Les théologiens sont inquiets des inégalités en Amérique latine (photo Jean-Claude Gerez)
International

Etats-Unis : «Nous, théologiens hispano-américains, devons sentir l’odeur du peuple et de la rue»

L’arrivée du pape François à la tête de l’Eglise catholique constitue un ‘kairos’ (moment favorable) pour un renouveau évangélique, estiment les théologiens latino-américains.

 Réunis du 6 au 10 février 2017 à Boston, aux Etats-Unis, une quarantaine de théologiens ont réaffirmé la nécessité de développer une théologie prophétique s’inspirant de la réalité vécue par les plus pauvres.

«Nous observons avec enthousiasme que nous vivons un moment favorable de développement de la théologie et de la vie de l’Église, en général, relève le message publié à l’issue la première Rencontre hispano-américaine de théologie tenue à Boston. Nous croyons que nous vivons un kairos ecclésial à partir des processus engagés par l’évêque de Rome, François, premier souverain pontife originaire d’Amérique latine.» Pour les théologiens, ses impulsions de renouveau évangélique expriment le besoin d’une réforme, aussi bien des mentalités que des structures de l’institution ecclésiale dans une perspective synodale. «Elles nous poussent à nous interroger par où passe Dieu dans notre histoire et quelles réalités s’opposent à Lui.»

 »Consolider la démocratie et la société civile»

La quarantaine de participants ont mis l’accent sur l’importance de voir, «à partir de la Parole de Dieu proclamée au sein de l’Église, la situation socio-politique et économique de nos pays, comme un lieu théologique fondamental, dans lequel l’Église est appelée à s’insérer.» D’où l’importance et l’urgence de «consolider le système démocratique républicain et les formes émergentes de la société civile qui proposent un regard plus humain sur le monde. «Dans ce contexte, ont martelé les théologiens, nous réaffirmons notre option pour les pauvres et les exclus.»

Si le message final admet que l’Amérique latine et les Caraïbes ne sont pas la région la plus pauvre du monde, il rappelle cependant qu’elle est toujours la plus inégalitaire. «La cause n’est pas tant la richesse de l’Europe et des Etats-Unis, mais une répartition déséquilibrée des richesses et des opportunités de réussite sur notre propre continent, en particulier en ce qui concerne la concentration des terres qui génère de la richesse pour une minorité et de la pauvreté pour une majorité.»

 »Quand un peuple est-il catholique ?»

D’où l’urgence d’une «théologie prophétique qui désacralise les faux dieux» et qui dénonce les causes économiques et culturelles de la pauvreté. Pour les théologiens, il s’agit de se demander «à partir de quel point de vue nous faisons de la théologie et de quel côté social nous nous situons pour comprendre la réalité.» Et d’insister sur la nécessité de travailler en phase avec les populations pauvres dans les périphéries des grandes villes. «Quand un peuple est-il catholique? Quand il possède de nombreuses églises ou lorsqu’il y a peu de pauvreté?», s’interrogent-ils. «Nous devons sentir l’odeur du peuple et de la rue !» (cath-ch/jcg/mp)

Les théologiens sont inquiets des inégalités en Amérique latine (photo Jean-Claude Gerez)
22 février 2017 | 11:40
par Maurice Page
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