Plusieurs dizaines accusés injustement d’abus sexuels
Etats-Unis: Les premiers prêtres blanchis retrouvent leur ministère
Washington, 3 mars 2003 (APIC) Depuis l’éclatement il y a 14 moins du plus grave scandale qui ait touché l’Eglise catholique aux Etats-Unis, plus de 300 prêtres ont été éloignés de leur ministère suite à des allégations d’abus sexuels. Mais dans certains cas, les preuves substantielles manquent. Ainsi, plusieurs dizaines d’entre eux, innocentés, devraient retrouver leur poste après enquête, selon les experts.
Alors que la plupart des accusés – dont un certain nombre connaîtront la prison – ne devraient plus exercer de fonctions pastorales, les premiers prêtres blanchis retournent à leur ministère, révèle l’hebdomadaire américain Newsweek. C’est le cas du Père Edward C. McDonagh, 65 ans, curé de la paroisse Ste-Anne à West Bridgewater, comme le révèle un communiqué de l’archidiocèse de Boston. Il avait dû quitter son poste le 24 mai dernier sur ordre de l’archidiocèse après une allégation selon laquelle il aurait violé un adolescent il y a 39 ans.
Le mois dernier, le Père McDonagh a été le premier prêtre de paroisse de l’archidiocèse de Boston à retrouver ses fidèles. Bien qu’ayant souffert de ces longs mois de relégation et d’opprobre de la part d’une certaine partie du public, il affirme avoir tiré les leçons de ces blessures pour aider à soigner les souffrances d’autres personnes. Le Père McDonagh a été accusé par un homme qui se prostituait et qui avait des problèmes de drogue. Il a déclaré dans les années 80 à sa soeur que le Père McDonagh l’avait violé en 1964, alors qu’il avait 17 ans.
La victime supposée est décédée du sida en 1996. Le témoignage de sa soeur était la seule évidence contre le prêtre, car aucune autre accusation n’a été lancée. Malgré le fait qu’il clamait partout son innocence, le curé de Ste-Anne avait dû quitter sa cure pendant l’enquête menée par les responsables de l’archevêché chargés de son cas. Il ne pouvait plus ni visiter sa paroisse, ni célébrer la messe, ni même porter le col romain, ce qui l’a beaucoup fait souffrir.
L’archevêque de Chicago avait été faussement accusé il y a dix ans
Le Père McDonagh déclare avoir beaucoup prié et avoir lu et relu «The Gift of Peace» (le don de paix). Ce livre a été écrit par le cardinal Joseph Bernardin, alors malade du cancer, qui avait été lui-même faussement accusé d’abus sexuel par un homme qui s’était ensuite rétracté. Steven Cook, ex-séminariste, atteint du sida, avait accusé, en 1993, l’archevêque de Chicago d’avoir sexuellement abusé de lui vingt ans auparavant. Il demandait à l’époque un dédommagement de dix millions de dollars. Trois mois plus tard, il retirait ses accusations et reconnaissait que ses souvenirs lui étaient revenus grâce à l’hypnose.
Echaudée, si ce n’est traumatisée par le scandale des abus sexuels qui lui a causé un tort immense, l’Eglise catholique américaine est aujourd’hui très prudente pour confier à nouveau un ministère en paroisse à un prêtre victime d’allégations d’abus sexuels. Les précautions prises désormais expliquent la longue durée des enquêtes.
Le cas du Père McDonagh n’est pas le seul. En juillet dernier, le Père Ronald Bourgault, 64 ans, était accusé d’avoir abusé sexuellement un servant de messe dans une paroisse de la banlieue de Boston dans les années 1960. Durant 8 mois, le Père Bourgault n’a presque rien su de ce qu’on lui reprochait et des résultats de l’enquête menée sur son compte. Mais il y a deux semaines, l’avocat du prêtre accusé – qui avait simplement photocopié l’annuaire diocésain – lui apprenait que l’accusateur l’avait confondu avec un autre prêtre.
Le Père Bourgault a pu retourner la semaine dernière à son poste à la paroisse de St-Zéphirin à Wayland. ’’Ne pas avoir du tout d’information sur mon compte a été l’une des choses les plus dures pour moi’’, a déclaré le Père Bourgault, ’’parce que je ne savais pas que faire et je ne pouvais pas me défendre.» Le prêtre faussement accusé estime que les responsables de l’archevêché chargés d’enquêter sur les allégations portées contre lui n’avaient pas fait correctement leur travail, rapporte le quotidien «The Boston Globe».
Déjà trois prêtres innocentés à Boston
Avec la réinstallation officielle du Père Bourgault, c’est déjà le troisième cas de prêtre de l’archidiocèse de Boston à avoir retrouvé son ministère après avoir été blanchi. L’avocat du prêtre a déclaré que cette mauvaise expérience ne faisait que souligner la nécessité de disposer d’enquêteurs expérimentés pour investiguer les allégations contre les membres du clergé. Il a encouragé l’archidiocèse à recruter des enquêteurs professionnels pour aider à résoudre les dénonciations. (apic/bostglob/newsw/be)