme habitant dans la région de Fribourg se tourne vers Dieu. «J’ai commencé à le chercher, à le ressentir, à prier, et Il a pris de plus en plus de place dans l’intimité de mon cœur.»
Retrouvez l’actu des jeunes en Eglise sur cath.ch. Abonnez-vous!
L’Église n’est pourtant pas une inconnue pour Camille. Elle est dûment passée par le baptême, la première communion et la confirmation. Malgré cela, ses parents ne sont pas pratiquants et ont été surpris lorsque leur fille leur a indiqué son intention de faire servante de messe. Une tâche qu’elle remplit régulièrement jusqu’à ses douze ans, faisant même un pèlerinage à Rome avec d’autres enfants de chœur.
«Pour moi, il n’y a pas d’incompatibilité entre mes croyances et ma foi chrétienne»
Mais même si depuis toute petite elle a été intéressée par la religion, elle fait la différence entre ce qui n’était alors qu’une croyance en l’existence de Dieu et ce qu’elle vit à présent. «Aujourd’hui, je suis profondément ancrée dans la foi et je mets Dieu au centre de ma vie», assure-t-elle.
Envahie par l’amour de Dieu
Un an et demi après sa rupture, alors qu’elle reprend contact avec Dieu, la Fribourgeoise retourne à la messe, tout d’abord à l’Abbaye d’Hauterive, sur les bords de la Sarine. Elle décide d’effectuer une retraite dans le monastère cistercien. «À la base, je cherchais simplement le silence et à me retrouver moi-même dans les moments difficiles que je vivais. Mais, là-bas, j’ai ressenti de plus en plus fort la présence de Dieu, jusqu’à me sentir totalement envahie par son amour. C’était incroyable!»
Cette rencontre intérieure la pousse à se réaliser plus pleinement, notamment dans sa vie professionnelle. Six mois après sa retraite à Hauterive, elle pose sa démission en tant que travailleuse sociale et se met à son compte. Aujourd’hui, elle fait de l’accompagnement social et spirituel, propose des soins énergétiques de personnes et de lieux. «Tout cela avec Dieu», précise-t-elle.
Une catholique un peu différente
Camille est consciente que ses activités n’ont pas forcément bonne presse dans l’Église catholique. «C’est vrai que je suis une catholique un peu différente, je ressens quand je parle avec les autres qu’il y a parfois une certaine incompréhension. Mais pour moi, il n’y a pas d’incompatibilité entre mes croyances et ma foi chrétienne. Nous pouvons tous avoir une approche différente de la vie, du monde, de Dieu, ce n’est pas un problème pour moi, je trouve même que c’est une richesse. Le principal est de pouvoir en parler ensemble sereinement, nous écouter en acceptant nos avis et nos expériences.»
Le dieu des parents
Aurélien Hamouti, aujourd’hui âgé de 33 ans, s’est également interrogé sur Dieu dès l’enfance. Né dans une famille protestante à Lausanne, ses parents n’ont pas voulu le baptiser, estimant que ce serait à lui de choisir son orientation religieuse à l’âge adulte. Il reçoit un enseignement biblique au sein de l’Église réformée vaudoise. «Mais déjà à l’époque, je me disais que ce n’était pas suffisant de faire comme tout le monde et de suivre la religion de mes parents, explique-t-il. Je me disais que si j’étais né en Inde, en Chine ou au Maroc, j’aurais été amené vers un autre dieu. Alors pourquoi celui que l’on me présentait était-il le bon?» Conscient de n’avoir que le temps d’une vie, Aurélien se met rapidement à chercher la vérité, «de tout mon cœur, de toute mon âme, et en allant vraiment au fond des choses».
Quête de vérité
Pour Aurélien, cette quête a deux volets: «D’une part, ma recherche est intellectuelle. Ma démarche est très philosophique, je me suis toujours efforcé de trouver la religion m’apparaissant la plus cohérente, la plus conforme à l’ordre naturel.» Une méthode qui s’impose à ce jeune homme spécialement rationnel, qui a récemment terminé des études d’informatique doublées d’un Master en droit, criminalité et sécurité des technologies de l’information à l’Université de Lausanne. «Parallèlement, ma quête est aussi spirituelle, de l’ordre du sensible, du ressenti», tient-il à préciser.
«C’est dans les églises catholiques que j’ai le plus perçu ce lien avec le Christ»
Dès son adolescence, il explore ainsi diverses spiritualités. Après s’être bien sûr intéressé au protestantisme, il effectue une retraite dans un temple bouddhiste, fait le Ramadan, va voir du côté des Églises évangéliques… «J’ai progressivement élagué, remarqué que des religions ne me convenaient pas.» Arrivant finalement au contact du catholicisme, Aurélien se rend compte des a priori qui lui viennent de sa culture protestante. «Typiquement sur la confession, j’avais cette idée que cela amenait les personnes à ne pas prendre au sérieux le péché puisque l’on pouvait aller se confesser et se faire pardonner par Dieu.» Il finit cependant par écarter ces idées reçues à force de fréquenter des catholiques et d’interroger des prêtres.
La grâce de la foi
Le ressenti influence également l’orientation du jeune Vaudois. «C’est dans les églises catholiques que j’ai le plus perçu ce lien avec le Christ.» Un aspect qui s’approfondit lorsqu’il déménage à Fribourg après ses études. Alors qu’il célèbre la chandeleur une bougie à la main, en l’église Saint-Maurice de la Cité des Zaehringen, le 1er février 2025, il reçoit «la grâce de la foi». «C’est assez difficile à décrire car c’était pour moi quelque chose de surnaturel. J’ai été mis devant un choix, et il m’est apparu comme une évidence que je devais ouvrir mon cœur à Jésus. J’ai réellement ‘plongé’ dans la foi à ce moment-là. J’ai alors trouvé la joie, l’amour de Dieu, et l’apaisement que je cherchais depuis longtemps.»
Vers le baptême
À partir de cet instant, Aurélien décide d’aller voir un prêtre pour entrer dans la communion catholique. Il le fera auprès de l’abbé Arnaud Evrat, de la Fraternité Saint-Pierre (FSSP) à Fribourg. Car depuis début 2025, le jeune informaticien a également fait la connaissance de la messe tridentine, que propose la Fraternité. «J’allais déjà depuis deux ans presque tous les dimanches à la messe, bien que n’étant pas catholique. En fréquentant le rite tridentin [pré-conciliaire, ndlr], j’ai découvert une liturgie certes ancienne, peut-être pas adaptée à tout le monde, mais que je trouve très belle, qui laisse une grande place au silence, très solennelle, et qui me permet d’avoir une profonde connexion avec Dieu.»
Aurélien a donc demandé à l’abbé Evrat de le suivre dans son parcours de préparation au baptême, qu’il devrait recevoir à Pâques 2026. (cath.ch/rz)