Egypte: L’Université du Caire supprime la mention d'»identité religieuse»

L’Université du Caire a décidé de supprimer la mention «identité religieuse» sur tous ses documents officiels, tels que les certificats, documents pour étudiants et professeurs, ainsi que pour le personnel universitaire, a annoncé son président, Gaber Nassar.

Dans un entretien téléphonique avec la chaîne satellitaire El Mehwar, repris le 13 octobre 2016, par le quotidien Aswat Masriya (www.aswatmasriya.com), Gaber Nassar a indiqué que cette décision est entrée en vigueur le 11 octobre. Elle sera appliquée dans toutes les facultés, instituts et centres, du premier aux cycles supérieurs. Elle vise à lutter contre l’injustice envers de nombreux étudiants.

Pour le président de l’Université, la pratique donnait l’impression aux étudiants, qu’ils étaient victimes de discrimination fondée sur la religion, «même si cela n’était pas le cas». «Nous avons remarqué que certaines facultés et instituts demandaient aux étudiants de mentionner sur leurs fiches, leur religion.  Des étudiants se sont vu refuser l’admission à ces facultés et instituts du fait de leur appartenance religieuse», a-t-il déploré, ajoutant que la réglementation ou les lois universitaires n’autorisaient pas l’identification des personnes par la religion.

Pour Mohamed Abdel Salam, chercheur de l’Association pour la liberté de pensée et d’expression (AFTE), et enseignant, la décision annoncée par le président de l’université est une étape positive, mais le contexte est important.

Violation de la Constitution

La décision de l’université fait suite à la plainte, début septembre, de Mina Nader un étudiant de l’Institut des études et recherche africaines. L’université avait refusé de l’admettre, sans donner les raisons. Dans sa plainte, Nader demande des éclaircissements sur les raisons de l’identification de la religion sur les formulaires d’admission, si le demandeur est chrétien.

Sans cette plainte, qui a suscité un débat au sein de l’université, «nous n’aurions pas pu influencer les politiques de l’Etat», a poursuivi Mohamed Abdel Salam. Les règles anti-discrimination manquent encore à l’université même si la constitution égyptienne considère à son article 53 la discrimination comme un crime punissable par la loi. La décision de Nassar ouvre le débat sur l’égalité des chances dans l’enseignement supérieur, ainsi pour la sélection de chefs de départements.

Sur sa page Facebook Mina Nader a indiqué que son examen oral d’admission à l’université n’avait pas respecté les normes objectives sur lesquelles la décision d’approbation ou de rejet peut être motivée.(cath.ch-apic/ibc/mp)

Egypte La minorité copte exposée au milieu d'une majorité musulmane | © Jacques Berset
13 octobre 2016 | 17:31
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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