Pieuses, identitaires ou frontalières?
Espagne: Etude sur les radios catholiques et oecuméniques dans les pays latins
Barcelone, 6 février 1998 (APIC) Les 540 radios catholiques et oecuméniques qui diffusent actuellement dans les pays latins du sud de l’Europe – France, Belgique, Espagne, Italie et Portugal – se rapprochent de trois grands modèles de programmation: il y a des radios «pieuses», les «identitaires» et les «frontalières». Telle est la conclusion d’une thèse défendue à Barcelone par Josep Casellas, prêtre du diocèse de Gérone.
Dans sa recherche le prêtre catalan analyse des points de vue historique, technologique, organisationnel, économique et idéologique (programmes et audiences) de huit radios: Radio Vatican (Etat du Vatican), Radio Renascença (Portugal), COPE (Espagne), Ràdio Estel (Espagne), NovaradioA (Italie), Radio Maria (Italie), RCF (Radios Chrétiennes en France et Radio catholique francophone en Belgique), Radio Notre-Dame (France).
Ces radios ont été créées à deux grandes périodes: du début des années 30 (Radio Vatican en 1931, Radio Renascença en 1937) au début des années 60 (COPE en 1959-1965), d’une part; du début des années 80 (Radio Notre-Dame en 1981, Radio Maria et Radio Fourvière – devenue ensuite R.C.F. – en 1982) au début des années 90 (NovaradioA et Ràdio Estel en 1994) d’autre part.
Trois idéaux-types
Tout en constatant une grande diversité de modèles, l’auteur décèle trois idéaux-types -. Le premier est la radio «pieuse», que caractérise la diffusion fréquente de moments de prière et de liturgies, dont le but est d’encourager et de fonder la dévotion. Le cas typique est celui de Radio Maria, née en Italie mais qui a gagné depuis la Pologne, le Canada, les Etats-Unis et plusieurs pays africains.
Il y a ensuite la radio «identitaire», qui vise à renforcer le sens de l’appartenance à une communauté unie par des liens de type religieux; c’est une radio qui tente d’actualiser la tradition chrétienne et qui l’affirme parmi les systèmes de pensée existants. Alors que la radio «pieuse» est axée sur le culte, la radio «identitaire» l’est sur la culture, «une culture qui a déjà un certain niveau d’élaboration et qui exige de la part des auditeurs une certaine initiation», précise l’auteur.
Il y a enfin la radio «frontalière», qui se place au milieu de l’agora et cherche à éclairer la réalité dans la société à la lumière de l’Evangile. A la différence de la radio «pieuse» et de la radio «identitaire», qui sont des radios thématiques dont le contenu dominant est la religion, la radio «frontalière» est généraliste et on y observe un certain équilibre entre l’information, le divertissement, la musique, le sport et les émissions de participation.
Viabilité: un modèle à suivre
La thèse insiste sur la nécessité pour toutes les radios catholiques ou oecuméniques, notamment celles qui se rapprochent du modèle «frontalier», de prévoir dans leur organigramme des organes efficaces de contrôle de la programmation, afin d’éviter un certain nombre de dérapages, tout en assurant en même temps leur identité chrétienne et leur rayonnement ou influence sociale. J. Cabellas observe ainsi que, en Espagne, la COPE a quasiment perdu son caractère religieux pour devenir, dans ses émissions les plus suivies, une radio de propagande politique, qui s’est fait le champion du centralisme et de l’antisocialisme.
La viabilité des radios catholiques et oecuméniques de l’Europe latine, surtout si elles n’acceptent pas ou très peu la publicité, est bien entendu dans les mains des institutions ecclésiastiques qui les encadrent. Mais, souligne l’auteur, leur avenir est aussi dans les mains des administrations publiques des pays où elles émettent et de l’Union Européenne. Pour Josep Cabellas, le Fonds de soutien à l’expression radiophonique français,(FSER) qui permet aux radios associatives ou communautaires de bénéficier des ressources qui leur sont apportées par les radios commerciales, est «un modèle à suivre et à approfondir». (apic/cip/mp)