Le fléau, de plus e plus répandu, n’émeut plus dans le pays
Djibouti: Dramatique phénomène du suicide par le feu des djiboutiennes
Djibouti, 17 août 2000 (APIC) Le suicide par le feu, la semaine dernière d’une jeune fille de 20 ans à Djibouti, a relancé le débat sur cette pratique courante dans ce petit pays de l’Océan indien. La victime a mis fin à ses jours après le refus de son petit ami de reconnaître l’enfant qu’elle portait.
Selon les estimations de la presse locale, chaque année, on dénombre une vingtaine de suicides par le feu dont une majorité de djiboutiennes.
Les conflits de génération et le manque de communication sont les principales causes du suicide par le feu: disputes ou conflits mineurs avec les familles ou avec les belles familles; mariage forcé; grossesse non désirée; jalousie. Il arrive aussi que des époux adultères mettent fin à leurs jours, et par le feu, dans beaucoup de cas.
Le premier cas de suicide par le feu à Djibouti remonte aux années 50, d’après le journal «La Nation». Il s’est développé dans les années 60. «C’était l’époque où la mode des mini-jupes et des vêtements courts avaient fait leur apparition», commente pour sa part le correspondant de Radio France International. Selon lui, l’interdiction de porter une mini-jupe constituait pour les filles de l’époque une raison de s’immoler.
Le phénomène est devenu maintenant tellement banal dans le pays que la société djiboutienne ne s’en émeut plus. Les familles des suicidaires refusent très souvent de reconnaître la mort volontaire de leur parents lorsque celui-ci ou celle-ci s’est suicidé. Ils évoquent souvent un accident domestique, telle que l’explosion d’un appareil ménager ou d’un réchaud à gaz pour expliquer l’immolation par le feu de leur malheureux parent suicidaire.
Des sociologues justifient l’attitude des parents des victimes par le fait qu’ils ne veulent pas paraître aux yeux du voisinage comme une famille maudite. Les croyances religieuses condamnent le suicide et bannissent toute personne qui se serait suicider. Selon ces mêmes croyances, perdre la vie par le suicide revient à la perdre aussi dans l’au-delà.
Campagne de sensibilisation à travers un filme
Pour dissuader les femmes «de prendre la direction de l’enfer», un réalisateur de la télévision nationale a diffuser un reportage bouleversant, montrant notamment dans un hôpital de la capitale une femme nue, défigurée, méconnaissable. Ses brûlures graves étaient soignées avec les peu de moyens médicales disponibles dans la structure hospitalière. Ces images poignantes et terrifiantes, soutenues par le témoignage des infirmières ont frappé les esprits.
Ce film, alors réalisé pour sensibiliser au problème, est maintenant loin derrière. Oublié Le suicide par le feu des djiboutiennes continue de plus belle.
Le gouvernement, lui, n’a jamais rien entrepris pour tenter, sinon de mettre un terme à ce phénomène, du moins d’en réduire l’importance. Les femmes du pays disent cependant attendre beaucoup de la nouvelle ministre de la Promotion de la femme et du bien-être familiale. Un poste qu’elle occupe depuis un an déjà. (apic/ibc/pr)