Ses remarques sur l’holocauste sont blessantes et fausses

Etats-Unis: Les évêques dénoncent les déclarations négationnistes de Mgr Wlliamson

Washington, 5 février 2009 (Apic) Les évêques catholiques américains ont à leur tour condamné les déclarations négationnistes de l’évêque traditionaliste Richard Williamson, l’un des quatre disciples de Mgr Lefebvre dont le pape Benoît XVI vient de lever l’excommunication. Ils qualifient ses remarques sur les chambres à gaz nazies de «profondément blessantes et totalement fausses».

Le cardinal Francis E. George, archevêque de Chicago et président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis, a déclaré qu’un catholique, qu’il s’agisse d’un laïc, d’un prêtre ou d’un évêque, ne peut en aucun cas nier la mémoire de la shoah, de même qu’aucun catholique, à aucun moment, ne devrait tolérer des expressions d’antisémitisme, d’intolérance religieuse et de sectarisme.

Le cardinal George a souligné que Mgr Richard Williamson, un prélat intégriste d’origine britannique ordonné illicitement évêque en 1988 à Ecône, a provoqué de fortes réactions dans les milieux juifs dans le monde entier en affirmant que l’holocauste était exagéré et qu’aucun juif n’avait été tué dans les chambres à gaz nazies. Il a estimé que l’évêque Williamson a nié des faits historiques au sujet de la shoah, au cours de laquelle 6 millions de juifs ont été cruellement anéantis, «victimes innocentes d’une haine raciale et religieuse aveugle». Les commentaires de Mgr Williamson ont provoqué une réaction compréhensible de la communauté juive et également parmi les catholiques, souligne le cardinal George.

Mgr Zollitsch pense à une rupture définitive avec les traditionalistes

Le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Robert Zollitsch, craint qu’une rupture définitive entre l’Eglise catholique et les traditionalistes ne soit inévitable. L’archevêque de Fribourg-en-Brisgau ne voit aucune volonté de la part des traditionalistes de reconnaître les déclarations du Concile Vatican II, notamment sur la liberté religieuse et le dialogue à égalité entre les religions. Et de relever mercredi soir à Fribourg-en-Brisgau que le Vatican a clairement fait de cette reconnaissance la condition sine qua non pour un retour des traditionalistes au sein de l’Eglise catholique.

Mgr Zollitsch estime que s’il ne se passe pas de miracle, on assistera à une rupture définitive. Il pense possible une division de la Fraternité sacerdotale St-Pie X entre ceux qui acceptent les conditions du Vatican et ceux qui refusent l’ouverture théologique qui a commencé au Concile.

Du côté de la France, Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la Conférence des évêques de France, se réjouit de la clarification apportée par la Secrétairerie d’Etat du Vatican, qui a exigé que l’évêque intégriste Richard Williamson prenne «ses distances sans équivoque et publiquement» avec ses déclarations sur la shoah. «Enfin ! nous attendions cela depuis le 24 janvier, date de la publication par le Vatican du décret levant l’excommunication des quatre évêques intégristes», a-t-il déclaré au quotidien catholique français «La Croix».

Pour Mgr Simon, il est encore trop tôt pour répondre si Mgr Richard Williamson sera admis à exercer une fonction épiscopale. «Cela dépend de lui. La balle est dans son camp ! S’il veut à nouveau se servir de cette condition comme d’un prétexte pour ne pas reconnaître l’autorité de l’Eglise, libre à lui. En tout cas, la preuve est faite – s’il y avait besoin d’une preuve – que les quatre évêques intégristes n’ont pas encore été réintégrés par le Vatican, comme cela a été dit trop souvent ces derniers jours».

Le vice-président de la Conférence des évêques de France estime «élémentaire» la «condition indispensable» posée par la Secrétairerie d’Etat du Vatican à une future reconnaissance de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (FSSPX), à savoir «la pleine reconnaissance» du Concile Vatican II et du magistère des papes qui ont suivi le Concile. Mgr Simon avait écrit, en juillet 2007, au moment du «motu proprio» du pape libéralisant la messe selon le missel tridentin, dite en latin, que Benoît XVI «accordait tout aux intégristes sur la forme des rites, mais qu’il ruinait l’argumentaire de Mgr Lefebvre sur le fond, aussi bien sur le missel de 1970 que sur la liberté religieuse ou l’oecuménisme».

Pas de «complot contre le pape»

Dans le quotidien «Le Monde», Fiammetta Venner, politologue française, spécialiste de l’intégrisme, auteure avec Caroline Fourest des «Nouveaux Soldats du pape», nie être à l’origine d’un «complot contre le pape» pour avoir participé, le 21 janvier, à l’émission de la télévision suédoise au cours de laquelle Mgr Williamson a tenu des propos négationnistes. Le Vatican l’accuserait d’avoir voulu de cette façon déstabiliser Benoît XVI en organisant la diffusion des propos de Richard Williamson trois jours avant la levée des excommunications des prélats lefebvristes.

En fait, affirme-t-elle, une équipe de la télévision suédoise préparait un documentaire sur l’arrivée en Suède de la Fraternité St-Pie X et l’a interviewée. «Elle m’a demandé mon avis sur certaines figures emblématiques du lefebvrisme. Je leur ai confirmé que Mgr Williamson tenait des propos négationnistes. Ils l’ont interviewé et il leur a expliqué que les chambres à gaz n’existaient pas, face caméra», explique la politologue française. Et d’affirmer au quotidien «Le Monde» que si l’interview a bien été tournée en novembre 2008, «le film était programmé depuis des semaines pour le 21 janvier. Pas de chance pour le Vatican, qui a décidé d’annoncer la réintégration de Willamson le même jour. C’est bien entendu un hasard. Ni moi ni la télévision suédoise ne connaissions à l’avance l’agenda du Vatican».

Fiammetta Venner estime finalement que cela ne change rien à l’affaire: «Si des observateurs et des journalistes n’ont aucun mal à connaître les convictions négationnistes de Williamson, comment le pape peut-il prétendre les découvrir ?» Suite aux concessions très lourdes accordées à une aile intégriste des catholiques, elle se demande «si ’l’unité de l’Eglise’ se fera au détriment de ceux qui restent attachés à Vatican II, à son oecuménisme». (apic/kna/cns/cx/lm/be)

5 février 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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