La proportion de personnes appartenant à une communauté religieuse s'effrite régulièrement en Suisse | ©  DR
Suisse

En Suisse, le déclin de la foi et des pratiques religieuses se poursuit

De moins en moins de personnes résidant en Suisse appartiennent à une religion et ont des pratiques religieuses, souligne l’Office fédéral de la statistique (OFS) dans un rapport publié le 23 juin 2025. Pour une majorité de la population, la religion et la spiritualité continuent toutefois d’avoir leur place dans les moments difficiles de la vie.

La Suisse reste majoritairement chrétienne. En 2023, on y recense 31% de personnes de confession catholique romaine et 19% de confession évangélique réformée. Les autres communautés évangéliques et chrétiennes constituent 6% de la population, note le rapport de l’OFS. Ces dernières sont les seules dénominations chrétiennes à voir leurs effectifs légèrement augmenter.

14’528 personnes résidant en Suisse ont participé à l’enquête de l’OFS, dont 52% de femmes et 48% d’hommes.

La communauté catholique romaine s’est réduite d’un peu plus d’un tiers au cours des cinquante dernières années, et la communauté protestante de 60%. Une réduction qui s’est surtout faite au profit du groupe des «sans appartenance religieuse». Le dépassement s’est effectué en 2022. Cette année-là, le nombre de personnes se déclarant sans appartenance religieuse a représenté une plus grande proportion de la population que les catholiques romains.

Les «sortants» catholiques en désaccord avec l’Église

Le groupe des «sans religion» a ainsi «explosé» au cours des dernières décennies, passant de 1% en 1970 à 36% aujourd’hui. On observe également une croissance des communautés musulmanes ou issues de l’islam, qui représentent aujourd’hui 6% de la population, contre 4% en 2000 et 0,2% en 1970.

L’absence ou la perte de la foi (28%) est la raison la plus fréquemment mentionnée pour avoir quitté sa religion, suivie de près par le désaccord avec les prises de positions de la communauté concernée (26%). Pour les personnes ayant quitté l’Église catholique romaine, cette dernière raison prime (38% contre 23% pour l’absence ou la perte de la foi).

Moins de Bible, plus de YouTube

Cette «déchristianisation» va de pair avec une baisse de la pratique et la fréquentation des manifestations religieuses, en l’espace de dix ans. De moins en moins de personnes assistent à des services, suivent des manifestations religieuses ou spirituelles à la radio, à la télévision ou sur internet, prennent le temps de prier ou de lire régulièrement des ouvrages religieux ou sacrés.

Mais le fait que les gens ouvrent moins de Bibles ou de Corans, ne signifie pas un désintérêt pour le thème de la spiritualité. Selon l’OFS, la lecture régulière de livres, de magazines ou d’articles sur internet traitant de spiritualité est devenue globalement plus populaire au cours des dix dernières années (hausse de 13% à 20%). La hausse des lectures spirituelles est la plus importante parmi les 15 à 24 ans (+13 points).

Les ados plus croyants que leurs aînés

La proportion de la population qui croit en Dieu ne cesse par ailleurs de diminuer. En 2014, 46% des personnes interrogées croyaient en un seul dieu, contre 38% en 2024. La baisse est particulièrement marquée chez les personnes âgées de 65 ans ou plus (-14 points de pourcentage), la proportion de croyants n’ayant guère changé chez les moins de 25 ans.

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En fait, les jeunes de 15 à 24 ans sont 43% à croire en un ou plusieurs dieux: une proportion significativement plus grande que celle des 25 à 44 ans (35%), mais équivalente aux générations suivantes (45 à 64 ans: 41%, 65 ans et plus: 45%). Parallèlement, la part des personnes qui ne croient ni en un dieu ni en plusieurs, ou qui doutent de l’existence d’un ou de plusieurs dieux a augmenté, y compris au sein de la population de confession catholique romaine ou évangélique réformée (passant respectivement de 20 à 26% et de 23 à 32%).

La religion importante dans les moments difficiles

La religion ou la spiritualité continuent toutefois de jouer un rôle plutôt important, voire très important, dans les moments difficiles de la vie et en cas de maladie pour la majorité de la population (respectivement pour 56 et 52%). Elle occupe une place importante pour près de la moitié des personnes interrogées (et même 55% pour les 65 ans ou plus) dans leur manière de percevoir l’environnement et pour 45% des parents dans l’éducation de leurs enfants.

Évidemment, le fait d’avoir ou non une religion joue un rôle dans cette distribution. Même si les personnes sans appartenance religieuse sont tout de même 27% à juger importante la religion ou la spiritualité dans les moments difficiles. Dans tous ces contextes, la religion ou la spiritualité comptent en général davantage pour les femmes que pour les hommes. (cath.ch/com/rz)

Le lien vers l’enquête de l’OFS

La proportion de personnes appartenant à une communauté religieuse s'effrite régulièrement en Suisse | © DR
23 juin 2025 | 16:56
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Foi (68), Jeunes (267), OFS (9), sociologie (24), Statistiques (56)
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