A cause d’un cours sur le Coran
Etats-Unis: L’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill poursuivie en justice
Chapel Hill, 9 août 2002 (APIC) A cause d’un livre sur le Coran à lire par ses 3’500 nouveaux étudiants, l’Université américaine de Caroline du Nord, à Chapel Hill, est poursuivie en justice. Des milieux fondamentalistes chrétiens et un groupe d’étudiants hostiles à l’islam, accusent l’Université de favoriser de façon indue une religion au détriment des autres.
La controverse a éclaté lorsque l’Université de Caroline du Nord a choisi l’ouvrage du professeur Michael Sells «Approche du Coran» pour l’un de ses cours. La levée de boucliers contre cette décision montre dans quel état d’esprit se trouvent nombre d’Américains après les attentats du 11 septembre, et trahit des attitudes fondamentalement hostile à l’islam.
Le recteur James Moeser a relevé que l’Université avait choisi l’ouvrage de Michael A. Sells, professeur en religion comparée au Haverford College, non pour favoriser une religion, mais en raison du très grand intérêt concernant l’islam après les attaques terroristes du 11 septembre. On a demandé aux étudiants de lire le livre de Sells qui est une traduction en anglais de passages du Coran dans le cadre d’un cours de première année.
Un groupe chrétien conservateur, l’»American Family Association Centre for Law & Policy», a dénoncé la démarche de l’Université à la justice au nom d’un groupe d’étudiants. Ces derniers estiment que le fait de devoir lire des passages du Coran viole leurs droits fondamentaux protégés par le 1er amendement de la Constitution américaine. Les plaignants relèvent aussi que l’ouvrage incriminé ne présente pas une image complète de l’islam. parce qu’il ne contient pas les passages cités par les militants islamistes pour justifier leurs actions terroristes.
Spécialiste de l’islam, Carl W. Ernst, professeur au Département des études des religions à l’Université de Caroline du Nord, a dénoncé les préjugés des plaignants, soulignant que cela faisait partie dune longue histoire d’opinions préconçues du même tonneau que l’antisémitisme et le racisme. Certains milieux chrétiens conservateurs et évangéliques américains se sont laissés aller à des déclarations teintées de fanatisme après les attentats contre le World Trade Center.
Hystérie anti-islamique aux Etats-Unis
Juste après l’attaque, l’évangéliste Franklin Graham, fils du célèbre prédicateur Billy Graham, a écrit dans le «Wall Street Journal» que le Coran «fournit une ample évidence que l’islam encourage la violence dans le but de gagner des convertis et d’atteindre le but ultime d’un monde islamique». Bill O’Reilly, un ponte des médias bien marqué à droite, rapporte le quotidien «The Washington Post», a déclaré sur son réseau de télévision Fox News Network qu’enseigner le Coran aux étudiants américains était faux étant donné qu’il s’agit du livre «de l’ennemi de notre religion».
Violente réaction saoudienne
La presse saoudienne a pour sa part lancé une attaque au vitriol contre le fondamentalisme chrétien aux Etats-Unis. Le quotidien «al-Watan a déclaré que ce fondamentalisme n’était pas moins dangereux pour la paix et la sécurité internationale que d’autres formes d’extrémisme religieux.
Les journaux du royaume wahhabite réplique aux articles de presse évoquant un briefing organisé au Pentagone durant lequel l’Arabie Saoudite a été présentée comme le noyau du mal au Moyen-Orient. L’accusation que Riyadh était derrière la plupart des actions terroristes – la majorité de ceux qui ont participé aux attaques du 11 septembre étaient Saoudiens, et leur chef Oussama Ben Laden, est un dissident saoudien – a fait bondir la presse du Royaume.
Les extrémistes chrétiens sont aussi dangereux
Les journaux d’Arabie Saoudite déplorent le fait que l’influence des milieux chrétiens extrémistes s’est grandement accrue aux Etats-Unis depuis le 11 septembre et qu’ils s’identifient avec les intérêts d’Israël au Moyen- Orient. «The Saudi Gazette» écrit que les fondamentalistes chrétiens américains soulèvent une «poussière de haine» contre l’Arabie Saoudite et lance un appel au président Bush afin qu’il contrôle davantage les éléments dont le programme est «d’initier un conflit de civilisations.» (apic/bbc/wpost/be)