Egypte: pour les croyants, l’unique extrémisme admis: la charité !, affirme le pape

Pour les croyants, l’unique extrémisme admis est la charité, a affirmé le pape François samedi matin 29 avril 2017. Au deuxième jour de son voyage apostolique en Egypte, il s’adressait à la petite minorité des catholiques égyptiens réunis pour la messe à l’Air Defence Stadium, en banlieue du Caire.

Au cours d’une messe célébrée en latin et en arabe, les fidèles catholiques de rite copte, latin, arménien, maronite ou encore syriaque venus de toutes les régions du pays côtoyaient des croyants coptes orthodoxes, des chrétiens d’autres confessions ainsi que des musulmans venus participer à la cérémonie. A noter aussi la présence d’un représentant de l’Université sunnite d’Al-Azhar.

Le pontife a exhorté les fidèles à croire en la résurrection, à travers la croix, et à témoigner de leur foi par la charité.

Après avoir passé la nuit à la nonciature du Caire, où il a rencontré la veille au soir 300 jeunes en pèlerinage, le pape François a célébré la messe du 3e dimanche de Pâques dans ce stade militaire au-milieu du désert, dans des conditions drastiques de sécurité. Le pape a médité l’exemple des pèlerins d’Emmaüs, déçus et désespérés, qui rencontrent le Christ ressuscité sans d’abord le reconnaître.

A travers ce mystère de mort, de résurrection et de vie, le Souverain pontife a souligné le «scandale» que constitue la croix du Christ, «échec apparent» dont il s’agit de trouver le sens. Car «celui qui ne traverse pas l’expérience de la Croix jusqu’à la vérité de la Résurrection s’auto-condamne au désespoir», a-t-il soutenu.

«Crucifier nos idées limitées» sur Dieu

Comme ces pèlerins, a affirmé le pape devant une foule estimée à quelque 25’000 personnes par la presse égyptienne, «nous ne pouvons pas rencontrer Dieu sans crucifier d’abord nos idées limitées» sur Dieu. Idées qui révèlent selon lui une vision de la toute-puissance et du pouvoir. A l’inverse, la toute-puissance de Dieu n’est pas la toute-puissance de la force, de l’autorité, a expliqué le pontife, mais celle de l’amour, du pardon et de la vie.

Pour l’expérimenter, il faut cependant que «l’homme touche le fond de l’échec et de l’incapacité», qu’il se défasse de l’illusion d’être le meilleur et autosuffisant, d’être le centre du monde. Alors «Dieu lui tend la main», a-t-il ajouté, «pour transformer sa nuit en aube (…), sa mort en résurrection».

Le pape François a ensuite recommandé de chercher Jésus «dans l’Eucharistie, dans les Ecritures et dans les sacrements». Alors naît l’enthousiasme du témoignage et de la charité. «Dieu n’apprécie que la foi professée par la vie, parce que l’unique extrémisme admis pour les croyants est celui de la charité ! Toute autre forme d’extrémisme ne vient pas de Dieu et ne lui plaît pas», s’est exclamé le pontife.

Attention aux «faux croyants»

«Il ne vaut pas la peine de prier, a-t-il encore affirmé, si notre prière adressée à Dieu ne se transforme pas en amour du frère». «Pour Dieu il vaut mieux ne pas croire que d’être un faux croyant, un hypocrite», a encore ajouté le pape, car «la vraie foi est celle qui nous rend plus charitables, plus miséricordieux, plus honnêtes et plus humains».

Le pape a conclu son homélie en demandant la bénédiction de la Vierge Marie et de la Sainte Famille, «qui ont vécu sur cette terre bénie», sur la terre de cette «chère Egypte». A l’aube du christianisme, a-t-il encore souligné, ce pays a accueilli l’évangélisation de saint Marc et a donné tout au long de l’histoire de nombreux martyrs et un grand cortège de saints et de saintes. Il a conclu en arabe par un vibrant «Al Massih Kam / Bilhakika kam!», le Seigneur est ressuscité, il est vraiment ressuscité!

Le patriarche copte catholique Ibrahim Isaac Sidrak a vivement remercié le pape pour sa visite en Egypte, en disant qu’on pouvait la résumer ainsi: «le pape de la paix visitant le pays de la paix», rapporte l’agence de presse égyptienne Al Ahram Online qui transmettait en direct les principaux événements de la cérémonie. (cath.ch/imedia/ap/radvat/be)

 

Le pape François en compagnie du patriarche copte catholique Ibrahim Isaac Sidrak à l'Air Defence Stadium, au Caire
29 avril 2017 | 12:19
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Caire (2), Egypte (286), pape françois (2270), Sidrak (2)
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