Rome : Lucetta Scaraffia souhaite que de nombreuses femmes occupent des postes à responsabilités au Vatican

Donner plus de place aux femmes dans l’Eglise

Rome,20 décembre 2013 (Apic) Dans une interview récente accordée au quotidien italien La Stampa, le pape François a balayé l’hypothèse de la création de ›femmes cardinales’. Lucetta Scaraffia, historienne italienne et plume récurrente de ›L’Osservatore Romano,’ avait notamment lancé cette idée. Dans un entretien à I.MEDIA, elle revient sur la nécessité pour l’Eglise de placer des femmes en nombre à des postes à responsabilités. Sans que cela implique de remettre en cause le sacerdoce réservé aux hommes.

Lucetta Scaraffia, qui se dit volontiers féministe, assure également qu’il faut repenser le rôle de la femme d’un point de vue théologique, en suivant pour cela l’impulsion lancée par le pape François.

Q. : Concernant la proposition formulée par certains de créer des ›femmes cardinales’, le pape François a assuré qu’il ne fallait pas ›cléricaliser’ les femmes mais les valoriser. Qu’en dites-vous ?

Lucetta Scaraffia : Peut-être qu’il ne faudrait pas cléricaliser les hommes non plus. On peut être clérical sans être prêtre, par sa façon de se comporter face au pouvoir. Pour donner plus de place aux femmes dans l’Eglise, il faudrait qu’elles puissent occuper des postes à responsabilité dans les dicastères qui soient décisifs dans la projection de l’avenir de l’Eglise. Et il faudrait que cela concerne un nombre important de femmes, pas seulement une ou deux, mais que cela devienne une part normale de l’Eglise. Concernant la demande d’accès au diaconat, récurrente, dans les faits, de nombreuses femmes exercent déjà comme diaconesses, en apportant la communion chez les gens ou en donnant des explications de textes bibliques. Mais ce qui fait peur, c’est que le fait d’instituer des femmes diacres soit perçu comme un premier pas vers le sacerdoce féminin.

Q. : Dans l’avion qui le ramenait du Brésil, en juillet dernier, le pape François a assuré qu’il fallait développer une «théologie de la femme». Qu’est-ce que cela signifie ?

L.S. : Je crois qu’il faudrait moderniser la Lettre apostolique ›Mulieris dignitatem’ de Jean-Paul II sur la question, qui date de 1988. Dans le supplément Femmes, Eglise, Monde de L’Osservatore Romano, publié depuis le mois de mai 2012, nous allons apporter notre contribution à cela, en proposant dans chaque numéro un approfondissement sur un aspect de la théologie de la femme, grâce à la collaboration de théologiens et de théologiennes. Un des points qui doit évoluer est cette insistance absolue sur la complémentarité homme/femme. C’est vrai dans certains cas, mais dans d’autres, il faudrait souligner qu’il peut y avoir une superposition. Pour certaines choses, hommes et femmes peuvent avoir des rôles interchangeables.

Q. : Le pape François est perçu comme capable d’une grande ouverture. Mais quand il parle des femmes, il les loue souvent pour leur rôle dans la transmission de la foi en famille, par exemple. N’en est-on pas toujours au même point ?

L.S. : Mais le pape a aussi formulé des choses très claires sur les femmes. Il a notamment rappelé que le rôle de la femme dans l’Eglise était le «service» et non pas la «servitude». Il a invité à repenser leur place dans l’institution et dans la communauté ecclésiale. Personne n’avait encore parlé en des termes si clairs sur ce sujet. (apic/imedia/mm/mp)

20 décembre 2013 | 14:35
par webmaster@kath.ch
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