Il serait contraire à la charia, la loi islamique

Egypte: Le Centre de Recherche Islamique d’Al-Zahar interdit le tournage d’un film

Le Caire,1er août 2002 (APIC) Le Centre de Recherche Islamique de l’Université islamique d’Al-Azhar (CRIA) au Caire a interdit le tournage d’un film consacré à une relation entre un démon et une femme. Le CRIA est une structure religieuse mise en place par le gouvernement. Il avait été saisi de cette question par la direction du Centre de censure. Al-Azhar est reconnu comme l’instance normative la plus influente de l’islam sunnite, qui compte près d’un milliard de fidèles.

Fawziya Méhélmi, la directrice du Centre de censure avait l’avis du CRIA sur le scénario présenté par le réalisateur. Cet avis était nécessaire du fait que le projet «traite de questions qui ont un rapport avec le monde des démons et d’éventuelles relations entre un démon et une femme, ce qui nécessite un avis religieux».

Le film devait s’appeler «les ombres cachées». Mais le CRIA a estimé qu’il serait contraire à l’islam et violerait la charia ou loi islamique, a déclaré à la presse le président du Centre de censure, Madkour Sabet. Ce plan de tournage, a-t-il ajouté, comporte des parties qui montrent la relation sexuelle entre le démon et la femme. L’islam considère ces genres d’actes comme obscène et bannit leur diffusion pour respect à la personne humaine. Sabet a ajouté que le Centre de censure respecte la décision du CRIA.

Ras-le-bol des intellectuels égyptiens

Ce n’est pas la première fois que le CRIA interdit la diffusion d’une oeuvre culturelle. Il est sollicité régulièrement pour se prononcer sur de nombreux projets de publications de livres et de films. L’une de ses plus grandes interdictions a été celle de la parution du roman «Les enfants de notre quartier» de Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature 1988. L’ouvrage retrace la vie des prophètes de l’islam. L’avis défavorable du CRIA à sa publication n’a pas empêché Mahfouz de le publier. Mais depuis cette publication, dans les années 50, le livre est critiqué et est mis à l’écart dans les milieux religieux musulmans.

Les intellectuels égyptiens, sous tutelle permanente des milieux religieux, en ont ras-le-bol de la censure qui limite la créativité. Ils souhaitent depuis des années l’abolition du système officiel de censure sur la télévision, le cinéma et le théâtre, accusé d’autoriser des oeuvres propageant des valeurs rétrogrades et de promouvoir des tabous religieux, sexuels et politiques. Les créateurs espèrent l’instauration d’une véritable démocratie, l’abolition de la centralisation et de la censure «qui massacre la créativité au nom de protection des moeurs», selon les mots de l’acteur Hussein Fahmi, qui souhaitait aussi qu’un jour «Al-Azhar cesse d’intervenir dans les affaires du cinéma». (apic/ibc/be)

1 août 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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