Romandie: Année européenne du bénévolat, dans la presse catholique aussi

Deux responsables de rédaction des bulletins paroissiaux livrent leur témoignage

St-Maurice, 17 mai 2011 (Apic) Qu’est ce qui pousse des fidèles catholiques à se lancer dans la diffusion de l’information par les médias, dans une rédaction régionale du bulletin «Paroisses Vivantes»?

Après ceux des Fribourgeois Laurent Passer et André Ryser (service Apic du 16 mai), l’Apic a recueilli le témoignage de Pierre Vianin, de Sierre, et de la journaliste Geneviève de Simone-Cornet, de Nyon.

Pierre Vianin, rédacteur responsable du bulletin l’Arc-en-Sierre

Le Valaisan Pierre Vianin a reçu de ses parents une éducation religieuse et s’est toujours mis au service de l’Eglise. Déjà enfant, il était engagé comme servant de messe, avant de devenir lecteur. Avec son épouse, il a accompagné pendant 10 ans les jeunes couples qui se préparaient au mariage. Il est depuis 2007 rédacteur responsable d’Arc-en-Sierre, le journal des paroisses catholiques de Sierre, Veyras, Miège, Venthône, Chippis, Anniviers, Chalais, Vercorin, Granges et Grône.

Apic: En quoi consiste votre engagement au service des bulletins paroissiaux?

Pierre Vianin: Mon rôle consiste à préparer, avec une équipe d’une dizaine de personnes, un journal mensuel. Nous collaborons avec les éditions Saint-Augustin qui fournissent un cadre de travail très stimulant et proposent un dossier romand que nous insérons dans notre journal.

Apic: Pourquoi avez-vous opté pour un tel engagement dans les médias?

PV: Mon engagement dans l’Arc-en-Sierre a débuté lorsque j’ai effectué une formation théologique de 3 ans, organisée par le diocèse de Sion (la F.A.M.E.: Formation aux ministères et à l’engagement en Eglise). La responsabilité du journal constituait le volet pratique de ma formation. De plus, je porte depuis toujours un grand intérêt pour l’écrit et cet engagement répondait donc également à une mgrasotivation personnelle.

Apic: Que vous apporte cet engagement?

PV: Il m’apporte de grandes satisfactions. Au niveau humain tout d’abord: notre équipe de rédaction est très dynamique et les séances se déroulent toujours dans un excellent climat de travail; c’est donc une riche expérience humaine. Et puis j’ai énormément appris sur le travail d’écriture journalistique. La rédaction d’un article et la publication d’un journal doivent répondre à des règles très précises que je ne connaissais pas du tout avant d’assumer cette fonction.

Apic: Qu’est-ce que votre engagement vous a permis de découvrir sur le journalisme?

PV: J’ai découvert que le journalisme était une courroie de transmission entre une information, un témoignage, une prise de position, etc. et un lecteur. L’avis du journaliste lui-même n’est pas très intéressant, mais la parole qu’il suscite peut se révéler forte et belle. La qualité de son écoute peut engendrer une parole vraie, un témoignage bouleversant ou une prise de position courageuse. Le journaliste est donc pour moi le metteur en scène de la parole de l’autre et, pour le journaliste chrétien, de la parole de l’Autre avec un A majuscule.

J’ai également appris, de manière plus prosaïque, que la mise en page d’un texte et la qualité des photographies ont une importance capitale. Si le contenu d’un texte est excellent, mais sa présentation médiocre, il est presque certain que le lecteur ne s’arrêtera pas sur la page et ne lira jamais l’article. La forme et le fond doivent donc être excellents pour que l’article soit intéressant… et le lecteur intéressé.

Apic: Vous touchez un «défraiement», depuis quand et comment est venue cette décision de défrayer votre activité ?

PV: Durant 3 ans, j’ai travaillé comme bénévole. Actuellement, je ne suis pas directement payé pour ce travail de rédacteur responsable, mais les rentrées financières – principalement les abonnements au journal et la publicité – nous aident à payer les frais courants, par exemple les déplacements exceptionnels ou les cours suivis par des membres du comité de rédaction organisés par les éditions Saint-Augustin. Elles permettent également d’attribuer un montant au photographe de notre journal et au rédacteur responsable. C’est donc un montant symbolique qui est plus une manière de remercier les personnes qui œuvrent de manière un peu plus importante dans le journal. Je considère donc d’abord mon activité comme un service rendu à la communauté et à mon Eglise.

Geneviève de Simone-Cornet: Professionnelle bénévole au service de Paroisses Vivantes

Journaliste RP depuis plus de 20 ans, Geneviève de Simone–Cornet a choisi de consacrer une part de son temps libre à la communication par les médias, et en particulier au bulletin «Paroisses Vivantes» dans sa paroisse de Nyon.

Apic: Pouvez-vous décrire votre engagement bénévole au service du bulletin de votre paroisse de Nyon?

Geneviève de Simone-Cornet: Je suis responsable depuis deux ans du bulletin Paroisses vivantes de la paroisse de Nyon, qui compte cinq communautés (Nyon, Gland, Crassier, Begnins et Saint-Cergue) et fait partie de l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre sainte. Le bulletin compte quatre parutions par an, en mars, juin, septembre et décembre. Outre le dossier central, fourni par l’éditeur, Saint-Augustin, il se compose de pages relatant les événements qui jalonnent la vie de l’UP et de pages donnant des nouvelles des communautés.

Je convoque et dirige les séances de rédaction, qui rassemblent le président de paroisse, la responsable de l’Equipe pastorale, le curé et des représentants des communautés. Je rédige des articles et des interviews. Je récolte les textes et les images livrés par les communautés. Je travaille les textes et mets en forme le tout avant de le transmettre à l’éditeur pour la mise en page.

Celle-ci effectuée, je relis les épreuves, y intègre les corrections des communautés et donne mon aval pour le bon à tirer.

Mon travail se situe donc à trois niveaux: rédaction, mise en forme et correction. Cela suppose de ma part une connaissance du terrain. Pour moi, elle se traduit par une présence régulière à la messe dominicale et aux divers offices et un engagement en paroisse: je suis ministre auxiliaire de l’eucharistie et membre de la chorale.

Apic: En tant que journaliste RP, comment êtes-vous perçue par les journalistes bénévoles de votre équipe?

GdSC: Je suis très bien perçue par mes collègues. Ils me font confiance. Pouvoir travailler avec une professionnelle expérimentée et qui a l’œil les rassure. Il n’est certes pas facile, pour certains, de voir leurs textes retravaillés de manière journalistique, mais ils s’y sont fait: ils savent que ce travail est réalisé en vue d’une meilleure lisibilité des informations qu’ils transmettent.

Apic: N’auriez-vous pas envie de faire autre chose que du travail médiatique durant votre temps libre?

GdSC: Je suis engagée dans ma paroisse comme ministre auxiliaire de l’eucharistie et choriste. Je m’investis donc aussi autrement dans ma communauté.

Outre le bulletin de paroisse, je confectionne avec un frère marianiste le bulletin Information de la Famille marianiste de Suisse qui paraît quatre fois par an. Je rédige des articles et assure la correction des épreuves.

J’exerce mes engagements dans ces deux bulletins comme un service. Je mets mes dons et mon expérience professionnelle au service de ma paroisse et du mouvement auquel j’appartiens. Cela ne me pèse pas, au contraire. Ce m’est une joie de pouvoir en aider d’autres. Chacun ses talents, chacun sa pierre dans la construction de l’Eglise. La mienne est celle de l’écriture, et si je peux être utile bénévolement en Eglise en tant que journaliste, c’est volontiers que je m’engage. Un engagement qui a du sens puisqu’il vise une presse paroissiale et ecclésiale de qualité. Si je m’investis ainsi, c’est en premier lieu au nom de mon baptême, en tant que membre d’une Eglise qui me fait vivre.

Encadré:

De l’Apic à l’Echo Magazine

Geneviève de Simone-Cornet travaille depuis cinq ans à l’hebdomadaire familial chrétien Echo Magazine à Genève, où elle est secrétaire de rédaction. Elle tient notamment une rubrique intitulée «En marge» et elle est auteur de traits libres.

Après un stage RP à l’agence de presse Apic/Kipa à Fribourg de 1987 à 1989, elle a été engagée par le cardinal Henri Schwery comme attachée de presse du diocèse de Sion, en Valais, activité qu’elle a exercée de 1990 à 1994. Elle a ensuite regagné Fribourg pour travailler comme rédactrice responsable du mensuel missionnaire «Bethléem», de la Mission Bethléem Immensee, de 1995 à 2006.

Encadré:

Vouloir du bien (*)

Mgr Pierre Farine, administrateur du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg

«J’aime bien ce mot de bénévole: cela signifie vouloir du bien, faire volontiers du bien.

Cette année 2011 est l’année européenne dédiée aux bénévoles. Ce sont des personnes qui veulent du bien à l’humanité et qui prennent le temps de le faire selon leurs goûts, leurs choix, leur bonne volonté. Ils agissent gratuitement: «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.» Nous dit l’Ecriture.

Dans une civilisation marchande comme la nôtre, les bénévoles sont des rayons de soleil: ils ressemblent à Dieu, car Dieu est le premier bénévole. Dieu a tout fait gratuitement: quand il a fini la création, il a vu que c’était très bon. Il a créé l’homme et la femme dans un immense élan d’amour gratuit. Ainsi les bénévoles cherchent à construire, aider, soulager, faire grandir, simplement parce qu’ils aiment la création et le monde, l’Eglise et qu’ils prennent plaisir à rendre le monde meilleur.

Souvent je me pose la question: pourquoi acceptent-ils de se déranger, de se donner du temps, de mettre en jeu leur savoir et leur savoir-faire alors qu’ils pourraient tranquillement vaquer à leurs affaires, à leurs loisirs, à leurs hobbys, s’occuper de leur jardin. Ne pas s’occuper des histoires des autres pour ne pas avoir d’histoires. (…)

Vous êtes là et vous êtes une richesse inestimable, véritable présence de Dieu dans notre monde, vous nous rappelez qu’Il nous a faits pour devenir don et offrande.

Soyez-en chaleureusement remerciés.»

(* article paru dans le bulletin ECR- info de l’Eglise catholique à Genève d’avril 2011)

Encadré:

Vive les bénévoles !

Claude Ducarroz, prévôt de la Cathédrale St-Nicolas

Journalistes ! De toute évidence, il s’agit de spécialistes, donc de professionnels, après une formation contrôlée et avec des diplômes vérifiés. Et c’est bien ainsi, car ce métier suppose beaucoup de compétences pour mériter une juste reconnaissance. L’impact des médias sur notre société –le fameux quatrième pouvoir- ne tolère pas les bricolages d’amateurs. Et pourtant il y a place pour des bénévoles dans la constellation médiatique.

Deux preuves à l’appui.

D’abord la place réservée pour le courrier des usagers dans les divers médias. Les lettres de lecteurs, les courriels des forums, les opinions des auditeurs sont de plus en plus sollicités et pris au sérieux. L’interactivité fait que des personnes sans compétences particulières, mais sachant réfléchir, écrire et parler –voire filmer-, interviennent dans le jeu des médias, parfois en provoquant des réactions en chaîne qui expriment opportunément le pouls de l’opinion publique. Elles sont des bénévoles de l’information, de la réflexion et de l’expression.

Par ailleurs, à côté des grandes voix et voies médiatiques qui constituent les avenues estampillées de l’information et de la formation, il y a une quantité de médias de seconde zone, avec moins d’aura mais tout autant d’utilité. Dans les milieux d’Eglise surtout, il y a d’innombrables «petites mains» -mais pas nécessairement des petits esprits- qui fabriquent des médias de proximité avec des savoir-faire artisanaux qui peuvent être aussi de belle qualité. Sans doute, pour éviter un mauvais dilettantisme et des productions de piètre facture, il convient que des professionnels «surveillent» de telles publications dans un esprit de partenariat bienveillant.

Ainsi donc, les bénévoles de bonne volonté et les professionnels de haute qualification peuvent collaborer afin que le tissu médiatique, par exemple dans nos communautés d’Eglise, demeure à la portée de tous sans perdre en excellence de réflexion et de présentation.

Encadré:

L’Année européenne du bénévolat 2011

En Suisse, le coup d’envoi de «l’Année européenne du bénévolat 2011» a été donné le 4 décembre 2010. Selon une étude de l’Université de Fribourg, les Eglises dépendent fortement de la collaboration des bénévoles: plus de 36% des heures de travail sont accomplies par eux. Ce chiffre est même probablement en dessous de la réalité.

Un site internet, en Suisse, décrit les initiatives réalisées en lien avec l’Année européenne du bénévolat: www.freiwilligenjahr2011.ch

L’Année européenne du bénévolat a pour buts de rendre hommage au travail des bénévoles, de se pencher sur les problèmes qu’ils rencontrent et d’encourager davantage de citoyens à devenir bénévoles. Elle vise à encourager davantage de personnes à donner de leur temps, par divers moyens, par exemple:

– faciliter le bénévolat;

– récompenser les bénévoles, par exemple en reconnaissant formellement les compétences qu’ils acquièrent dans le cadre de leur travail;

– améliorer la qualité du bénévolat, en veillant à la formation des bénévoles et en les dirigeant vers les activités qui leur conviennent;

– sensibiliser la population à la valeur du bénévolat.

L’Année européenne du bénévolat coïncide avec le dixième anniversaire de «l’Année internationale des volontaires» des Nations Unies

Des photos illustrant ce dossier peuvent être commandées à apic@kipa-apic.ch (apic/bb)

17 mai 2011 | 08:45
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 9 min.
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