Le Caire Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d'Al-Azhar | © A.-M. Cochand
International

Egypte: Le réformateur Islam el-Béheiry dans le collimateur d'Al-Azhar

A la demande de l’institution islamique d’Al-Azhar, au Caire, une cour administrative égyptienne a interdit le 29 octobre 2017 de reprogrammer l’émission de télévision «Avec Islam», du nom du présentateur de télévision Islam el-Béheiry.

L’institution sunnite la juge contraire à la loi islamique. Islam el-Béheiry a reçu à cette occasion l’interdiction d’apparaître dans des émissions de TV par satellite.

Prônant officiellement une réforme du discours religieux et appelant – sur la scène internationale – à la tolérance, dans les faits, Al-Azhar dénonce régulièrement en Egypte les courants réformateurs et libéraux.

Pour une relecture approfondie du Coran

Islam el-Béheiry, un islamologue réformateur depuis longtemps dans le collimateur des conservateurs d’Al-Azhar, appelle à un renouveau de l’islam qui, selon lui, a été dévoyé par les exégèses des premiers oulémas. Le chercheur prône la nécessité d’une relecture approfondie du Coran et des dires du prophète de l’islam. Son émission a été distribuée par la télévision privée Al-Qahera Wel Nas TV. Le chercheur qualifie d’»obscurantiste» l’institution sunnite qu’il estime être à l’origine des violences islamistes.

Il faut rappeler que les livres d’interprétation du Coran et des dires du Prophète de l’islam sont considérés par la majorité des musulmans comme étant des textes sacrés, voire des piliers de la religion elle-même, qu’il ne faut en aucun cas remettre en cause.

Le cheikh Ahmed el-Tayeb, grand imam de la mosquée d’Al-Azhar, réclamait depuis plusieurs années la suspension de l’émission «Avec Islam». Al-Azhar accuse le jeune chercheur «d’attaquer régulièrement la loi islamique» et de manquer du respect dû aux savants religieux en profitant de la liberté d’expression garantie par la Constitution.

Qualifié d’apostat

En 2015, Islam el-Béheiry a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, peine réduite à un an en appel, pour «mépris de la religion», également à la suite d’une procédure initiée par Al-Azhar. Bénéficiant d’une grâce présidentielle, il est sorti de prison fin 2016.

Islam el-Béheiry a été dénoncé comme «apostat» par Ahmad Hosny, recteur de l’Université d’Al-Azhar, qui l’a en outre accusé de diffamation à l’encontre des interprètes de la religion musulmane. Il l’avait qualifié d’apostat – ce qui peut lui coûter la vie en terre d’islam – contrairement aux terroristes de Daech qui ne seraient, selon lui, «pas sortis de la religion». «Daech témoigne qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mohamad est son messager. Il n’est donc pas sorti de la religion (…) Je ne peux pas dire qu’ils sont des apostats», avait-il affirmé.

Face aux vives réactions dans le public et aux pressions gouvernementales, le recteur a été limogé le 6 mai 2017. Il a été contraint de quitter ses fonctions et de reprendre le poste de vice-recteur qu’il occupait auparavant, tout en étant sommé de présenter des excuses publiques dans les médias. (cath.ch/ahram/be)

 

 

 

Le Caire Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d'Al-Azhar | © A.-M. Cochand
31 octobre 2017 | 11:21
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Al-Azhar (83), Egypte (286), el-Béheiry (2)
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