Elle aurait «glorifié» la souffrance des pauvres
Inde: Une étude canadienne critique Mère Teresa
Bombay, 5 mars 2013 (Apic) «Tout sauf une sainte». C’est ainsi que l’étude d’un groupe d’universitaires canadiens spécialistes de l’éducation définit la célèbre religieuse Mère Teresa. Les chercheurs l’accusent notamment d’avoir mal géré les sommes d’argent à sa disposition. Elle aurait aussi «trop aimé» la souffrance des pauvres. Pour certains observateurs, les conclusions de l’étude cherchent uniquement à salir la réputation de la bienheureuse, décédée en 1997.
«Un vulgaire exercice de diffamation dont l’objectif est de ternir son œuvre», affirme Pascoal Carvalho, un médecin de Bombay relayé le 4 mars 2013 par l’agence d’information catholique «AsiaNews». Le membre de «L’Académie pontificale pour la vie», rappelle que «Mère Teresa a toujours été très lucide par rapport à sa mission. Elle a toujours été consciente des critiques dirigées à son encontre.»
L’article intitulé «Les côtés ténébreux de Mère Teresa», sera publié au mois de mars dans la revue universitaire canadienne «Studies in Religion». Selon ses auteurs, Serge Larivée et Geneviève Chénard, du Département de psychoéducation de l’Université de Montréal, ainsi que Carole Sénéchal, de la Faculté d’Education de l’Université d’Ottawa, le personnage de Mère Teresa est le fruit d’une campagne médiatique orchestrée et très efficace. Le but de l’action aurait été de «revitaliser le catholicisme».
Le miracle qui a permis à la religieuse d’être béatifiée serait en outre de l’esbroufe. «Les sœurs religieuses de l’hôpital où était traitée une femme qui avait de graves douleurs à l’abdomen ont payé la patiente et son mari pour qu’ils affirment que Mère Teresa avait guéri ses douleurs», affirme l’étude. La femme en question aurait donc été soignée grâce à des médecins et non pas seulement par l’opération du Saint Esprit.
Les conclusions de Larivée et ses deux collègues se basent sur la lecture de 500 ouvrages évoquant la vie de la religieuse décédée en 1997 à Calcutta, en Inde.
L’argent de dictateurs?
Mère Teresa aurait accepté l’argent de dictateurs, notamment de l’ancien chef d’Etat Haïtien Claude Duvallier.
L’étude prétend également qu’elle était plus encline à «glorifier» la souffrance des personnes miséreuses qu’à soulager cette dernière. Le rapport allègue que les dispensaires tenus par la religieuse d’origine macédonienne avaient des conditions d’hygiène laissant à désirer. Les structures auraient aussi manqué de nourriture et de médicaments.
Une défenseuse absolutiste de l’enfant à naître
Le docteur Carvalho explique avoir rencontré Mère Teresa en personne à Nirmal Hriday, le premier foyer ouvert par la religieuse à Calcutta, en 1962. «C’était un endroit où le don de l’amour, dans sa forme la plus pure, était pratiqué quotidiennement», relève-t-il.
Dans son étude, Serge Larivée critique les opinions «excessivement dogmatiques» de Mère Teresa, notamment sur les questions de l’avortement, de la contraception et du divorce. Elle se serait notamment opposée aux interruptions de grossesses des femmes bosniaques violées par des Serbes. Le médecin de Bombay note qu’elle était «une ardente et infatigable défenseuse de l’enfant à naître». Pour la bienheureuse, l’avortement était la plus grande menace pour la paix. Elle voyait en effet cet acte comme une guerre contre l’enfant, le meurtre de sang-froid d’une petite créature innocente, et par extension, le meurtre de la mère. «La vie humaine est sacrée», rappelle Pascoal Carvalho. «Sa sacralité et sa dignité font partie intégrante de l’identité catholique». (apic/asianews/rz)