Lausanne : Les 100 ans de la synagogue
Etre juif n’a jamais été un tabou à Lausanne
Lausanne, 25 octobre 2010 (Apic) Le lieu de culte de la communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV) fêtera ses 100 ans du 1er au 13 novembre. Mardi 19 octobre, la communauté a dévoilé son programme d’envergure : visites de la synagogue, exposition historique (*), conférences thématiques, concerts liturgiques et classiques (**). Une célébration officielle aura lieu le 4 novembre, à 18h30, en présence du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, rapporte l’agence Agence Télégraphique Suisse (ATS).
Cet anniversaire « est pour nous une occasion privilégiée d’accueillir tous les Lausannois et tous les Vaudois, pour faire connaître la culture juive », se réjouit Antoine David, président de la CILV. Occasion aussi de retracer l’histoire de cet édifice romano-byzantin et de toute la communauté lausannoise.
Historique
Si la présence juive est attestée depuis le XVe siècle, la communauté voit le jour en 1848. Elle est le fruit de l’alliance de quatre familles de commerçants ashkénazes (***) venus d’Argovie, d’Alsace, de Lorraine et d’Autriche. Faute de moyens, la communauté se réunissait dans des appartements privés, puis dans des locaux loués. Lorsque la première pierre de la synagogue est posée, en 1909, le coût total de la construction s’élève à plus de 300’000 francs. Une somme colossale, couverte par un emprunt bancaire, la participation de la Ville (50’000 francs) et un legs de Daniel Iffla, mécène bordelais issu d’une famille juive marocaine. Les travaux de construction durent à peine un an, comme le retrace Anne Weill-Lévy dans deux ouvrages consacrés à l’histoire de la communauté israélite lausannoise. Aujourd’hui, la synagogue est classée au patrimoine vaudois comme monument d’importance régionale.
Après la guerre, la communauté lausannoise accueille des coreligionnaires d’obédience séfarade (****). Son lieu de culte devient l’expression de cette diversité, qui impose un certain consensus dans les rites. «La synagogue a accueilli successivement des familles aux usages très différents. La grande force de la communauté après la Shoah a été de réunir tous ces gens», dit Anne Weill-Lévy. Aujourd’hui, la CILV compte 600 familles, soit environ 2000 membres, d’origines et de traditions diverses : ashkénazes et séfarades d’Europe et d’Afrique. On dénombre en Suisse 18’000 juifs.
« Autres » mais intégrés
Depuis le vote de 2009 sur l’interdiction des minarets en Suisse, le sujet des constructions à caractère religieux est devenu brûlant. Rien de cela en 1910, souligne Anne Weill-Lévy, actuelle présidente de la Cour des comptes vaudoise. « A Lausanne, au XIXe puis au XXe siècle, les juifs n’ont jamais été mis au ban de la société. Même s’ils sont «autres», dans le sens où leur lieu de culte est placé hors de la ville (…) » « Pour les israélites de l’époque, à Lausanne, être juif n’est pas un tabou», ajoute Lionel Elkaïm, rabbin de la communauté depuis mai dernier. Au contraire, « (…) La synagogue devient le repère visible d’une présence juive dans le panorama lausannois », un symbole de rassemblement et d’ouverture sur l’extérieur.
(*) L’exposition « Une synagogue dans la ville » se tiendra du 1er au 13 novembre au Forum de l’Hôtel de Ville. Archives, objets d’époque, gravures, photographies, films permettront de retracer l’histoire de la synagogue de Lausanne. Entrée libre.
(**) Plus d’infos sur www.cilv.ch/100eme.
(***) Les Ashkénazes sont les juifs provenant de l’ancien Empire austro-hongrois et plus généralement d’Europe centrale et orientale. Ils ont une langue qui leur est propre, le yiddish. Leur liturgie a probablement été influencée par les cultures environnantes dans ces pays.
(****) Les Séfarades constituent une branche du judaïsme qui suit le judaïsme liturgique espagnol et portugais. Au sens étroit, Séfarade veut dire Espagne et désigne les Juifs originaires de cette région, mais aussi les Juifs du Maghreb, qui se sont installés à la suite de leur expulsion d’Espagne en 1492, puis du Portugal en 1496. (apic/ats/com/ggc)