A coeur ouvert sur l’Eglise catholique dans le Jura pastoral

DOSSIER-JURA (021089)

Delémont, 2octobre(APIC) La préparation puis le déroulement de la visite

pastorale de Mgr Otto Wüst, évêque de Bâle, et de ses deux évêques auxiliaires, Mgr Joseph Candolfi et Mgr Martin Gächter, visite pastorale commencée le 25 février et qui se terminera le 19 novembre, sont l’occasion

pour l’Eglise catholique au Jura et à Bienne de faire le point sur les

communautés, les mouvements et les services qui la composent. Et de se présenter tout au long de «Semailles d’Eglise à coeur ouvert», un dossier de

150 pages, véritable miroir de la vitalité et du dynamisme du Jura pastoral, une région groupant 73 paroisses, 4 doyennés et quelques 95’000 catholiques, dont 22’000 d’origine étrangère.

Historiquement, le territoire jurassien de Boncourt à La Neuveville appartenait à l’évêché de Bâle depuis le début de ce millénaire. Le PrinceEvêque s’établit à Porrentruy après la Réforme et jusqu’en 1792. Sous Bonaparte, le Jura est rattaché durant sa période française au diocèse de

Strasbourg, avant d’être annexé contre son gré au canton de Berne par la

volonté des signataires du traité de Vienne, en 1815, et de retourner sous

la juridiction de l’évêque de Bâle par un décret de Pie VII.

Le christianisme dans le Jura apparaît dès l’époque romaine. Ce n’est

cependant qu’à l’époque des invasions qu’il pénétre en force pour s’établir

dans les vallées selon trois axes nettement déterminés. Le premier courant

se rattache à la christianisation primitive de la vallée du Rhône: la nouvelle doctrine proposée par les moines de Lérins dans le Midi de la France

va remonter la vallée du Rhône pour conquérir les métropoles de Lyon et

de Besançon. Un deuxième axe de pénétration, orienté du sud au nord, s’explique par la christianisation précoce du plateau qui est placée sous l’influence bénéfique des religieux de St-Maurice d’Agaune de la légion thébaine. Un troisième axe enfin, venu du nord, avec les moines d’Irlande et de

Luxeuil: St-Ursanne, St Germain, St Randoald et St-Wandrille.

Au 16e siècle, la réforme s’établit dans les vallées du sud du Jura,

jusqu’à Moutier.

Les méfaits du Kulturkampf

L’Eglise du Jura ne subit pas les méfaits de la guerre du Sunderbund.

Elle va par contre vivre de façon tragique le Kulturkampf. Le Jura nord,

canton du Jura actuel, va en effet souffrir de l’occupation militaire bernoise de 1873 à 1874. En dépit de l’interdiction du culte catholique, des

prêtres exilés ou emprisonnés et de la répression, le peule jurassien offre

une grande résistance. Les catholiques organisent notamment des messes que

le clergé célèbre clandestinement. Le peuple catholique du Jura reste fidèle à son évêque, Mgr Lachat, et au Vatican.

Après la création de la République et Canton du Jura, les catholiques de

Bienne et de la partie méridionale du Jura demeurée bernoise forment, avec

ceux du nouveau canton, une entité dénommée depuis 1983 «Vicariat épiscopale» de la partie française du diocèse de Bâle, avec siège à Delémont. Bien

que minoritaires (10%) dans le plus grand diocèse de Suisse, les catholiques jurassiens, lors de la consultation organisée par la Conférence des

évêques suisses sur la nouvelle répartition des diocèses, et pour des raisons historiques, ont réaffirmé en 1984 leur fidélité et leur attachement à

l’évêque de Bâle. Succédant au chanoine Louis Freléchoz, l’abbé Claude

Schaller, doyen du canton du Jura et du Jura Sud est responsable du Vicariat épiscopal de la partie francophone du diocèse de Bâle depuis le 1er

février 1987. Son autorité s’étend aux doyennés de Porrentruy, St-Ursanne,

Delémont, Courrendlin, des Franches-Montagnes, de Moutier, St-Imier et

Bienne, ainsi que sur les trois missions françaises de Berne, Lucerne et

Bâle. Il participe à ce titre au Conseil épiscopal à Soleure.

Ecoles catholiques et structures pastorales

L’identité culturelle, linguistique et catholique des Jurassiens, menacée depuis l’annexion à Berne en 1815, n’a cessé de s’affirmer en dépit des

multiples tentatives bernoises (germanisation ouvertement préconisée, Kulturkampf etc). Ainsi, en réponse à la laïcisation du Collège des Jésuites

de Porrentruy par le régime bernois, sera fondé dans cette même ville le 6

mai 1897, sur l’initiative d’Ernest Daucourt, le Collège St-Charles. Reconnu par l’Etat jurassien et second lycée de la République, ce Collège assure

le pluralisme scolaire voulu par la Constitution jurassienne ainsi qu’une

présence de l’Eglise dans le monde de la culture. En plus de St-Charles, le

Jura compte en outre trois autres écoles catholiques: l’Institut «Les Côtes», au Noirmont, propriété des Pères du St-Sacrement; l’Ecole St-Paul à

Porrentruy, fondée en 1902 par la Congrégation des Soeurs de Saint-Paul de

Chartres; l’Ecole Ste-Ursuline enfin, fondée en 1625 déjà, et demeurée ouverte depuis malgré les interdits et les expulsions (1873) des Soeurs obligées à l’exil en France voisine.

Outre les Pères du St-Sacrement au Noirmont et les chanoines de St-Maurice, à Porrentruy, qui jouèrent un rôle déterminant dans l’effort pédagogique de l’Eglise, le Jura abrite également 16 communautés groupant 172

soeurs en 28 communautés.

A l’instar de ce qui se remarque un peu partout ailleurs, la région pastorale Jura-Bienne manque de prêtres: il y a 50 ans, pour les 74 paroisses

qui la composent, on comptait 91 prêtres. Ils ne sont plus que 50 aujourd’hui. Pour les épauler, 12 animatrices en catéchèse collaborent avec 8

catéchistes professionels dans les différents doyennés. Plus de 700 laïcs

constituent en outre un réseau de catéchèse, auxquels s’ajoutent 110 animateurs chargés plus spécialement de la transmision de la foi auprès des adolescents. Sans compter l’animation au niveau des centres orthopédagogique

ou autres institutions spécialilisées pour une pastorale oecuménique des

personnes handicapées.

Pour cimenter les liens de cette «Eglise locale», une vingtaine d’associations, de groupements tels Caritas-Jura , le Centre d’Animation Jeunesse

(CAJ), la Fraternité chrétienne des malades et handicapés du Jura, les Unions féminines du Jura, l’Action catholique agricole rurale, l’Action catholique ouvrière, le Centrer de préparation au mariage, composent une mosaïque de mouvements d’Action catholique. Mouvements auxquels il convient

d’ajouter ceux qui d’une manière oecuménique ou dans un esprit missionnaire, ont plus particulièrement le regard tourné vers l’extérieur, à savoir

la Fraternité Jura-Monde, le Service Jurassien des Vocations, SOS-Asile et

la Communauté de travail des Eglises chrétiennes.

Quant au Centre St-François, construit en 1962 à Delémont, il a prouvé

utilité en abritant de multiples réunions, sessions et retraites ou autres

rencontres liées aux préoccupations des chrétiens. Deux missions, catholiques et espagnoles, déservent également plusieurs localités de la région

pastorale Jura-Bienne. S’agissant de la République et Canton du Jura, qui a

fait oeuvre de pionnière en la matière, elle octroie, par sa Constitution,

le droit de vote et d’éligibilité aux citoyens étrangers. Un droit qui

s’applique par extension à tout ce qui touche à l’Eglise.

Toujours dans le cadre de la visite pastorale de l’évêque du diocèse,

les bureaux des conseils presbytéral et pastoral ont élaboré un questionnaire de 20 questions envoyé à tous les Conseils de paroisse, de communauté, d’évangélisation ainsi qu’à d’autres services et groupements. Plus de

620 réponses sont parvenues. Le document, qui est la base des discussions

de toutes les rencontres de ces visites pastorales, figure en partie en annexe du fascicule «Semailles d’Eglise à coeur ouvert». (apic/pr)

ENCADRE

Le Jura a lui aussi un lieu de pèlerinage, par son sanctuaire dédié à la

mère du Christ: le Vorbourg. Les vestiges les plus anciens du Vorbourg remontent au XIe, voire au Xe siècle. Une tradition veut qu’en 1049, un pape

alsacien, Léon IX, frère du châtelain, ait consacré la chapelle. Une autre

légende, liée au château du Vorbourg, évoque la fin tragique d’une châtelaine nommée Blanche du Vorbourg. De son rôle d’oratoire de château à celui

de lieu de pèlerinage, bien des événements jalonnent l’histoire du Rocher.

L’an 1869 sera cependant déterminant pour le rayonnement spirituel du

sanctuaire. A l’initiative de Mgr Lachat, évêque de Bâle, le pape Pie IX

permet le couronnement solennel de la statue de Notre-Dame. C’est alors que

commence «La semaine du Vorbourg» qui, chaque année, attire en septembre

des milliers de pèlerins. (apic/pr)

La brochure «Semailles d’Eglise à coeur ouvert» peut être obtenue auprès

du Centre pastoral du Jura, 26, rue de la Molière, 2800 Delémont, au prix

de 20 francs.

3 octobre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 6  min.
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