Biotechnologies et tiers monde: pas de brevet sur la vie

Document du WWF Suisse et de la Communauté de travail (261191)

Berne, 26novembre(APIC) Le WWF Suisse et la Communauté de travail Swissaid, Action de Carême, Pain pour le Prochain, Helvetas, mettent en garde

contre «les faux espoirs que les biotechnologies modernes pourraient faire

naître pour résoudre le problème de la faim dans le monde». Dans une publication intitulée «Biotechnologies et tiers monde» et présentée mardi à Berne, les cinq organisations analysent les chances et les risques que les

biotechnologies représentent pour le tiers monde.

Le WWF et la Communauté de travail s’opposent avec fermeté à toute possibilité de privatisation des ressources génétiques et demandent au gouvernement suisse de s’engager contre l’extension du droit de brevet aux plantes et aux animaux dans le cadre des discussions qui ont lieu au GATT et à

l’OMPI, et de prévoir une révision de la loi sur les brevets dans ce sens.

Comme la pauvreté dans le tiers monde vient essentiellement des difficultés d’accès à la terre, à l’eau et aux crédits, elles estiment que les

biotechnologies ne peuvent pas être d’un grand secours. Certes, conviennent-elles, la sélection de plantes résistantes, capables de s’adapter aux

climats rigoureux et aux sols pauvres, tout en utilisant plus efficacement

les éléments disponibles, pourraient améliorer les rendements dans bien des

régions difficiles, «mais comme la recherche génétique est en grande partie

en mains privées, elle n’est pas orientée vers la satisfaction des besoins

des plus pauvres».

De plus, soulignent le WWF et la Communauté de travail, les technologies

génétiques permettent de transférer dans les laboratoires du Nord un grand

nombre de productions naturelles du Sud, comme c’est le cas avec l’essence

de vanille, qui est produite par des cultures de cellules. «Cela signifie

la ruine pour d’innombrables paysans du Sud».

L’agriculture moderne, en poursuivant unilatéralement les objectifs de

la rationalisation et de l’augmentation des rendements, menace la diversité

biologique, et les races à haut rendement, génétiquement uniformes, concurrencent de plus en plus les races rustiques. Les méthodes biotechnologiques

comme le clonage accélèrent la disparition de la diversité, relève encore

le document. D’après la spécialiste canadienne Pat Roy Mooney, les 30 espèces qui constituent le 95% de l’alimentation humaine ont déjà perdu 54% de

leur diversité génétique. Pourtant la diversité des races est la meilleure

garantie d’un rendement sûr.

Pour le WWF et la Communauté de travail, les gènes sont la matière première de toute forme de sélection et d’élevage, que ce soit par les méthodes traditionnelles ou par les technologies génétiques. Ils doivent donc

rester accessibles à tous. Un brevet sur une manipulation génétique correspond à un monopole sur la vie, puisqu’il ne se limite pas au patrimoine génétique, mais qu’il s’étend à toute la progéniture et aux produits des

plantes et aux animaux manipulés. «Ainsi quelques multinationales pourraient contrôler l’ensemble des ressources alimentaires de la planète».

Le WWF et la Communauté de travail estiment en conclusion que les efforts doivent plutôt être portés vers l’adoption d’une Convention sur la

diversité biologique qui garantisse une utilisation parcimonieuse, durable

et équitable des ressources vivantes de la terre. (apic/com/pr)

Le document «Biotechnologies et tiers monde» peut être obtenu pour le

prix de 3 francs au WWF Suisse.

27 novembre 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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