Etats-Unis: La Maison Blanche sous influence religieuse

Evangélistes et autres «born-again» dans le bureau ovale

Washington, 28 octobre 2003 (Apic) La Maison Blanche, depuis l’arrivée de George W. Blush, connaît l’une des phases les plus religieuse de son histoire, estime le «New York Times» dans une enquête publiée le 26 octobre. Bien que l’actuel président des Etats-Unis fasse étalage d’une religiosité fervente, il n’est de loin pas l’unique artisan de cette nouvelle tendance. Derrières les conseillers du président, se presse toute une nébuleuse de groupes de pression religieux, qui n’ont de cesse de faire miroiter leurs précieuses voix aux prochaines élections.

Quelque temps après l’élection controversée de George W. Bush, son influent conseiller Karl Brove recevait la visite d’une coalition de lobbies religieux. Parmi eux, Charles W. Colson, un chrétien «born-again» (appellation désignant un renouement avec la foi), qui a écopé de 7 mois de prison dans l’affaire du Watergate et David Saperstein, un rabbin réformé, directeur du Centre d’action religieuse du judaïsme réformé. Durant plus d’une heure les militants religieux ont présenté leurs doléances au conseiller présidentiel, qui leur a accordé toute sa bienveillante attention.

Depuis trois ans de telles rencontres sont devenues une habitude, avec au programme des discussions toute une liste de «préoccupations», allant de la lutte contre le sida à la pornographie, en passant pas les réseaux de prostitution. Des sujets qui sont tous apparus une fois ou l’autre dans les discours du président des Etats-Unis. Par exemple, en septembre dernier, George Bush junior s’évertuait à dénoncer le «trafic sexuel» lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.

La «dimension morale de la politique extérieure est une profonde préoccupation du président», souligne un autre «born-again» et chef des rédacteurs des discours présidentiels, Michael Gerson. Ce dernier déplore que cette dimension de la politique extérieure soit occultée par la guerre en Irak.

Soigner l’électorat

Selon les analystes politiques repris par le «New York Times», les «évangélistes de race blanche» constituent la principale base électorale qui permettrait au président des Etats-Unis d’obtenir un second mandat. Mais dans les rangs des supporters du «born-again» George W. Bush, il n’y a pas que les purs et durs de la Convention des baptistes du Sud ou des Assemblées de Dieu. De plus en plus les conservateurs de tout bord, notamment les catholiques, y trouvent leur compte, rapporte le quotidien new-yorkais.

Alliances détonantes

Cependant, pour donner encore plus de poids à leur cause, les lobbies de fondamentalistes chrétiens en viennent à passer des alliances pour le moins surprenantes, remarque Richard Cizik, vice-président des Affaires gouvernementales de l’Association nationale des évangélistes, qui regroupe 43’000 congrégations.

Non contents de s’associer avec les juifs réformés, les évangélistes – pourtant prosélytes déclarés – en viennent à passer avec les lobbies d’autres bords quand l’opportunité se présente, comme, par exemple, avec des groupes de pression féministes, indique Richard Cizik.

C’est ainsi que la coalition des évangélistes, juifs, catholiques et féministes ont fait nommer cette année leur «poulain», le républicain John Miller, à la tête du Bureau du trafic des personnes du Département d’Etat. (apic/newyorktimes/sh)

28 octobre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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