Etats-Unis: Les Eglises unies contre la nouvelle loi sur l’immigration de l’Alabama

Elles attaquent la loi devant la justice fédérale

Mobile, 3 août 2011 (Apic) Les Eglises chrétiennes de l’Etat d’Alabama, unies contre la nouvelle loi sur l’immigration – désormais la plus sévère aux Etats-Unis – ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux au plan fédéral. Elles estiment qu’elles n’avaient pas d’autre choix pour défendre leur droit à la liberté de la pratique religieuse garantie aux citoyens de l’Alabama, mise en cause par cette loi restrictive votée par une majorité de députés conservateurs.

«Cette nouvelle loi nous empêche, en tant que croyants, de pratiquer notre vie de foi comme ordonné par notre Seigneur Jésus», écrit sur son site internet Mgr Thomas J. Rodi, archevêque de Mobile, en Alabama. (Cf. www.mobilearchdiocese.org).

Les responsables des Eglises épiscopalienne, méthodiste et catholique romaine d’Alabama ont déposé le 1er août un recours contre la nouvelle loi pour tenter de l’empêcher d’entrer en force le 1er septembre prochain, estimant qu’elle viole la liberté de religion. Les évêques ont qualifié cette loi «de législation anti-immigration la plus impitoyable du pays».

La nouvelle législation de l’Alabama – un Etat au passé ségrégationniste où régnait le sinistre Ku Klux Klan, toujours influent – va affecter «tous les aspects» de la vie des immigrants sans papiers et «rendre la pratique de notre religion chrétienne illégale», estime l’archevêque de Mobile. Il est signataire de l’appel, déposé le 1er août à Birmingham, contre la nouvelle loi avec l’évêque Robert J. Baker, du diocèse catholique de Birmingham, de l’évêque Henry N. Parsley Jr., du diocèse épiscopalien d’Alabama, et l’évêque méthodiste William H. Willimon.

Un an après l’Arizona, l’offensive conservatrice se poursuit

Un an après l’Arizona, l’Alabama a adopté à son tour une loi anti-immigration très controversée qui fait du délit de faciès une pratique courante et oblige les écoles à informer la police du nombre d’élèves en situation illégale.

Déposé le 1er mars par le député républicain Micky Hammon, le projet de loi immatriculé HB56 est passé comme une lettre à la poste à la Chambre et au Sénat de l’Etat, tous deux dominés par les conservateurs depuis 2010. Le texte est censé entrer en vigueur le 1er septembre prochain. HB56 est calqué sur le modèle d’une loi adoptée en 2010 par le Congrès d’Arizona. La loi d’Alabama va encore plus loin. Ainsi la nouvelle législation rend illégale, pour un prêtre catholique, l’action de célébrer le baptême ou d’entendre la confession, voire même de donner l’onction des malades à un immigrant sans-papier!

Conduire un sans-papier chez le médecin ou célébrer un baptême d’un enfant sans-papier sera illégal

Elle donne ainsi le droit aux autorités de l’Etat de demander ses papiers à toute personne jugée «raisonnablement» suspecte et de l’arrêter pour procéder à une enquête plus approfondie. Il devient par ailleurs illégal non seulement d’employer un sans-papier (sous peine de suspension de la licence de travail du patron) mais aussi de le protéger, l’héberger, lui louer un logement ou le prendre en voiture même si c’est pour le conduire chez un médecin.

Le texte précise en outre que les individus clandestins ne pourront pas recevoir d’aides publiques et une base de données en ligne vérifiera automatiquement le statut de tout nouvel employé. Enfin, la loi frappe directement le droit à l’éducation des jeunes immigrants illégaux et oblige les écoles publiques à procéder à des inventaires de leurs élèves afin de faire rapport aux autorités du nombre d’individus clandestins. «Un véritable appel à la délation des enfants», relèvent les opposants à cette loi très restrictive.

Vague d’indignation dans les milieux d’Eglise et la frange progressiste

Cette loi a suscité une vague de protestation chez les élus locaux démocrates et les organisations de défense des droits civiques. Les Eglises ont exprimé leur mécontentement car l’une des dispositions leur interdit de fournir des refuges aux sans-papiers.

Les associations de défense des droits civiques estiment que l’entrée en vigueur de cette législation fera de l’Alabama «l’endroit le plus dangereux à vivre pour les gens de couleur aux Etats-Unis». Ironie du sort: cet Etat fut le point de départ du mouvement pour la défense des droits civiques dans les années 1960.

Le républicain Mike Hubbard, porte-parole de la Chambre des représentants de l’Alabama, a déclaré pour sa part que la loi allait entrer en vigueur malgré le recours devant la justice fédérale, car «l’Alabama ne va pas devenir un Etat sanctuaire pour les immigrants illégaux». (apic/cns/com/be)

3 août 2011 | 17:51
par webmaster@kath.ch
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