Etats-Unis: Droits de l’homme en Haïti

Powell demande à Haïti de «ne pas récompenser les criminels»

Washington, 5 avril 2004 (Apic) Le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Colin Powell, s’adresse au nouveau gouvernement haïtien pour lui demander de «ne pas récompenser les criminels ou ceux qui ont violé les droits humains, par des postes importants».

Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell est attendu lundi à Port-au- Prince, la capitale haïtienne, pour une brève visite, la première dans ce pays depuis sa prise de fonctions en janvier 2001. Powell doit rencontrer des membre du «gouvernement provisoire», mis en place par le premier ministre de transition, Gérard Latortue, le 17 mars dernier.

Powell rencontrera également les responsables de la force multinationale sous contrôle américain, envoyée en Haïti «pour restaurer la stabilité», après le départ forcé du président Jean Bertrand Aristide, le 29 février dernier.

Les Etats-Unis sont assis entre deux chaises. Les supporters de l’ancien président tiennent en effet les Américains, au même titre que les Français, pour responsables du changement de gouvernement. Quant aux ex-insurgés, ils sont mécontents que Washington exige le désarmement des rebelles.

Pour l’administration Bush, l’ex-président Aristide, actuellement en exil, a quitté «volontairement» sa charge, mais Aristide lui-même, ainsi que les pays voisins de la zone Caraïbe, affirment haut et clair que Washington l’a poussé dehors, avec l’appui de la France. Les pays de la région des Caraïbes ont par ailleurs refusé de reconnaître le gouvernement par intérim.

Indignation

Quant aux organisations haïtiennes membres de l’»Assemblée des Peuples de la Caraïbe», proche de Cuba et se réclamant de la «lutte contre le système capitaliste», elles ont exprimé le 15 mars à AlterPresse, réseau alternatif haïtien, «leurs préoccupations et leur indignation face au séjour de Jean Bertrand Aristide à la Jamaïque au cours des prochaines semaines». Cette présence représentant «une menace certaine pour le fragile processus de transition politique à peine entamé».

Ces mêmes organisations haïtiennes fustigent par ailleurs l’ancien régime qui, «en appliquant servilement les politiques dictées par Washington et les institutions financières internationales, a mis notre pays à genoux en détruisant une grande partie de nos capacités productives et de nos institutions».

Plainte déposée contre Paris

Quant à Aristide, il affirme avoir été enlevé de force par les militaires américains et français. Il a d’ailleurs porté plainte contre Paris pour «menaces de mort et enlèvement».

Confronté à un bilan désastreux sur tous les plans – économie en détresse, déficit budgétaire catastrophique, insécurité encore présente dans les zones rurales, impunité, population affligée par la misère et les maladies – le gouvernement Latortue doit à présent faire ses preuves et démontrer qu’il est capable de gouverner de façon indépendante. Cela en dépit de récentes critiques qui le disent déjà trop soumis à l’influence de l’administration de Washington.

La force multinationale mobilisée en Haïti compte aujourd’hui 3’600 éléments, dont 1’900 Américains, 730 Français, 330 Chiliens et 360 Canadiens. (apic/ag/misna/vb)

5 avril 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!