Rome: Le Père Cantalamessa fait son mea culpa
En présentant ses excuses après avoir soulevé une vive polémique
Rome, 4 avril 2010 (Apic) Le prédicateur de la Maison pontificale du Vatican, le Père Raniero Cantalamessa, qui a indirectement dressé un parallèle entre les accusations portées contre le pape et l’Eglise dans les scandales de pédophilie et l’antisémitisme, a présenté ses excuses dans le «Corriere della Sera», publié dimanche.
«Si j’ai contre ma volonté heurté la sensibilité des juifs et des victimes de la pédophilie, je le regrette sincèrement et je m’en excuse en réaffirmant ma solidarité avec les uns et les autres», a déclaré le père Cantalamessa au plus important quotidien de la péninsule, le Corriere della Sera, cité par l’Agence télégraphique suisse.
Pendant la liturgie de la Passion du Christ, le père Cantalamessa avait lu devant le pape un passage d’une lettre de «soutien» au pape et à l’Eglise catholique qu’il disait avoir reçue d’un «ami juif».
Ce rapprochement entre l’antisémitisme et la période très difficile traversée par l’Eglise catholique en Europe et aux Etats-Unis avec une cascade de révélations de cas de pédophilie a provoqué l’indignation des associations de victimes et des communautés juives dont certains responsables ont réclamé des excuses du pape Benoît XVI.
Le Vatican n’a pas tardé à réagir en affirmant que ce n’est en aucun cas la position du Saint-Siège.
La Fête de Pâques, qui a débuté jeudi en fin d’après-midi à Rome avec la messe de la Cène du Seigneur dans la cathédrale de Rome, la basilique Saint-Jean-de-Latran, où le pape a lavé les pieds d´une douzaine de prêtres de son diocèse, comme le veut la tradition, est ternie cette année par les affaires de pédophilie et la polémique soulevée par le père Cantalamessa. Cela, lors de la célébration de la Passion du vendredi au Vatican, où le capucin a prononcé son homélie devant Benoît XVI à l’occasion de l’office du Vendredi saint dans la basilique Saint-Pierre. Une célébration qui devait être suivie, dans la soirée, par le Chemin de croix au Colisée, au coeur de Rome.
Les festivités de Pâques culmineront dimanche avec la bénédiction «urbi et orbi» du pape Benoît XVI. Sur fond de scandales à répétition de pédophilie par des prêtres, parfois couverts par leur hiérarchie, qui secouent des pays européens et les Etats-Unis. Aux messages de soutien adressés au pape d’évêques du monde entier et d’épiscopats, succèdent de nouvelles révélations qui assombrissent l’atmosphère festive qui devrait être de mise ces jours. Et ce n’est pas la nouvelle révélation qui met en cause un cardinal américain ardent défenseur du pape Benoît XVI dans les nouveaux scandales de pédophilie, qui détendra le climat.
Le cardinal américain William Levada aurait en effet organisé dans les années 90 la mutation d’un prêtre qui avait violenté des enfants, sans prévenir les paroissiens, a-t-on appris samedi de source judiciaire. Dans un long témoignage sous serment datant de janvier 2006 et dont une transcription a été fournie à l’AFP par une avocate de victimes de prêtres pédophiles dans l’Oregon (nord-ouest des Etats-Unis), Mgr William Levada a raconté qu’il a décidé de muter ce prêtre, après que celui-ci eut suivi une thérapie, à l’époque où lui-même était archevêque de Portland, entre 1986 et 1995. Toujours selon l’AFP, le quotidien assurait samedi, témoignages et documents à l’appui, que bien que défroqué, le prêtre avait continué à abuser des enfants jusqu’à sa mort en 1998.
Selon un sondage diffusé samedi par la chaîne CBS, les Américains feraient de moins en moins confiance au pape, le taux d’avis défavorables étant passé de 4 à 24%. (apic/arch/ag/pr)