A titre de document, voici ci-dessous la déclaration de Mgr Augustin Misago, évêque de Gikongoro, en réponse aux accusations faites publiquement par Pasteur Bizimungu, président de la République du Rwanda, le 7 avril dernier, à Kibeho.

Document

Gikongoro, le 09.04.99

JE NE ME SUIS PAS TU

A la clôture de la semaine commémorative du génocide rwandais, le président de la République, Pasteur BIZIMUNGU, a prononcé à Kibeho le 07.04.99 un discours fort surprenant où il m’a attaqué durement en ma qualité d’évêque de Gikongoro, qui n’aurait pas pu empêcher le génocide. Il prétend que face à de multiples accusations, maintes fois ressassées depuis déjà cinq ans par des rescapés du génocide me désignant comme complice, je n’aurais pas réagi pour m’expliquer et qu’au contraire je me serais retranché derrière un silence imperturbable.

Les prétendus griefs formulés contre moi sont tous des calomnies, encouragées entre autres par tout un climat de préjugés ethnocentristes et de procès d’intention bien orchestrés contre ma personne, pour des intérêts peu avouables. Quant à la déclaration même du chef de l’Etat à mon sujet, elle est tout à fait contraire à la vérité. Je ne me suis pas tu. Toutefois, j’ai essayé d’éviter des interventions intempestives, tapageuses et propagandistes ou de m’exposer à certains organes de presse de mauvaise foi. Voici donc un repère historique des moments importants de ma réaction visant à clarifier ma situation, car l’opinion publique comme la justice rwandaise ne sont jamais demeurées indifférentes à ce qui se racontait à mon sujet.

Lundi le 29/01/1996, je recevais une autre visite, celle d’une équipe de «journalistes» dirigée par Mme Lindsay HILSUM et prétendant travailler pour le compte d’une chaîne de T.V. britannique dénommée «Blackstone Picture Limited» (BBC – London). J’ai répondu à toutes les questions, généralement formulées à partir des racontars contenus dans un ouvrage de «African Rights» (édition d’août 1995 p. 899 – 900). On a enregistré et filmé tout à volonté.

Plus important encore que ces représentants du monde de la presse, il faut faire mention spéciale de la visite à l’évêché d’un envoyé spécial de la Brigade de Gendarmerie de Gikongoro effectuée le 28/01/1996 (un dimanche). Il s’agit de l’OPJ Dieudonné RURANGIRWA, mandaté par le commandant de la Brigade (L.t. Jackson MULINDAHABI), en accord avec le Procureur de la République à Gikongoro (M. Aloys HAVUGIYAREMYE). L’OPJ me soumit alors à un long interrogatoire de plus de 3 heures en se basant sur les diverses accusations qui circulent à mon sujet en rapport avec le génocide de 1994.

Le 05/04/1996, pendant la semaine de deuil national en commémoration du génocide, les autorités de la Préfecture de Gikongoro organisèrent des journées de conférences-débats. Je fus invité, moi aussi, pour donner une conférence sur le rôle de l’Eglise dans le processus pour mettre fin à la guerre et au génocide. La salle polyvalente de la Préfecture (CIPEP) était remplie! Au cours du débat, je fus amené à devoir répondre aussi aux questions concernant ma propre conduite pendant le génocide. Au lendemain de la conférence, j’ai pu recueillir de nombreux témoignages de la part de diverses personnes qui m’assuraient que mon exposé aurait été très bénéfique pour éclairer l’opinion publique et de faire tomber des légendes calomnieuses répandues dans la population.

En octobre 1996 j’ai produit un document intitulé: «Réaction aux accusations lancées contre ma personne par l’organisation AFRICAN RIGHTS (32 pages + annexes). Ces accusations, qui tournent autour de l’épineuse question de «non-assistance à personne en danger», sont contenues dans un gros ouvrage publie par «African Rights» en 1995 sous le titre de «Rwanda: Death, Despair and Defiance» (London août 1995). Cet ouvrage se présente comme un rapport synthétique sur le génocide rwandais de 1994: mais hélas un rapport réalisé en toute hâte avec peu de souci d’objectivité et de rigueur scientifique. Au long chapitre consacré aux hommes d’Eglise, il est question de moi aux pp. 899-900. Une certaine presse malveillante qui s’en prend aux Eglises chrétiennes, surtout à l’Eglise catholique, puise dans cet ouvrage de «African Rights». Des publications tendancieuses faites par certains journaux à propos de ma conduite pendant le génocide (par ex. UMUSEMBURO ou INGABO) n’ont d’autres sources que cet ouvrage. C’est pourquoi j’ai préféré répondre à toute sorte d’accusations en réagissant à ses propres allégations, mais sans m’engager inutilement dans la voie d’une polémique stérile.

Mon texte ci-haut mentionné a été conçu principalement comme un repère pour l’histoire mais aussi comme un instrument pour une information actuelle à l’intention de quiconque serait épris de vérité, de justice et de paix.

Les premiers destinataires du document étaient tous les évêques catholiques du Rwanda, avec une copie pour information au Nonce Apostolique et au Saint-Siège. Certains services interdiocésains ainsi que le clergé de Gikongoro en ont reçu également une copie. Quant aux autorités de l’Etat, je m’étais limité jusqu’à présent aux différents préfets de Préfecture qui se sont succédé à Gikongoro depuis la fin de la guerre jusqu’à ce jour. Le commandant de la Région Militaire du Sud (Butare – Gikongoro – Cyangugu), en l’occurrence le colonel Bagire (qui hélas vient de mourir) a reçu également un exemplaire. Jusqu’à présent, je n’estimais pas opportun de le transmettre aussi aux plus hautes autorités du pays, car je supposais que les représentants de l’Etat dans notre région pourraient bien faire circuler l’information selon le besoin. De toute façon, si la présidence de la République avait manifesté l’intention que j’informe moi-même, sans détours, j’aurais pu le faire immédiatement sans problème.

En novembre 1997, à une date dont je ne me rappelle plus, un I.P.J. du Parquet de Gikongoro est de nouveau venu m’interroger en vue d’obtenir des précisions ou des compléments à l’interrogatoire de janvier 1996.

Le 11/01/1998, j’ai comparu devant le Tribunal de Première Instance/Chambre Spécialisée. Pendant plus d’une heure et demie, j’ai répondu aux questions des juges, notamment à propos de la mort du regretté abbé Joseph NIYOMUGABO, curé de Cyanika, tué là-bas pendant le génocide.

Le 23/03/1999 j’ai accepté de donner une interview à l’ORINFOR – GIKONGORO; mais étant donné son urgence et le fait que j’étais fort occupé au moment où le journaliste s’est présenté chez moi à l’improviste, je me suis contenté de lui répondre un peu plus tard par écrit suivant un long questionnaire qu’il m’avait laissé (voir mon texte du 29/03/1999 intitulé: «Igisubizo ku bibazo bya Orinfor – Gikongoro», 8 pages)

Pour quiconque aime donc passionnément la vérité et recherche la vérité avec loyauté et la rigueur voulue, toute cette documentation devrait contribuer à clarifier ma situation et à mieux apprécier la valeur des différents griefs formulés contre moi avec une scandaleuse légèreté en rapport avec le génocide de 1994. En tous cas, déclarer que je n’ai rien fait pour m’expliquer sur ma conduite pendant cette tragédie, c’est un gros mensonge flagrant. Ma réputation tant de fois bafouée, mérite d’être réhabilitée. + Augustin Misago, Evêque de Gikongoro, Rwanda.

Banneux : 50 ans après la reconnaissance des apparitions à Mariette Beco

Commémoration, dans un sanctuaire qui attire la foule des pèlerins

Banneux, 15 avril 1999 (APIC) Il y aura 50 ans, le 22 août prochain, que Mgr Louis-Joseph Kerkhofs, évêque de Liège, reconnaissait «la réalité des huit apparitions de la Sainte Vierge à Mariette Beco» à Banneux. Plusieurs événements marqueront cette année jubilaire. A commencer par la cérémonie du jeudi 13 mai, jour de l’Ascension, retransmise en eurovision depuis l’église de la Vierge des Pauvres.

Dimanche 15 janvier 1933. Il fait glacial dans le petit village de Banneux, à mi-chemin entre Liège et Spa. Le soir, dans une maison ouvrière à l’écart du village, en bordure de la forêt, Mariette Beco, 11 ans, l’aînée d’une famille de sept enfants, déclare à sa maman qu’elle voit «une Dame dans le jardin». La maman rejette la vision de l’enfant: «C’est une sorcière». Mais dès le lendemain, Mariette redevient assidue à la messe et à la séance de préparation à sa communion? D’où vient que son père, d’abord incrédule, s’est remis à fréquenter l’église? D’où vient que l’enfant de famille pauvre a retenu des apparitions des messages au vocabulaire et au contenu théologique peu familiers de la culture locale? Mariette Beco a aujourd’hui 76 ans. Elle a eu plusieurs enfants et vit toujours à Banneux.

En vue de se prononcer, l’évêque institue le 20 mars 1935 une commission diocésaine. Elle remet ses conclusions le 18 février 1937, estimant que «la réalité des apparitions de la Sainte Vierge à Mariette Beco est, au moins, probable». Mais ce n’est qu’un rapport à transmettre à l’archevêché de Malines: ainsi en a décidé Rome, suite aux réserves des évêques face à une multiplication de faits merveilleux. Cependant, l’archevêque de Malines, incité à une extrême prudence, ne tranchera rien.

Sans engager Rome

Mgr Kerkhofs, qui a déjà plaidé une première fois la cause de Banneux auprès du pape, lui demande à deux reprises, en 1941, de pouvoir se prononcer simplement en tant qu’évêque dans son diocèse, sans engager ni Rome ni même les autres évêques. A ces conditions, le pape marque son accord début 1942. Le 19 mars 1942, Mgr Kerkhofs reconnaît officiellement le culte à la Vierge des Pauvres à Banneux et autorise à croire à la réalité des apparitions. Il institue le 16 mai 1942 une seconde commission. Son avis, rendu le 15 février 1945, est moins positif que celui de la première commission: «le caractère surnaturel des faits de Banneux n’apparaît ni certain ni même simplement probable».

Voilà qui laisse l’évêque perplexe. Mgr Kerkhofs charge alors deux théologiens, les Pères Rutten et Scheuer, de reprendre le dossier: l’un pour mener jusqu’au bout son enquête historique; l’autre pour passer au crible les travaux de la seconde commission. Cette vérification permet de relever des erreurs d’appréciation sur les faits rapportés. D’où le scepticisme de la seconde commission.

Le 19 mars 1947, Mgr Kerkhofs confirme sa reconnaissance du culte de la Vierge des Pauvres à Banneux. Et le 22 août 1949, il «reconnaît, sans réserve, la réalité des huit apparitions de la Vierge des Pauvres à Banneux-Notre-Dame». Entre-temps, il a été encouragé par un signe demandé à la Vierge: la guérison de Soeur Lutgarde, supérieure de la Communauté de la clinique Sainte-Rosalie à Liège.

Les apparitions de Beauraing, de peu antérieures, ont vu, elles, leur caractère «surnaturel» être reconnu le 2 juillet 1949 par Mgr André-Marie Charue, évêque de Namur.

«Une page d’Evangile»

Qu’implique la reconnaissance officielle des apparitions par les évêques des diocèses concernés? Non pas une contrainte: «Chacun reste libre de croire ou de ne pas croire aux apparitions de la Vierge», commente le recteur de Banneux. «D’ailleurs, Rome n’a jamais pris position à ce sujet». Mais c’est une marque d’authentification pour la liberté chrétienne; c’est comme si les évêques disaient, en exerçant leur autorité de discernement: «A Banneux, nous en sommes sûrs, vous êtes en pleine terre d’Evangile!».

Car à Banneux, «une pleine page d’Evangile continue de s’écrire», commente l’abbé Cassart. «Ce qui frappe le pèlerin qui découvre le message de Banneux pour la première fois, c’est sa sobriéété, sa clarté et son esprit évangélique. A Lourdes, la Vierge regarde le ciel; elle est l’Immaculée. A Beauraing, c’est Marie au coeur d’or; elle invite à tout vivre dans l’amour et par amour. A Banneux, la Vierge regarde la terre; elle est la Vierge des pauvres, en visite chez les pauvres».

A Banneux également, il y a tout un «symbolisme évangélique des lieux», explique encore le recteur. «La Vierge a désiré d’abord la construction d’une petite chapelle: chacun peut ainsi se sentir accueilli comme chez soi, tel qu’il est. A quatre reprises, la Vierge a conduit l’enfant sur le chemin: elle accompagne donc les croyants dans leur marche. Et cette marche débouche sur la Source: Marie mène à l’essentiel, elle conduit au Christ, devant qui elle s’efface».

Touristes, visiteurs et pèlerins

Chaque année, le recteur du sanctuaire estime qu’entre 500’000 et 750’000 personnes passent par le sanctuaire de Banneux. Devant une telle affluence, les responsables du sanctuaire ont entrepris, en prévision de la visite du pap en Belgique en 1985, de faire construire une nouvelle église: ses 2’700 places assises assurent une capacité totale de 4000 places. De quoi offrir un abri sûr aux foules des dimanches ordinaires pour les intempéries pas toujours prévisibles.

A Banneux, beaucoup viennent pour plusieurs jours: ils se sont inscrits pour l’un des fameux «triduums» organisés depuis la Belgique, les Pays-Bas, la France, l’Angleterre ou l’Italie, la Suisse… Depuis 1993, l’Hospitalité Notre-Dame a bénéficié d’un réaménagement considérable. Elle peut désormais accueillir à la fois 350 malades et accompagnants. Chaque année, la formule séduit quelque 8’000 fidèles.

Publications

Belgique: Responsables de la pastorale de la famille confrontés au problème du suicide

2’500 suicides annuellement: comment accompagner les familles

Bruxelles, 15 avril 1999 (APIC) Sept suicides par jour en Belgique. Plus de 2500 par an. Cela fait beaucoup de familles confrontées au drame. Beaucoup se sentent comme des «victimes». D’où l’initiative des responsables de la pastorale des couples et des familles de mettre sur pied un colloque qui se tiendra le 19 avril à Wavre, sur le thème «Accompagner les «victimes» du suicide d’un proche»

La Pastorale des couples et des familles du Brabant wallon a invité les fondateurs du groupe liégeoise «Vivre sous les oliviers», Simone Detry, qui s’est retrouvée veuve à 42 ans à la suite du suicide de son mari, et de Michel Welkenhuyzen, diacre permanent et psycho-sociologue, à proposer leur approche du suicide et de l’accompagnement des proches.

«Vivre sous les oliviers» est un groupe d’échanges et de rencontres entre des conjoints, des enfants ou des parents affectés par le suicide d’un proche. Il a été créé en 1995 dans la région liégeoise suite au suicide d’une personne. Il rassemble une vingtaine de personnes et se réunit toutes les six semaines. Il s’est doté d’un réseau de relations d’échanges et de soutien amical, et publie un bulletin bimestriel comportant notamment des témoignages et des informations concernant le suicide et le deuil.

En Belgique, le suicide est la première cause de mortalité chez les hommes de 30 à 45 ans et c’est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 25 ans. Les tentatives de suicide «réussissent» 1 fois sur 6 chez les hommes, et 1 fois sur 263 chez les femmes.

«Le suicide est inexplicable. Seul pourrait lever une partie du voile celui qui en a posé l’acte», considèrent les fondateurs de «Vivre sous les oliviers». Aussi est-il à leurs yeux essentiel d’offrir aux proches d’une personne qui s’est donné la mort l’occasion d’exprimer leur douleur, leur tristesse, leur révolte, leur peur…, bref leurs sentiments les plus divers. (apic/cip/pr)

15 avril 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 10  min.
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