Le dominicain Jean-Michel Poffet a été directeur de l'Ecole archéologique et biblique française de Jérusalem de 1999 à 2008 | © Bernard Hallet
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Epiphanie: le Christ reconnu par les Nations

Le 6 janvier, est célébrée dans l’Eglise catholique la solennité de l’Epiphanie. Une fête qui vient rappeler l’universalité du message christique, explique le bibliste dominicain Jean-Michel Poffet.

An 614, Bethléem. Le commandant en chef des armées perses, Schahr-Barâz, vient de conquérir la ville. Le musulman, mû par une fureur religieuse, entre dans la basilique de la Nativité, afin d’examiner ce qu’il s’apprête à détruire jusqu’à la dernière pierre. Son regard est toutefois attiré par une représentation des Rois-Mages, sur les murs intérieurs. Que voit-il? Que ceux-ci portent des vêtements perses. «Emu par cette découverte, Schahr-Barâz renonce finalement à ses funestes plans», raconte à cath.ch Jean-Michel Poffet. «Cet épisode est peut-être une légende, mais il est significatif, explique le bibliste. Ce chef de guerre perse, déterminé à combattre le christianisme, a réussi à percevoir, à travers la simple histoire des mages, que le message de Jésus s’adressait à lui aussi, et par extension, à tous les hommes.»

Les mages, des «anti-Hérode»

Pour l’ancien directeur de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, l’Epiphanie constitue ainsi un rappel important que l’histoire de Jésus dépasse le contexte judaïque dans lequel il s’inscrit en premier lieu.

Mosaïque représentant les mages suivant l’étoile. Basilique de Saint-Apollinaire-le-Neuf, à Ravenne | © Wikimedia Commons/José Luiz Bernardes Ribeiro / CC BY-SA 4.0

«Epiphanie» signifie en grec «manifestation». Le Seigneur se «montre» ainsi aux païens, aux Nations. Si le jour de Noël est centré sur la naissance de Jésus, l’Épiphanie souligne que cet enfant humble et faible est le Seigneur du monde. «Les mages, on ne parle pas de rois dans la Bible, sont un peu les ‘anti-Hérode’. C’est lui, le souverain juif, qui aurait dû reconnaître en premier lieu le Messie. Mais, il va chercher à le détruire. Alors que des non-juifs venant de l’autre bout de la terre, sont eux, près à l’accueillir. Ils se sont même mis en route dans un périlleux voyage pour trouver cette nouvelle lumière.»

Des cadeaux porteurs de sens

Un aspect symbolisé par l’étoile que suivent les mages, souligne le dominicain. Persuadés que le Christ est né dans un lieu de richesse et de puissance, ils vont d’abord au palais d’Hérode. Puis découvrent que c’est un roi humble et pauvre qu’ils recherchent. «Cela montre que Jésus se situe toujours au-delà de nos représentations».

L’histoire des mages porte donc de nombreux éléments symboliques. «Il ne s’agit pas d’un récit journalistique, rappelle Jean-Michel Poffet. Les auteurs essayent de nous faire comprendre le sens sous-jacent des événements.» En cela, les cadeaux apportés par les trois savants sont significatifs. L’or est une reconnaissance de la royauté de Jésus. L’encens, un produit utilisé pour le culte, renvoie à sa divinité. Quant à la myrrhe, une substance avec laquelle les défunts étaient enduits, il préfigure sa mort sur la croix. (cath.ch/arch/rz)

Le dominicain Jean-Michel Poffet a été directeur de l'Ecole archéologique et biblique française de Jérusalem de 1999 à 2008 | © Bernard Hallet
6 janvier 2024 | 07:10
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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