Une victoire pour la liberté religieuse

Egypte: 12 chrétiens convertis à l’islam peuvent revenir à leur foi d’origine

Le Caire, 10 février 2008 (Apic) 12 chrétiens coptes convertis à l’islam en Egypte peuvent désormais revenir à leur foi d’origine. Cette décision de la Haute cour administrative égyptienne, annoncé samedi 9 février, a été qualifiée de «victoire pour la liberté religieuse» par l’avocat défendant le groupe de coptes.

S’il est facile de se convertir à l’islam, par contre une personne considérée comme musulmane ne peut quitter sa foi, sous peine d’être considérée comme apostate. Dans l’islam, la tendance fondamentaliste exige la peine de mort pour les apostats. Des convertis égyptiens qui ont abandonné l’islam doivent vivre dans la clandestinité, car des fatwas réclamant qu’ils soient mis à mort sont lancés par les islamistes.

En Egypte, pays signataire de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 – qui admet formellement le droit de changer de religion – les juges utilisent toutefois occasionnellement le Code pénal pour condamner la conversion de musulmans à une autre religion ou pour avoir tenu des propos relevant de l’athéisme.

Selon l’avocat des plaignants, Me Ramses al-Naggar, la décision du tribunal devrait s’appliquera à tous les cas semblables. Ils seraient près d’un demi millier en Egypte. Dans son nouveau jugement, le tribunal a accepté que les plaignants puissent être à nouveau présentés comme «chrétiens» sur leur pièce d’identité, et non plus comme «musulmans» comme c’était le cas à la suite de leur conversion à l’islam.

Notons que fin janvier un tribunal avait décidé que Mohamed Ahmed Higazi, un Egyptien converti de l’islam il y a quelques années, ne pouvait être chrétien sur sa carte d’identité. Selon les autorités égyptiennes, quiconque qui se convertit à une autre religion que l’islam porte atteinte à l’unité nationale et à la tradition égyptienne. Invoquant ce type d’arguments, la Haute cour administrative d’Egypte avait rejeté la demande de celui qui se fait appeler Bichoï, du nom du «père du désert» saint Bichoï, disciple de saint Macaire.

Le verdict de samedi est sans appel. Le ministère égyptien de l’Intérieur devra donc émettre des cartes d’identité pour les plaignants, ce qu’il refusait jusque là de faire. Mais certains d’entre eux craignent cependant les conséquences de la mention de leur conversion sur les papiers officiels.

Ils estiment que cette mention en toutes lettres – qui précise que ces personnes avaient «temporairement adopté l’islam» – est très dangereuse, car elle assimile ces convertis à des apostats. Car pour les musulmans, l’apostasie est punissable de la peine de mort.

Les nouvelles cartes d’identité égyptiennes ne mentionnent que les trois religions monothéistes reconnues par l’islam: christianisme, judaïsme et islam. Et ce document est obligatoire pour trouver un emploi, passer son permis de conduire, acquérir une propriété, ouvrir un compte à la banque ou même envoyer ses enfants à l’école ou s’inscrire à l’Université. En effet, le gouvernement exige que tous les papiers officiels comportent la mention de l’affiliation religieuse.

Sans carte d’identité ou sans acte de naissance, où ces mentions sont obligatoires, les Egyptiens sont privés de nombreux droits liés à la citoyenneté comme l’accès à l’emploi, à l’éducation ou aux services médicaux et financiers. L’an dernier, l’organisation de défense des droits de l’Homme «Human Rights Watch» avait estimé que la mention obligatoire de la religion sur les papiers officiels était source de discriminations. (apic/bbc/asian/be)

10 février 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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