Enfants placés: L'Eglise salue la proposition de fonds de 300 millions du Conseil fédéral

Berne, 25 juin 2015 (Apic) L’Eglise catholique en Suisse salue la proposition du Conseil fédéral d’un fonds de solidarité de 300 millions de francs pour indemniser les personnes placées de forces lorsqu’elles étaient enfants. Cette procédure «rapide» est adéquate pour aider des personnes déjà souvent âgées, confie à cath.ch Wolfgang Bürgstein, secrétaire général de la commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses (CES).

La CES et Justice et Paix envisagent de donner officiellement une réaction positive à la démarche du Conseil fédéral, indique Wolfgang Bürgstein. Le responsable d’Eglise rappelle également qu’une collecte en faveur du fonds privé d’indemnisation pour les victimes de placements forcés, créé en 2013 sous l’égide de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, est prévue pour le dimanche 16 août 2015.

La proposition de fonds du Conseil fédéral est une façon de lancer un contre-projet indirect à l’initiative dite «sur la réparation».

Pendant des décennies et jusqu’en 1981, en Suisse, des dizaines de milliers d’enfants, orphelins ou retirés à leurs familles considérées comme inaptes à les élever, ont été placés de force dans des familles d’accueil, en foyer, dans des institutions religieuses, voire en prison.

Déposée en automne dernier et munie de 108’000 signatures, l’initiative «sur la réparation» demande de reconnaître l’injustice et les graves préjudices commis à l’encontre des milliers d’enfants placés. L’initiative demande une réparation pour les 12’000 à 15’000 enfants placés, la création d’un fonds de 500 millions de francs et une étude scientifique sur ce chapitre noir de l’histoire suisse.

La FEPS favorable au contre-projet

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), qui participe au fonds de solidarité, a également confirmé qu’elle était favorable à l’outil que représente le contre-projet indirect. «Celui-ci permet d’agir plus rapidement que l’initiative», a indiqué à cath.ch Marina Kämpf, porte-parole de la Fédération. Elle s’est déjà engagée dans le cadre des travaux menés par la Table ronde pour que les victimes puissent avoir accès aux archives ecclésiales les concernant, rappelle la porte-parole. La Fédération soutient la proposition du Conseil fédéral de mettre en place des mesures pour préserver les archives, y compris privées. Elle souhaiterait que, dans le cadre du programme de recherches historiques proposées par le Conseil fédéral, le rôle des institutions ecclésiales et des pasteurs de l’époque soient également examiné, souligne Marina Kämpf.

Satisfaction des initiants

Le Conseil fédéral, qui reconnaît cette injustice et souscrit aussi bien à la demande de réparation qu’au lancement d’une étude historique, estime toutefois que l’inscription de ce fonds permettrait d’indemniser beaucoup plus rapidement les victimes.

En 2013, lors d’une table ronde consacrée à ces événements, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga avait demandé pardon à ces personnes au nom du Conseil fédéral. Un fonds d’aide immédiate avait alors été créé, alimenté en particulier par les Eglises catholique romaine et protestantes, en attendant une indemnisation plus vaste.

Porte-parole de l’initiative, Pascal Krauthammer salue le geste du Conseil fédéral, «qui tient ses promesses et agit rapidement». Avec 300 millions, la Confédération sera en mesure d’indemniser correctement les victimes de ces placements de force, reconnaît-il. Il estime également important que le gouvernement reconnaisse cette injustice et participe au travail de mémoire. Le comité d’initiative pourrait à présent retirer son projet, mais il attend de voir le sort que le Parlement réservera à la proposition du Conseil fédéral. (apic/lt/arch/rz)

Les victimes de placements forcés sont souvent dans une situation précaire (Photo d'illustration:Indraneel Biswas/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
25 juin 2015 | 16:03
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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