Centrafrique : L’archevêque de Bangui : «le pays vit dans la terreur»
Encore 25 morts dans une attaque des ex-rebelles
Bangui, 25 août 2013 (Apic) Quatre mois après le coup d’Etat du 24 mars, par lequel les rebelles de la coalition ‘Seleka’ ont destitué l’ancien président Bozizé, le pays vit toujours dans le chaos et la terreur, a expliqué le 23 août 2013 l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapala-Hinga. Le 22 août, 25 personnes personnes ont été tuées dans une attaque contre des partisans de l’ancien président.
«Même après la cérémonie d’investiture du président Michel Djotodia, les violences ne se sont pas arrêtées. Bangui et tout le pays vivent dans la terreur des rebelles de la Seleka »a déclaré à l’agence d’information missionnaire MISNA l’archevêque de Bangui, racontant le dernier épisode de violence imputé aux anciens rebelles, essentiellement composés de Tchadiens et de Soudanais.
«La Seleka a isolé tout le quartier de Boy-Rabe. Je le sais parce que j’étais là et j’ai réussi à en sortir juste à temps», a raconté le religieux, avant de préciser qu’un groupe nombreux de rebelles armés est entré dans les habitations la nuit dans le but de désarmer les partisans de Bozizé et ont ouvert le feu sur des civils désarmés. «Je ne saurais dire s’ils ont fini par trouver des armes, mais ce que je peux dire, c’est que j’ai vu ce matin les signes de pillages, de maisons éventrées, de meurtres, de blessures et de violences en tout genre». Selon lui «les Centrafricains perdent progressivement tout espoir», car en dépit de l’arrivée de la Mission internationale de soutien au Centrafrique (Misca), chargée de rétablir l’ordre dans le pays, «peu de choses à l’heure actuelle semblent avoir changé».
Climat d’insécurité et d’impunité
L’archevêque, qui est également président de Caritas-Centrafrique et de la conférence épiscopale, indique que les habitants de Boy-Rabe, terrorisés par les miliciens, «ont cherché refuge dans le monastère de la Mère du Verbe, situé près de là, «dont nous avons laissé les portes ouvertes toute la nuit pour permettre aux gens de s’y réfugier. Des centaines de personnes se trouvent encore à l’intérieur et ne veulent pas sortir parce qu’elles ont peur».
Cette situation, poursuit l’archevêque, «ne correspond pas à un cas isolé et des attaques semblables se sont vérifiées dans d’autres quartiers, comme à Boeing et à Bainville» et témoignent d’un climat d’»insécurité et d’impunité totales et la population se sent laissée à elle-même et à la merci des anciens rebelles».
Alors que quatre mois se sont écoulés depuis le coup d’Etat, les autorités de transition ne sont toujours pas parvenues à rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays. Au Centrafrique, «la sécurité est pratiquement inexistante, il n’y a pas de police, pas de système judiciaire ni de services sociaux», a pour sa part déploré le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les droits de l’Homme, Ivan Simonovic. (apic/misna/mp)