Cisjordanie: Les ultra-orthodoxes soutiennent la séparation entre ashkénazes et séfarades
Discrimination dans une école religieuse de la colonie juive d’Immanuel
Jérusalem, 22 juin 2010 (Apic) Après la grande manifestation de jeudi 17 juin, qui a rassemblé dans les rues de Jérusalem près de 100’000 juifs religieux pour affirmer la primauté de la Torah sur la loi civile israélienne et dénoncer «l’ingérence grave» de la Cour suprême d’Israël dans ce qu’ils appellent leurs affaires internes, le bras de fer se poursuit entre les «hommes en noir» et les autorités civiles israéliennes. Les colons ultra-orthodoxes entendent maintenir la discrimination entre élèves ashkénazes et séfarades dans l’école religieuse de Beit Yaakov, installée dans la colonie juive d’Immanuel, en Cisjordanie occupée.
Pour les mêmes motifs, une autre manifestation a réuni jeudi environ 20’000 personnes à Bnei-Brak, ville à population juive ultra-orthodoxe située près de Tel Aviv. Affirmant que c’est «la Torah qui commande!», les parents ashkénazes, juifs originaires d’Europe centrale et de l’Est, refusent que leurs filles soient mélangées en classe avec des fillettes séfarades, c’est-à-dire des juives d’origine orientale et d’Afrique du Nord.
C’est «la Torah qui commande!»
Les réfractaires ont accepté d’aller en prison suite à l’arrêt de la Cour suprême israélienne, car ils ont retiré leurs filles de l’école alors que la scolarisation est obligatoire. Ils sont internés depuis la semaine passée dans la prison de Maasiyahou, près de Ramlé.
Ces «ultras» affirment qu’il ne s’agit pas de racisme, mais de convictions religieuses, et purgent désormais leur peine de prison. 43 couples ont été condamnés à deux semaines de prison pour discrimination religieuse. La justice israélienne ayant ordonné la fin de la ségrégation raciale dans l’école religieuse de Beit Yaakov, les parents ashkénazes ont retiré leurs filles de l’école. Ils bénéficient du soutien des religieux «haredi» de Jérusalem, qui allèguent la primauté de leurs convictions religieuses sur le droit en vigueur et considèrent que la justice de la Torah est supérieure aux juridictions temporelles.
Les rabbins ont «une plus haute juridiction que les tribunaux civils»
Mardi 22 juin, la Cour suprême israélienne a décidé que 22 mères de familles ultra-orthodoxes de la colonie d’Immanuel seraient soit exemptées soit pourraient faire reporter leur détention jusqu’à que leurs maris aient purgé leur peine. Ces familles ashkénazes ont reçu l’ordre de renvoyer leurs filles à l’école hassidique avec les enfants séfarades sous peine d’une peine de prison de quinze jours. Les mères de familles condamnées ont affirmé que le tribunal n’avait pas autorité pour trancher le litige entre ashkénazes et séfarades, car les parents ont simplement pris leurs ordres auprès de leurs rabbins «qui ont une plus haute juridiction que les tribunaux civils», rapporte mardi le quotidien israéliens «Haaretz».
«C’est de la folie d’envoyer des mères en prison, déclare à «Haaretz» une mère condamnée, car nos rabbins nous ont toujours enseigné que la loi n’est pas au-dessus des rabbins, mais que ce sont les rabbins qui sont au-dessus de la loi». Plusieurs pères de famille, qui contrairement à 35 autres pères d’élèves de l’école Beit Yaacov, ont refusé de se rendre en prison, ont jusqu’au 5 juillet pour se présenter à la prison de Jérusalem. Ils sont emprisonnés pour avoir refusé d’appliquer une décision de la Cour exigeant que soient supprimées les méthodes discriminatoires de cette école religieuse, et pour avoir «privilégié la Torah» plutôt que la loi de l’Etat. Selon la Haute Cour de justice, la séparation entre élèves ashkénazes et séfarades à Beit Yaacov est illégale puisqu’elle est d’ordre racial. Mais les parents issus du courant hassidiques des Slonim affirment que la séparation est strictement religieuse. (apic/jp/haar/be)