Engagé comme «pompier» dans un diocèse en flammes

Zurich: L’ancien évêque auxiliaire de Coire, Mgr Peter Henrici, va sur ses 85 ans

Zurich, 22 mars 2013 (Apic) Le nouveau pape sera probablement un Italien, avait prédit Mgr Peter Henrici. «Finalement, ça n’est pas si faux», affirme en souriant ce connaisseur de la vie romaine. Car l’Argentin Jorge Mario Bergoglio est un «demi-Italien», avec des racines piémontaises. Le 31 mars, le jésuite et ancien évêque auxiliaire de Coire fêtera ses 85 ans.

Il y a 20 ans, en 1993, Peter Henrici a été engagé comme «pompier». Le professeur d’histoire de la philosophie à l’Université grégorienne à Rome a été envoyé d’urgence par le pape Jean Paul II pour officier comme évêque auxiliaire dans un diocèse de Coire en flammes. Le feu se propageait sur le toit. Trois ans auparavant, le contesté Wolfgang Haas était nommé évêque de Coire. Son activité dans le diocèse provoqua de nombreuses déchirures.

Le jésuite Peter Henrici aurait préféré poursuivre son chemin à Rome, où il enseignait depuis 1960. Il avait même fondé en 1979 le «Centro Interdisciplinare sulla Communicazione Soziale», dont il a été le premier directeur. Depuis 1983, il est coéditeur de la revue catholique internationale «Communio». Et même après sa nomination au diocèse de Coire, il est resté très attaché à l’enseignement et à la recherche. Il a œuvré durant de nombreuses années comme professeur invité à la Faculté de théologie de Coire et a même été nommé professeur honoraire en 2008.

Les tensions se sont apaisées

Le jésuite a été envoyé pour aider le diocèse de Coire miné par la contestation, «pour que les âmes puissent se réconcilier et que la concorde offerte par le Christ soit renforcée», précise la bulle de nomination du pape. Peter Henrici sera évêque auxiliaire du diocèse de Coire et vicaire général, avec siège à Zurich. Sa personnalité communicative et ses qualités de meneur ont alors contribué à apaiser progressivement les tensions au cours des années.

Fidèle à sa devise épiscopale «Virtus in infirmitate», qu’il traduit par «force de Dieu dans la faiblesse humaine», il a exercé son autorité en favorisant une évolution intelligente et vigilante de l’Eglise, comme a affirmé le cardinal Karl Lehmann en 1998 à propos de son ancien professeur, lors d’une messe à l’occasion du 70e anniversaire de Mgr Henrici.

En tant qu’évêque auxiliaire avec siège dans la ville de Zwingli, il a développé des relations oecuméniques avec cœur et intensité. La collaboration a été particulièrement fructueuse avec le défunt président du Conseil de l’Eglise évangélique réformée du canton de Zurich, Ruedi Reich. Ensemble, ils ont appliqué le principe: «Ce qui nous unit est bien plus important que ce qui nous sépare». Ce qui se traduisait concrètement auprès des paroisses par la monition: «La collaboration est la règle, et le cavalier-seul l’exception».

Parmi les projets oecuméniques phares figurent entre autres l’aumônerie de l’aéroport de Zurich-Kloten et la chapelle de la gare principale. En septembre 1997, lors de la Fête fédérale d’action de grâce, Reich et Henrici diffusaient ensemble une lette pastorale œcuménique fracassante, dans laquelle était abordée de façon offensive la possibilité d’une hospitalité eucharistique.

Traduire le chinois ecclésial en langage compréhensif

De 1998 à 2003, Mgr Henrici a rejoint le présidium de la Conférence des évêques suisses. Il était également responsable des domaines «Eglise et société» et «médias». Son activité médiatique a consisté grandement en un travail de «traduction», a-t-il affirmé lors d’une interview à l’Apic. «Nous parlons surtout une forme de chinois ecclésial, que les gens ne comprennent absolument pas. C’est pourquoi il est très important que les chrétiens travaillent dans les rédactions et puissent accomplir leur activité rédactionnelle en gardant un point de vue chrétien.»

Le 5 février 2007, Mgr Peter Henrici prend sa retraite d’évêque auxiliaire de Coire. Il vit actuellement à la Maison Lassalle de Bad Schönbrunn, chez les jésuites, dans le canton de Zoug. Il porte un regard critique sur la situation actuelle du diocèse de Coire sous l’épiscopat de Mgr Vitus Huonder. Le climat entre la direction du diocèse à Coire et le canton de Zurich, en particulier, a empiré, a-t-il récemment déploré dans une interview à la «Solothurner Zeitung». Malheureusement, ce qui a été bâti à son époque s’est partiellement effondré.

Un vent de renouveau dans l’Eglise

C’est avec une attention particulière qu’il a suivi les récents développements à la tête de l’Eglise catholique. L’élection de l’Argentin de 76 ans Jorge Mario Bergoglio comme pape est interprété par Henrici comme «un complément» du conclave de 2005. A l’époque, son confrère jésuite était le favori de plusieurs cardinaux, qui souhaitaient un vent de renouveau dans l’Eglise. Mais le cardinal Bergoglio avait renoncé au profit de Joseph Ratzinger.

Mgr Henrici est persuadé que le successeur du pape théologien Benoît XVI dispose d’une force de volonté suffisante pour prendre en mains une réforme de la curie romaine restée depuis trop longtemps en suspens. Le pape François va se lancer dans une réforme qui se traduira par un retour vers davantage de pauvreté et vers le noyau du message de Dieu. Non seulement la curie romaine mais également l’Eglise «complètement sur-organisée» en Suisse devront changer, affirme-t-il.

Note aux médias abonnés: Des photos actuelles de Mgr Henrici peuvent être commandées à l’adresse kipa@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/job/bb)

22 mars 2013 | 17:24
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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