Le pèlerinage national à Einsiedeln, le 17 mai 2025, a rassemblé plus de 1600 personnes, prêtres, évêques, laïcs et fidèles de toute la Suisse | © Maurice Page
Suisse

Einsiedeln: un pèlerinage national sous le signe de la rencontre

Latin, allemand, français, italien, romanche, mais aussi vietnamien…, de multiples langues résonnent, en ce samedi matin 17 mai 2025, dans la basilique de l’Abbaye d’Einsiedeln (SZ). Près de 1600 fidèles de toute la Suisse ont répondu à l’appel de la Conférence des évêques à participer au pèlerinage national dans le cadre de l’Année sainte.

Une très grande partie de l’épiscopat suisse, des membres du clergé ainsi que des congrégations religieuses sont réunis dans l’église de la Vierge noire, un haut lieu de pèlerinage du pays.

Une très grande partie des évêques de Suisse étaient présents à Einsiedeln | © Maurice Page

L’évêque Martin Krebs, nonce apostolique en Suisse, concélébre la messe, qui se déroule dans les quatre langues nationales, avec une intention de prière en vietnamien. La célébration met ainsi à l’honneur la précieuse diversité de l’Église en Suisse et dans le monde. Outre l’importante délégation vietnamienne, des représentants d’autres communautés, notamment érythréenne, donnent des couleurs à la cérémonie, avec leurs habits traditionnels. Après la messe, la basilique vibre d’un intense moment d’adoration devant la statue de la Vierge.

Solidarité avec les évêques

Puis, les pèlerins se répartissent dans le complexe de l’Abbaye pour la pause de midi. Les fidèles de Romandie sont en petit nombre, mais bien présents. Marie-Christine est venue de St-Maurice, car elle voulait «revoir Einsiedeln», un lieu auquel elle attache de chaleureux souvenirs. La Valaisanne est devenue une adepte des pèlerinages depuis qu’elle en a effectué un à Assise en 2024. «Je me suis rendue compte que cela faisait beaucoup de bien de rencontrer des personnes qui croient en la même chose que vous», confie-t-elle à cath.ch.

Des participantes au pèlerinage national originaires du Vietnam | © Raphaël Zbinden

Les sœurs ursulines de Fribourg ont également tenu à faire le déplacement. «C’est important de montrer la communion de l’Église et notre solidarité avec les évêques, surtout en ces temps difficiles que traverse l’Église», souligne sœur Josiane.

Tous frères et sœurs

L’événement est effectivement l’occasion pour les évêques d’échanger avec les baptisés. Des discussions conviviales, par groupes linguistiques, sont proposées dans l’après-midi.

Pour les germanophones, Mgr Felix Gmür réaffirme l’espoir d’une Église en mouvement: «En particulier dans la communion, nous sommes tous frères et sœurs.» Pour l’évêque de Bâle,  c’est précisément dans ce sens que la Suisse multilingue et diverse devient un lieu propice pour la pratique synodale.

Pour une Église «qui continue»

Les ursulines de Fribourg ont voulu montrer leur solidarité avec les évêques | © Raphaël Zbinden

Une vingtaine de francophones sont aussi réunis autour de Mrg Morerod. De nombreux rires fusent suite aux boutades de l’évêque bien connu pour son sens de l’humour. L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) se penche sur la vertu d’espérance, au cœur de l’Année sainte. Une espérance intimement liée à l’idée de résurrection et d’une vie après la mort.

Pour le président de la Conférence des évêques suisses (CES), avoir cette espérance induit une certaine manière de vivre. Cela change notamment son rapport aux autres, le rendant plus paisible, ainsi que notre manière de réagir à l’adversité. Mgr Morerod appelle ainsi chaque fidèle, a être «un signe d’espérance» pour les personnes éloignées de l’Église en témoignant de l’Évangile.

Il relève que le pèlerinage est un élément important de la vie de foi, impliquant un déplacement, une ouverture au changement et à la conversion dans notre vie. Une nécessité de progression qui vaut non seulement pour le baptisé mais aussi pour l’institution ecclésiale. «Il faut que l’Église soit l’Église qui continue», conclut-il.

Mgr Morerod a échangé avec des fidèles de Suisse romande | © Raphaël Zbinden

La journée se termine par une bénédiction d’envoi, à nouveau face à la Vierge noire. À cette occasion, des chants dans les langues nationales résonnent encore une fois. Les nombreux pèlerins, différents mais unis sous la grâce de Marie, rejoignent alors les quatre coins de la Suisse. (cath.ch/rz)

Pèlerinage, Année sainte, Synode… questions à Mgr Morerod et Federer

cath.ch a approfondi certains points liés à l’événement, avec Mgr Urban Federer, Père-Abbé d’Einsiedeln et Mgr Charles Morerod, président de la CES.

Quel est le but de ce pèlerinage national à Einsiedeln?
Mgr Federer: L’Année sainte est une année de pèlerinage. Nous avons vu comme un beau signe d’inviter tous les baptisés de Suisse à progresser dans un même élan sur le chemin vers le Christ. Un tel pèlerinage national est une occasion pour l’Église en Suisse, dans ces multiples facettes, de se rassembler et de se rencontrer.

C’est pourquoi la dimension multiculturelle est spécialement mise en valeur…
Mgr Federer: Oui, c’est aussi une façon de refléter la beauté de l’Église universelle.  L’espérance n’est jamais quelque chose que l’on cultive seul, elle a besoin des autres, elle se partage, elle se nourrit des différences.

Ne craignez-vous pas que les processus jubilaires et synodaux ne s’essoufflent après le décès du pape François, qui les avaient lancés et qui les «portait»?
Mgr Morerod: Je n’ai pas de crainte, mais la personnalité d’un pape n’est pas celle d’un autre pape. Je ne crois pas que le processus synodal soit mis en cause, mais il doit probablement trouver un nouveau souffle. Car on voit des signes d’essoufflement chez nous. Les gens participaient nombreux et ils étaient enthousiastes au début. Donc un nouveau départ pourrait être utile, effectivement.

Si l’on parle d’espérance, comment percevez-vous le regain d’intérêt de jeunes pour l’Église, l’augmentation de catéchumènes, dans certains pays d’Europe et notamment en Suisse?
Mgr Morerod: Ces personnes viennent avec des motivations profondes et en même temps assez différentes. Mais je crois que cela peut être un fort symbole pour la recherche d’espérance en général dans l’Église. RZ

Le pèlerinage national à Einsiedeln, le 17 mai 2025, a rassemblé plus de 1600 personnes, prêtres, évêques, laïcs et fidèles de toute la Suisse | © Maurice Page
18 mai 2025 | 13:42
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 5  min.
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