Egypte: Levée de l’interdictin contre «Le Prophète», de Khalil Gibran

Le célèbre ouvrage du sage libanais à nouveau disponible

Beyrouth, 30 juillet 1999 (APIC) Les autorités égyptiennes ont à nouveau autorisé le livre «Le Prophète» de Khalil Gibran après une interdiction qui a duré quatre mois, rapporte vendredi le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour». La censure du bestseller du grand peintre et poète maronite libanais a suscité l’ire des universitaires libanais, qui y avaient vu un nouveau signe de «l’emprise des islamistes» en Egypte. Pour beaucoup à travers le monde, Khalil Gibran est devenu bien plus qu’un écrivain, un artiste ou un sage: un véritable «maître en spiritualité».

La semaine dernière, après avoir organisé un «sit-in» de protestation devant le siège du Ministère de la Culture à Beyrouth pour manifester contre l’interdiction en Egypte du livre de l’un des auteurs libanais les plus connus et les plus universels, les universitaires avaient réclamé des mesures de rétorsion culturelle contre l’Egypte.

«Le Prophète» contiendrait des passages «susceptibles de heurter certaines sensibilités religieuses», selon les critiques littéraires égyptiennes. L’ouvrage a néanmoins été remis en vente suite à la levée de l’interdiction par les autorités.

92 ouvrages interdits par la censure égyptienne

Le quotidien de Beyrouth rappelle que la censure égyptienne interdit toujours la mise en vente de 92 ouvrages, dont celui du romancier saoudien Abdel Rahman Manif, la traduction anglaise du Coran de Dawood et «Lolita», de Vladimir Nabokov, selon la responsable de la librairie de l’Université américaine au Caire Nahila Youssef. Rappelons que la loi égyptienne interdit la publication d’ouvrages qui mettent en cause la religion.

L’interdiction de Khalil Gibran avait suscité une vague de protestions à travers le Liban, où l’on s’étonne du «diktat imposé par les esprits obscurantistes à une œuvre internationalement lue et appréciée». «Le Prophète», écrit en anglais en 1923 et traduit depuis en une vingtaine de langues, a été écrit par Gibran, mort en 1931 après avoir vécu la plus grande partie de sa vie aux Etats-Unis. L’auteur est né le 6 janvier 1883 à Bécharré, dans le nord du Liban sous domination ottomane, dans ce qui s’appelait alors «Le Liban du Mutassarifiat», dans une famille qui lutta contre l’occupant turc.

Chassé par la famine, le père sortant tout juste des prisons turques, le jeune Khalil émigre aux Etats-Unis avec sa mère et ses frères et sœurs. C’est là qu’il fera l’essentiel de sa carrière de peintre et d’écrivain et où il décéda à New York en 1931. Son corps fut rapatrié et enterré dans l’ermitage de Mar Sarkis, à Bécharré, surplombant la «Qadisha», la mythique «Vallée des Saints» des Libanais. (apic/orj/be)

30 juillet 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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