L'abbé Nicolas Cishugi a témoigné à Einsiedeln | Silvan Beer ACN
Suisse

Einsiedeln: l’abbé Cishugi relève le rôle de l’Eglise pour la paix en RDC

L’abbé Nicolas Cishugi, engagé dans la promotion de la résolution pacifique des conflits dans la région des Grands Lacs, était l’hôte, dimanche 25 mai, du traditionnel pèlerinage organisé par Aide à l’Église en Détresse (ACN) à l’Abbaye d’Einsiedeln. Cette édition était placée sous le signe de la solidarité avec la République démocratique du Congo (RDC Congo-Kinshasa).

Jacques Berset, pour ACN

L’Église de la RDC apporte dans ce pays une aide précieuse à la population en détresse dans des conditions très difficiles au milieu de la violence et s’engage pour le dialogue, la paix, le pardon, la justice et la réconciliation, a souligné à Einsiedeln l’abbé Nicolas Cishugi. (*)

La «Chorale Cantiques des Anges (CCA) | Photo ACN

Au cours de la célébration eucharistique, animée musicalement par la «Chorale Cantiques des Anges (CCA)», composée de membres d’origine africaine, l’abbé Cishugi a parlé de la violence généralisée qui affecte la région du Kivu, mais également de la foi vibrante des chrétiens dans son pays de 115 millions d’habitants et de plus de 2,3 millions de km2 situé en Afrique centrale. Les fidèles étaient venus en nombre écouter le témoignage de l’abbé Cishugi, natif de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu désormais sous occupation des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23-Mars (AFC/M23).

L’Église mise sur le dialogue et la réconciliation

«La réponse chrétienne à la violence ne doit pas consister en une contre-violence. L’Église mise sur le dialogue, le pardon et la réconciliation», a expliqué Nicolas Cishugi, et pour cela, il est avant tout important d’écouter les autres. «Pour guérir les maladies et les blessures, des soins médicaux sont nécessaires, mais les blessures psychiques ont également besoin d’une thérapie.

Famille de réfugiés à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo | Photo ACN

Celle-ci commence par la rencontre de l’autre et l’échange à travers la parole partagée (le Ndaro, une approche traditionnelle africaine de résolution des conflits au service de la réconciliation sociale et ecclésiale, ndlr), sans oublier aussi la proclamation de la foi. Celle-ci est importante, car elle appelle à la miséricorde, au pardon et au vivre-ensemble. L’Église s’engage pour la paix en favorisant une prise de conscience pour le dialogue et la réconciliation», a-t-il souligné.

A cette occasion, l’abbé Cishugi a remercié l’aide apportée à la population congolaise par l’œuvre d’entraide «Aide à l’Église en Détresse (ACN)».  Depuis 1966, ACN soutient l’Eglise en RDC, notamment les prêtres et les religieuses qui assistent les personnes traumatisées par les violences. ACN finance chaque année des projets de l’Église catholique en République démocratique du Congo à hauteur d’environ 3,5 millions de francs.

La messe dans l’Abbaye a été suivie d’un repas pour les pèlerins à l’hôtel Drei Könige, ensuite d’une conférence de l’abbé Cishugi et de Kinga von Schierstaedt, responsable de projet pour l’Afrique à l’œuvre d’entraide «Aide à l’Église en Détresse (ACN)». JB

(*) L’abbé Cishugi, docteur en théologie de l’Université de Fribourg en Suisse et diplômé en philosophie, est auteur des ouvrages tels que «Justice et Paix, fruits de la Miséricorde» (2016), «Se réconcilier au nom de la vie» (2021), «La palabre africaine: un pilier dans la recherche de la fraternité et de la paix » (2023). Il exerce actuellement son ministère pastoral au sein du diocèse de Bâle et mène en parallèle des activités académiques. Né en 1981 à Bukavu (République démocratique du Congo), l’abbé Cishugi a été ordonné prêtre en 2010 et a exercé son ministère dans une région marquée par la violence, dont il a été témoin oculaire, et a apporté son aide dans le cadre de l’Église locale. JB

L’Eglise n’est pas appelée à se taire mais à témoigner avec courage et joie
Famine, insécurité, enlèvements, viols, tueries. Tel est le climat qui règne dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, tandis que la région reste sous occupation des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23-Mars (AFC/M23), souligne Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu. «Dans ce contexte, l’Eglise n’est pas appelée à se retirer, à se taire mais à témoigner avec courage et joie, car nous sommes pèlerins d’espérance et le Christ notre Sauveur est vainqueur du monde», affirme Mgr Maroy Rusengo dans son message de Pâques adressé aux fidèles de son archidiocèse.
L’archevêque décrit pour Vatican News une situation de survie et d’ultimes recours dans les zones occupées par les rebelles. Les mouvements étant limités, les échanges réduits, les deux provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu se trouve enclavées, déconnectées de l’ensemble du pays. Comme conséquences: les emplois et salaires se trouvent bloqués; certains hôpitaux sont en rupture des médicaments et le banditisme bat son plein…, explique-t-il. L’archevêque de Bukavu relève l’arrière-plan économique de la guerre qui est imposée aux populations de la région, à savoir la mainmise sur les immenses richesses de son sous-sol. «Nous habitons dans une Province convoitée pour la simple raison que le Ciel nous a donné une terre où coule le lait et le miel». JB

L'abbé Nicolas Cishugi a témoigné à Einsiedeln | Silvan Beer ACN
25 mai 2025 | 14:58
par Jacques Berset
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