Donner à un pauvre, c’est bien. Mais pas à un «faux pauvre»

Romandie: Les Eglises ne savent que faire des mendiants devant les parvis

Lausanne, 23 septembre 2012 (Apic) «Personnes en précarité et mendicité», tel a été le thème de la célébration catholique qui s’est déroulée samedi 22 septembre à la cathédrale de Lausanne. Mais que faire concrètement avec les mendiants qui tendent la main devant les parvis des églises et des temples? Le journal «Le Matin Dimanche» du 23 septembre consacre un article à cette question.

Le vicaire épiscopal vaudois Marc Donzé s’est basé sur la parabole du Bon Samaritain dans son homélie sur la mendicité. Si cette dernière est admise dans le discours, elle l’est moins facilement dans les églises ou à leurs portes, fait remarquer Le Matin, dans un article signé Camille Krafft.

Le sergent Gilbert Glassey, détaché pour la thématique rom à Lausanne, atteste que la police est régulièrement appelée par des fidèles embarrassés par la présence de mendiants, devant ou à l’intérieur des lieux de culte. «Lorsque nous intervenons, nous ne leur demandons pas de disparaître, mais de s’éloigner de l’entrée. Sinon, les gens sont surpris et agacés», indique-t-il.

Sous le mendiant se cache parfois un personnage trouble

Du côté des Eglises, le discours sur le comportement à adopter n’est pas unanime. La tendance est cependant à la méfiance et au discernement. Interpellé y a deux ans, après qu’une poignée de personnes ont demandé l’aumône durant le culte, le Conseil paroissial de Belmont-Lutry (VD) a lancé des recommandations aux fidèles. «Nous avions l’impression qu’il s’agissait de filières, explique au Matin Dimanche Françoise Christinat, présidente du Conseil de paroisse. Nous avons donc conseillé à nos paroissiens de ne pas soutenir les mendiants directement.» Même écho du côté de la Basilique Notre-Dame, à Genève: «Nous avons suggéré aux fidèles de réfléchir avant de donner, raconte l’abbé Pierre Jaquet. Sous le pauvre et le mendiant se cache parfois un personnage trouble.»

L’historien Jean-Pierre Tabin, professeur de politique sociale à l’UNIL rappelle que «selon une thèse de l’historien Bronislaw Geremek, la pauvreté a été sacralisée jusqu’au XVe siècle environ. Ensuite, le Liber vagatorum (Livre des gueux) et d’autres publications ont établi des catégories de ’faux mendiants’. D’où une réflexion au sein de l’Eglise, qui a encore cours aujourd’hui: si l’on donne à un pauvre, c’est bien, mais avec un ’faux pauvre’, on encourage le vice.»

Cette distinction ne plaît pas à Anne-Catherine Reymond, fondatrice de la communauté de Sant’Egidio à Lausanne: «Les mendiants doivent être accueillis, mais on peut poser des limites. Une personne de la paroisse peut par exemple recevoir les hôtes de passage durant la célébration.» (apic/lematin/bb)

23 septembre 2012 | 15:12
par webmaster@kath.ch
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