Rome: Rite simplifié pour la création de 22 nouveaux cardinaux le 18 février
Fidèles au Christ et à son Evangile
Rome, 16 février 2012 (Apic) 22 nouveaux cardinaux feront leur entrée formelle dans le collège cardinalice lors consistoire ordinaire public convoqué par Benoît XVI les 18 et 19 février 2012 : 12 Européens, 3 Nord-américains, 2 Asiatiques et 1 Latino-américain. Le rite en vigueur jusqu’à présent pour la création de ces ›Princes de l’Eglise’ a été «revu et simplifié» en accord avec le pape, a annoncé le Bureau des célébrations liturgiques.
L’imposition de la barrette, la remise de l’anneau et l’assignation du titre ou de la diaconie ont ainsi été unifiées et la proclamation de la Parole de Dieu a été abrégée.
Au lendemain du consistoire extraordinaire convoqué le 17 février par le pape afin d’évoquer un certain nombre de questions délicates, les cérémonies solennelles pour la création de nouveaux cardinaux s’ouvriront le samedi 18 février à 10h30 par la célébration du consistoire ordinaire public, dans la basilique Saint-Pierre.
Les nouveautés instaurées pour ce 4e consistoire pour la création de cardinaux du pontificat de Benoît XVI seront immédiatement perceptibles : ainsi la prière initiale de la ›collecte’ a changé. Elle est reprise du rite instauré par Paul VI en 1969. Elle sera directement suivie par la proclamation de l’Evangile et un discours du pape.
Fidélité
Puis Benoît XVI lira la formule de création et proclamera solennellement les noms des 22 nouveaux cardinaux. Le premier d’entre eux, le cardinal Fernando Filoni, s’adressera alors au pape au nom de ses confrères. Suivront la profession de foi et le serment des cardinaux. Chacun jurera d’être «fidèle au Christ et à son Evangile», «constamment obéissant à la Sainte Eglise apostolique romaine» ainsi qu’à Benoît XVI et à ses successeurs.
Benoît XVI adressera ensuite ces mots aux nouveaux cardinaux : «Recevez cette barrette pourpre comme signe de la dignité du cardinalat, elle signifie que vous devez être prêts à faire preuve avec force, jusqu’à l’effusion de sang, pour l’accroissement de la foi chrétienne, pour la paix et la tranquillité du peuple de Dieu et pour la liberté et la diffusion de la Sainte Eglise romaine».
Chaque nouveau cardinal s’approchera ensuite du pape et s’agenouillera devant lui pour recevoir successivement la barrette, l’anneau et enfin son titre cardinalice ou sa diaconie (voir encadré). Lors des derniers consistoires, la remise de l’anneau intervenait au 2e jour des cérémonies, lors de la messe que le pape célébrait avec les nouveaux élus.
Le rite prévoit ensuite la remise par Benoît XVI de la bulle de création cardinalice et d’assignation du titre ou de la diaconie, suivie de l’échange du baiser de paix avec le pape et tous les autres cardinaux. La prière de conclusion, qui a changé pour ce consistoire, remonte au XIIe siècle.
Canonisations
Au terme du rite de création des 22 nouveaux membres du collège cardinalice, le souverain pontife présidera un consistoire ordinaire public pour la canonisation de 7 bienheureux : le père jésuite français Jacques Berthieu ; Kateri Tekakwitha, première sainte indienne du continent nord-américain ; le père italien Giovanni Battista Piamarta, fondateur de la congrégation de la Sainte Famille de Nazareth ; la religieuse espagnole Marie du Mont Carmel, fondatrice des religieuses Conceptionnistes missionnaires de l’enseignement ; la tertiaire franciscaine allemande Marianne Cope; le laïc philippin Pedro Calungsod, martyr à Guam ; et enfin la mystique allemande Anna Schäffer. Le pape annoncera notamment la date de leur canonisation. La célébration prendra fin avec la bénédiction apostolique.
Visites de courtoisie
Dans l’après-midi du 18 février, auront lieu les traditionnelles visites de courtoisie ouvertes aux proches des nouveaux cardinaux et aux fidèles. Les cardinaux se trouveront ainsi, entre 16h30 et 18h30, dans différentes salles du Palais apostolique ou du Vatican, comme la Salle Paul VI.
Le dimanche 19 février à 9h30, jour de la fête liturgique du Christ-Roi, les 22 nouveaux cardinaux célèbreront avec le pape une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre. Enfin, dans la matinée du 20 février, Benoît XVI accordera une audience aux nouveaux cardinaux, à leurs familles et aux pèlerins qui les accompagnent.
En premier lieu, le pape, en créant un cardinal, lui remet la barrette. Remplaçant le chapeau rouge orné des trente houppes porté pendant des siècles, la barrette, petite toque carrée, est l’un des symboles du cardinalat. Sa couleur pourpre représente l’engagement des cardinaux d’être prêts à répandre leur sang pour défendre leur foi et l’Eglise catholique.
Le deuxième attribut cardinalice est l’anneau. Représentant à la fois le lien entre le pape et le cardinal, mais aussi celui existant entre le Christ et son Eglise, l’anneau est fabriqué tout spécialement pour la création d’un nouveau cardinal. Sur les anneaux remis cette fois-ci par Benoît XVI figureront les saints Pierre et Paul.
Enfin, les cardinaux reçoivent également un titre cardinalice ou une diaconie les rattachant à l’une des églises de Rome et de ses environs. Cette ›incardination’ au diocèse romain est avant tout symbolique : les cardinaux résident la plupart du temps à l’étranger, et n’effectuent dans la paroisse dont ils sont titulaires que de rares visites, une fois passée la cérémonie officielle de la prise de possession de l’église. Les cardinaux sont répartis en trois ordres : cardinaux évêques, cardinaux prêtres (les plus nombreux) et cardinaux diacres. Ces titres honorifiques permettent d’établir entre eux un ordre de préséance.
«Pour la promotion au cardinalat, le pontife romain choisit librement des hommes qui sont constitués au moins dans l’ordre du presbytérat, remarquables par leur doctrine, leurs moeurs, leur piété et leur prudence dans la conduite des affaires ; ceux qui ne sont pas encore évêques doivent recevoir la consécration épiscopale», indique le Code de droit canon de 1983 au paragraphe 351.
A l’approche du consistoire du 18 février 2012 au Vatican, 2 des futurs ›Princes de l’Eglise’ âgés de plus de 80 ans, Mgr Julien Ries, ancien professeur de l’Université catholique de Louvain (Belgique), et le Père Prosper Grech, Maltais, consulteur à la Congrégation pour la doctrine de la foi, ont reçu l’ordination épiscopale.
Un prêtre ou un prélat non évêque élevé au rang de cardinal peut cependant bénéficier d’une dispense accordée par le pape, ce qui arrive désormais seulement pour des non électeurs. Ce sera le cas cette fois-ci du père jésuite allemand Karl Becker. Agé de 83 ans, il devait dans un premier temps être créé cardinal «en privé, à un autre moment» pour raison de santé, mais sera bien présent à la cérémonie.
Jusqu’au martyre
A l’origine, la couleur pourpre de la soutane et de la barrette (petite toque à 4 côtés) que portent les cardinaux symbolisait le martyre jusqu’auquel ceux-ci doivent être prêts à aller. Aujourd’hui, même si cette signification a pris un sens imagé, il n’en reste pas moins que certains des cardinaux ont vécu la prison ou la persécution en raison de leur fidélité à Rome et à l’Eglise.
Jusqu’au XIe siècle, ce sont les membres du clergé de Rome et les fidèles du diocèse qui intervenaient dans la nomination du pape. Le mot latin ›cardo, cardinis’ – qui signifie ›pivot’ ou ›gond’ – était alors donné aux membres du clergé romain qui, occupant un poste fixe, servaient en quelque sorte de pivot à la vie de leur diocèse.
Depuis 1059, les cardinaux sont les électeurs exclusifs du pape. Selon le Code de droit canon, les cardinaux «assistent également le pontife romain en agissant collégialement quand ils sont convoqués en corps pour traiter de questions de grande importance, ou individuellement, à savoir par les divers offices qu’ils remplissent en apportant leur concours au pontife romain surtout dans le soin quotidien de l’Eglise tout entière».
Le collège des cardinaux – ou Sacré collège – est réparti en 3 ordres : l’ordre épiscopal auquel appartiennent les cardinaux auxquels le pontife romain attribue le titre d’une église suburbicaire, ainsi que les patriarches orientaux qui ont été reçus au sein du collège des cardinaux ; l’ordre presbytéral et l’ordre diaconal.
A chaque cardinal de l’ordre presbytéral et diaconal, le souverain pontife attribue un titre ou une diaconie à Rome. Ils reçoivent ainsi symboliquement une église de la capitale italienne ou de ses alentours. Ils en prennent officiellement ›possession’ au cours d’une cérémonie qui à lieu les mois suivant leur élévation au cardinalat. S’ils ont pour ces églises et leur territoire un rôle de mécène et de conseiller, ils ne possèdent aucun pouvoir administratif sur la gestion de leurs biens, la discipline des prêtres ou le service des églises.
120 électeurs
Le nombre des cardinaux, qui d’ordinaire ne dépassait pas 30 du XIIIe au XVe siècle, a été fixé à 70 par Sixte V. Mais au consistoire du 15 décembre 1958, Jean XXIII dérogea à cette règle. Lors du consistoire du 5 novembre 1973, Paul VI, son successeur, fixa à 120 le nombre maximum de cardinaux ayant cette faculté, disposition confirmée par Jean-Paul II dans la Constitution apostolique Universi Dominici gregis du 22 février 1996. A plusieurs reprises, cependant, Jean-Paul II et Benoît XVI ont légèrement dépassé ce plafond.
Paul VI fixa par le Motu Proprio Ingravescentem aetatem du 21 novembre 1970 à 80 ans l’âge auquel les cardinaux cessent d’être membres des dicastères de la curie romaine et de tous les organismes permanents du Saint-Siège et de l’Etat de la Cité du Vatican et perdent le droit d’élire le souverain pontife.
Les cardinaux de moins de 80 ans appartiennent aux différentes congrégations romaines. Ils sont protocolairement considérés comme des princes héréditaires et portent le titre d’Eminence, puisque durant la vacance du Siège apostolique ils assurent collégialement le gouvernement de l’Eglise.
Les cardinaux sont obligés de coopérer étroitement avec le pontife romain ; aussi, les cardinaux qui exercent une charge à la curie et qui ne sont pas évêques diocésains sont-ils tenus de résider à Rome ; les cardinaux qui ont la charge d’un diocèse comme évêques diocésains doivent se rendrent à Rome chaque fois qu’ils sont convoqués par le pape. Quand les cardinaux se trouvent hors de Rome et hors de leur propre diocèse, ils ne sont pas soumis au gouvernement de l’évêque du diocèse où ils résident.
10 hauts responsables de la curie romaine
-Mgr Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples
-Mgr Manuel Monteiro de Castro, Grand pénitentier
-Mgr Santos Abril y Castello, archiprêtre de la basilique Sainte-Marie Majeure
-Mgr Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement
-Mgr Giuseppe Bertello, président du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican
-Mgr Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les textes législatifs
-Mgr Joao Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique
-Mgr Edwin F. O’Brien, Pro-Grand-Maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre
-Mgr Domenico Calcagno, président de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique
-Mgr Giuseppe Versaldi, président de la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège
8 titulaires de sièges cardinalices à travers le monde
*En Europe:
-Mgr Willem Jocoby Eijk, archevêque d’Utrecht (Pays-Bas)
-Mgr Giuseppe Betori, archevêque de Florence
-Mgr Rainer Maria Woelki, archevêque de Berlin
-Mgr Dominik Duka, archevêque de Prague
*En Amérique du Nord:
-Mgr Thomas Christopher Collins, archevêque de Toronto
-Mgr Timothy Michael Dolan, archevêque de New York
*En Asie:
-Mgr George Alencherry, archevêque majeur des Syro-malabars (Inde)
-Mgr John Tong Hon, évêque de Hong Kong
4 cardinaux âgés de plus de 80 ans:
-Mgr Lucian Muresan, archevêque majeur gréco-catholique d’Alba Julia (Roumanie)
-Le Père Prosper Grech, Maltais, consulteur à la Congrégation pour la doctrine de la foi
-Le Père Karl Josef Becker, ancien professeur à l’Université pontificale grégorienne
-Mgr Julien Ries, ancien professeur de l’Université catholique de Louvain
(apic/imedia/cp/mp)