Tunisie : Pour Amina, ex-Femen, « il faut respecter la religion de chacun »
Elle quitte le mouvement qu’elle juge islamophobe
Tunis, 24 août 2013 (Apic) Amina Sboui, jeune tunisienne égérie des Femen dans le monde arabe, a décidé de quitter ce mouvement qu’elle juge « islamophobe » et dont le financement lui semble douteux.
Dans une entrevue au Huffington Post Maghreb, la jeune femme de 19 ans explique qu’elle « ne veut pas que son nom soit associé à une organisation islamophobe ». Elle dit ne pas avoir apprécié l’action où les filles criaient « Amina Akbar, Femen Akbar » devant l’ambassade de Tunisie en France. « Cela a touché beaucoup de musulmans et beaucoup de mes proches. Il faut respecter la religion de chacun », a-t-elle souligné.
Menacée de mort par les salafistes après avoir diffusé sur les réseaux sociaux une photographie d’elle seins nus accompagné du message « Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne », séquestrée par sa famille pendant près de trois semaines, elle avait réussi à s’échapper pour continuer des actions qui ont suscité la controverse en Tunisie et dans le monde. Le 19 mai dernier, elle a été arrêtée pour avoir tagué le mur d’un cimetière à Kérouan et détenue en prison pendant deux mois. En signe de soutien, trois militantes Femen occidentales, avaient alors mené devant le palais de justice de Tunis la première action de leur mouvement dans le monde arabe. Elles furent à leur tour interpellées, condamnées avec sursis puis relâchées et expulsées du pays.
La jeune tunisienne a remercié ces Femen qui se sont solidarisées avec elle, ajoutant toutefois que leur action avait aggravé son cas, puisqu’un autre chef d’inculpation (association de malfaiteurs) a alors été ajouté à son dossier, alors qu’elle était en prison. « Elles auraient dû se renseigner auprès de mes avocats avant de faire certaines actions ».
Par ailleurs, Amina Sboui a évoqué la question des ressources financières du mouvement Femen qu’elle estime peu transparent.
Elle continue son combat
Reste que si elle « divorce » du mouvement Femen, Amina n’a pas mis fin à son activisme. Récemment, elle a posé seins nus avec une inscription dénonçant le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement en Tunisie. Elle envisage d’intégrer le mouvement Feminism Attack, un groupement anarchiste né au printemps. « Pour moi, le problème en Tunisie n’est pas le parti Ennahda […], le problème, c’est tout le système. Si l’un de ces partis d’opposition gouvernait demain, ce serait la même chose. Mon problème n’est pas de pouvoir porter une mini-jupe ici […] mais que demain, une femme puisse être présidente de la République, que dans les milieux ruraux, les femmes ne soient pas celles qui souffrent le plus. »
Regrettant ce qu’elle considère comme une « trahison » , l’initiatrice du mouvement Femen, l’ukrainienne Inna Shevchenko estime que la jeune tunisienne « fait un cadeau aux islamistes qui l’utiliseront comme une preuve de ses regrets ». (apic.infocatho.be/mp)