38 ans après le quadruple assassinat, les plaies sont encore vives

Etats-Unis: Un ancien membre du Ku Klux Klan reconnu coupable de l’attaque d’une église

Birmingham, en Alabama, 2 mai 2001 (APIC) 38 ans après un quadruple assassinat, un ancien membre du Ku Klux Klan a été reconnu coupable de la sanglante attaque d’une église à Birmingham, dans l’Etat américain d’Alabama. Cet acte raciste avait causé la mort en 1963 de quatre jeunes filles noires. Il avait secoué le pays, en pleine lutte pour les droits civils des Noirs et l’abolition de la discrimination raciale aux Etats-Unis.

Un jury de Birmingham a reconnu coupable Thomas Blanton Jr., 62 ans, de l’attentat à la bombe contre une église baptiste noire qui avait fait quatre victimes. Ancien membre du mouvement raciste Ku Klux Klan (KKK), qui lutte dans le Sud des Etats-Unis pour la suprématie de la race blanche, il a été condamné quatre fois à la prison à vie. L’église de la 16ème rue avait été prise pour cible parce qu’elle était le centre nerveux des militants pour les droits civils qui organisaient avec Martin Luther King des manifestations dans les rues de Birmingham – une ville prônant l’apartheid appelée la «Johannesburg américaine» – pour protester contre les lois ségrégationnistes.

L’avocat de Blanton, John Robbins, a annoncé que son client allait faire appel, arguant de la composition du jury et du verdict «émotionnel». Un jury formé de quatre Noirs et huit Blancs a rendu son verdict après deux heures et demie de délibérations. La loi pénale de l’Alabama ne prévoit pas de prescription pour les meurtres. Le 15 septembre 1963, quatre adolescents noires âgées de 11 à 14 ans ont trouvé la mort au sous-sol d’une église détruite une charge de dynamite. L’attentat avait également fait 22 blessés.

Thomas Blanton est l’un des deux suspects encore vivants dans cette affaire. Bien que le verdict soit tombé 38 ans après le faits, l’avocat de la partie civile Doug Jones Jones a estimé qu’il n’était jamais trop tard pour faire justice et dire la vérité et pour que les blessures guérissent. Blanton est l’un des quatre assassins racistes liés à l’attentat à la bombe. Le procureur Robert Posey a déclaré que Blanton «a tué ces fidèles dans une maison de Dieu un dimanche parce qu’il était un homme de haine». L’assassin avait trois autres complices, dont deux sont déjà décédés, dont l’un finira sa vie en prison. Le seul complice vivant, Bobby Frank Cherry, 71 ans, n’ira peut-être jamais en prison parce qu’un juge a estimé que son état mental ne lui permettrait pas d’assister ses avocats dans sa propre défense.

J. Edgar Hoover, chef du FBI avait fait classer l’affaire

A l’époque de l’attentat, le FBI arrête quatre suspects blancs, soupçonnés d’appartenir au Klan. Mais le directeur du FBI, J. Edgar Hoover, qui n’avait aucune sympathie pour les militants pour les droits civils des Noirs, bloque le déclenchement de poursuites, sous prétexte que les charges étaient insuffisantes. L’affaire fut classée en 1968. En 1971, le procureur général de l’Alabama, Bill Baxley, rouvre l’enquête policière. Un des quatre suspects, Robert Edward Chambliss – surnommé «Dynamite Bob», membre du KKK, est condamné à la prison à vie en 1977 pour le meurtre d’une des fillettes et il mourra en prison à l’âge de 81 ans. (apic/cnn/bbc/be)

2 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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