Etats-Unis: Un nouveau catéchisme pour adultes fait des vagues

Il «oublie» un grand guide spirituel, Thomas Merton

Washington, 10 janvier 2005 (Apic) Un nouveau catéchisme pour adultes, approuvé par les évêques catholiques américains, mais encore dans l’attente de l’imprimatur du Vatican, s’est mis à dos la classe académique par omission. Il y manque une figure majeure de la spiritualité moderne, Thomas Merton. Trop dérangeant, dit-on.

Un certain nombre d’intellectuels et d’universitaires se sont élevés contre l’absence du moine trappiste et écrivain Thomas Merton dans l’édition définitive du catéchisme catholique des Etats-Unis pour les adultes. Tel n’était pas le cas dans les précédentes versions de ce catéchisme. L’américain Thomas Merton, né en France en 1915 et mort à Bangkok en 1968, est l’un des plus grands guides spirituels de ce 20e siècle.

Moine trappiste mais aussi écrivain, poète, photographe, pacifiste engagé contre la bombe atomique, la guerre du Vietnam, engagé contre le racisme, pionnier du dialogue interreligieux, il est présent dans tous les grands débats de son temps. Sa vie et son oeuvre soulignent l’importance du rôle d’un certain type de religieux contemplatifs, mais qui ne se dérobent pas aux appels du monde.

Le moine trappiste du Kentucky, très connu en particulier depuis la publication de son autobiographie «The Seven Storey Mountain,» n’est pas dans la version finale du catéchisme, qui doit encore toutefois avoir l’aval de Rome. Au contraire, l’ouvrage, de 456 pages, commence par la description de la vie de Sainte Elizabeth Ann Seton, à la place de la section consacrée à Merton dans les versions précédentes. La substitution n’est pas passée inaperçue et les disciples de Merton ont lancé une pétition pour le faire figurer à nouveau dans le catéchisme.

L’ouvrage, destiné aux adultes sera le premier de ce genre aux Etats-Unis. Il contient de brèves biographies de saints et d’autres théologiens ou hommes et femmes de foi. Il est destiné à compléter le catéchisme de l’Eglise catholique publié en 1992 par le Vatican.

L’ouvrage ne contenait prétendument pas assez d’exemples féminins

En réponses aux contestations, la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis, par la voix de Mgr Daniel Kutys, délégué à la catéchèse, rétorque que lors des consultations sur les versions précédentes, des critiques avaient été émises par certains, qui jugeaient que l’ouvrage contenait trop d’histoires consacrées aux hommes et pas assez d’exemples féminins. C’est ainsi, a-t-il expliqué à l’agence américaine Catholic News Service, qu’Elizabeth Ann Seton a été choisie pour remplacer Thomas Merton. Pas seulement à cause du sexe, a-t-il précisé, mais parce que, comme Merton, elle est une convertie au catholicisme.

La version finale du catéchisme, largement approuvée par les évêques américains à leur réunion de novembre lors d’un vote à 218-10, a été envoyée au Vatican pour la recognitio, ou imprimatur, avant d’être publié comme un catéchisme officiel.

La procédure peut prendre une année, a précisé Mgr Kuty. Entre-temps, les défenseurs de Merton espèrent obtenir un large soutien. Les pétitions déjà remplies ont été envoyées à l’évêque de Pittsburgh, Donald W. Wuerl, président du Bureau de révision du catéchisme. Le coordinateur des pétitions est un professeur de théologie à l’Université Gannon, Erié, et responsable éditorial de la publication Merton Seasonal, qui paraît trois fois par an.

Les défenseurs de Merton pensent que le moine trappiste a été supprimé de la dernière version du catéchisme, non pour laisser la place à une femme, mais plutôt parce qu’il a été critiqué à la fin de sa vie pour s’intéresser de trop près aux religions orientales.

En réalité, l’un des biographes de Merton, Bill Shannon, professeur à la retraite du Collège Nazareth à Rochester (NY) a déclaré que les critiques adressées à Merton pour sa fascination envers le bouddhisme ou la spiritualité orientale étaient simplement fausses. Au contraire, dit-il, le Père Merton pensait qu’avant de s’engager dans un dialogue religieux, il fallait être fortement enraciné dans ses propres traditions de foi. (apic/cns/vb)

10 janvier 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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