Signal d’une « approche mondiale » de cette Eglise ?
Etats-Unis : Désignation du nouveau président des mormons
New York, 7 février 2008 (Apic) La désignation de Thomas Spencer Monson en tant que nouveau président des mormons – l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (SDJ) – pourrait être le signe d’une volonté renouvelée d’affirmer la présence de l’Eglise au niveau mondial, estiment certains observateurs, cités par l’Agence oecuménique ENI.
Le 4 février à Salt Lake City, la désignation de Thomas Monson, 80 ans, à la succession de Gordon B. Hinckley, décédé le 27 janvier, ne fut pas une surprise étant donné qu’il était le plus ancien membre du principal organe directeur de l’Eglise, le Conseil des douze. Dans la tradition mormone, lorsque le président de l’Eglise meurt, c’est le responsable le plus âgé de l’Eglise qui est désigné comme successeur dans les jours qui suivent.
En revanche, la désignation par Thomas Monson de l’Allemand Dieter F. Uchtdorf, 67 ans, en tant que « second conseiller », est considérée comme inhabituelle. Dieter Uchtdorf n’est pas né mormon et il est relativement jeune pour un « apôtre » (comme sont appelés les leaders de l’Eglise), écrit Peggy Fletcher Stack, journaliste spécialiste de la SDJ au quotidien « Salt Lake Tribune ».
« Cette décision démontre la volonté de Thomas Monson de poursuivre les efforts internationaux engagés par Gordon Hinckley », écrit Peggy Stack. « Elle témoigne d’un souci de la portée internationale de l’Eglise, qui compte plus de 13 millions de membres dans 176 pays et territoires, et qui est parfois vue d’un mauvais oeil à l’étranger ».
La journaliste a indiqué que Thomas Monson avait une réputation « d’orateur affable », qui pense que les mormons et les non-mormons, y compris les juifs et les musulmans, doivent travailler ensemble en matière d’aide humanitaire.
Eglise internationale ou universelle ?
Jan Shipps, spécialiste du mormonisme, a écrit sur un blog du Leonard E. Greenberg Center for the Study of Religion in Public Life (Centre Leonard E. Greenberg pour l’étude de la religion dans la vie publique) du Trinity College de Hartford, dans le Connecticut, que Thomas Monson, lors de sa désignation, a parlé d’une Eglise « plus qu’internationale. Il l’a désignée comme l’Eglise universelle ».
Selon Jan Shipps, « d’un point de vue pratique, la désignation d’Uchtdorf indique que les responsables de la SDJ sont parfaitement conscients de l’importance du caractère actuellement international d’une institution dont le nombre de membres aux Etats-Unis est moins important que celui des membres vivant à l’extérieur de ce pays ».
Nommé « apôtre » de l’Eglise à l’âge de 36 ans, Thomas Monson a pendant un temps dirigé les activités de l’Eglise en Europe, et en 1985 il a aidé la SDJ à mettre un pied dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Est communiste.
Richard Bushman, historien américain du mormonisme et professeur émérite de l’Université Columbia, à New York a évoqué « l’ironie de la désignation d’Uchtdorf ». Selon lui, « les zones de croissance de l’Eglise ne se trouvent pas en Europe, d’où est originaire Uchtdorf, mais en Afrique, en Amérique latine et en Asie ». L’historien a affirmé à d’ENI qu’il s’agit toutefois « du seul apôtre d’origine étrangère pour le moment. Sa désignation est au moins symbolique. Il sera capable de redresser l’inclination naturellement américaine du reste de la direction ». (apic/eni/pr)