Rome ordonne la modification du projet de Mgr Rembert Weakland

Etats-Unis: Le Vatican intervient dans la rénovation de la cathédrale de Milwaukee

Milwaukee, 9 juillet 2001 (APIC) Dans un geste inhabituel et «sans précédent», le Vatican est intervenu avec des propositions architecturales dans la rénovation de la cathédrale de Milwaukee, aux Etats-Unis. Rome a en effet ordonné des modifications de ce projet devisé à 4,5 millions de dollars, car il viole à ses yeux les prescriptions canoniques et liturgiques. L’archevêque Rembert G. Weakland, bête noire des milieux catholiques conservateurs, a reçu l’ordre de revoir sa copie.

C’est un groupe de laïcs qui a dénoncé au Vatican les travaux en cours à la cathédrale Saint-Jean, estimant qu’ils violent les normes liturgiques.

Dans une lettre faxée à l’archevêque de Milwaukee, le cardinal Jorge Medina Estevez, préfet de la Congrégation vaticane pour le culte divin et la discipline des sacrements, a émis des objections quant au transfert du maître-autel au centre de la cathédrale ainsi qu’à l’installation de grandes orgues dans l’abside où se trouvait le maître-autel originel. Le prélat de la curie romaine a aussi émis des critiques concernant la taille et l’emplacement de la chapelle du tabernacle et la suppression de deux confessionnaux. Des œuvres d’art représentant des personnalités pas approuvés formellement pour la vénération des fidèles sont également dans le collimateur romain.

Le Père Carl Last, recteur de la cathédrale, relève à ce propos qu’il pourrait s’agir d’œuvres d’art qui seraient placées dans l’atrium, représentant des personnes qui ont servi les pauvres, la compassion du Christ, «comme par exemple Mère Teresa et Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador assassiné» par les Escadrons de la Mort d’extrême-droite. «A l’intérieur de l’église, nous avons seulement des saints», a-t-il tenu à préciser, conformément au canon sur les images approuvées à l’intérieur d’une église.

Les travaux vont se poursuivre

Les travaux vont cependant se poursuivre en tenant tout de même compte de certaines remarques – fort détaillées – en provenance de la curie romaine. A Washington, Mgr Joseph A. Fiorenza, évêque de Galveston-Houston et président de la Conférence nationale des évêques des Etats-Unis, a publié une déclaration de soutien à son confrère de Milwaukee, regrettant cette controverse continuelle qui agite l’archidiocèse de Mgr Rembert Weakland. Ce dernier, un religieux bénédictin âgé de 74 ans, est la cible permanente des milieux traditionalistes et conservateurs qui trouvent des oreilles complaisantes dans certains cercles romains.

Discussions «à l’américaine», par avocats interposés

La congrégation romaine est intervenue à la requête des opposants à la rénovation à Milwaukee même. Ces derniers, pour défendre leurs intérêts, ont loué les services d’un spécialiste de droit canon à Rome, Alan Kershaw, rapporte l’agence de presse catholique américaine CNS. Kershaw a également l’intention de faire intervenir un bureau d’avocats de Chicago pour agir au plan civil contre l’archevêque de Milwaukee, et adresser une pétition à la curie romaine visant Mgr Weakland, accusé de «ne pas obéir à Rome».

Pour protéger ses droits, l’archevêque de Milwaukee a également engagé une canoniste, Martha Wegan, à Rome. Il pourrait également faire appel au tribunal suprême de la Signature apostolique, la plus haute instance juridique de l’Eglise romaine.

Que reste-t-il de la collégialité et de l’autorité de l’évêque local ?

Mgr Rembert Weakland estime s’en être tenu aux normes liturgiques citées par le cardinal Medina Estevez, car autrement, il n’aurait jamais approuvé le projet. L’intervention de la curie romaine est en partie basée sur des données erronées, notamment concernant les dimensions de la chapelle du Saint-Sacrement, estime un porte-parole de l’archevêché de Milwaukee. Quant à la suppression de deux confessionnaux sur quatre – ce que conteste le prélat de la curie romaine -, le porte-parole relève que deux confessionnaux sont depuis longtemps utilisés pour des rangements et un seul confessionnal est utilisé en pratique depuis une dizaine d’années.

Aux Etats-Unis, l’immixtion romaine, à l’instar du récent document romain sur les traductions liturgiques, est peu goûtée. L’intervention de la congrégation pour le culte divin a été qualifiée de «sans précédent» et «décevante» par le jésuite Keith Pecklers, expert liturgique enseignant à l’Institut pontifical liturgique de l’Université Saint-Anselme à Rome. «Elle met en question toute la conception de la collégialité et l’autorité des évêques locaux.» (apic/cns/be)

9 juillet 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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