Fiducia supplicans: le cardinal Fernández a reçu des menaces
«Le monde ne s’écroule pas avec ces bénédictions». Dans un entretien à La Stampa publié le 11 janvier 2024, le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF), défend à nouveau la déclaration Fiducia supplicans autorisant les bénédictions de couples homosexuels. Il confie également avoir reçu des menaces.
Dans ce nouvel entretien, le cardinal Fernández explique une fois encore que ces bénédictions «spontanées» ou «pastorales» n’exigent «aucune perfection» de la part de ceux qui les désirent. Il ne s’agit «pas du tout», martèle-t-il au risque de «devenir ennuyeux», de changer la doctrine catholique sur le mariage, ni de «défendre les ‘lobbies gay’ ou les manifestations de la ‘fierté’ gay».
Ces bénédictions non-liturgiques ne sont pas «un sacrilège ou un blasphème» car elles «ne sanctionnent, ne qualifient, n’autorisent ni ne reconnaissent rien», scande le prélat argentin. Il répond une nouvelle fois à l’ancien préfet du dicastère, le cardinal Gerhard Müller, qui avait parlé d’un risque de blasphème en cas de bénédiction de couples en situation irrégulière. Elles naissent «le long des trottoirs, au milieu du peuple, où chacun porte le poids de sa vie comme il le peut, et a parfois besoin d’un geste d’amour et de proximité de l’Église».
«Nous te détruirons»
Il explique également pourquoi son dicastère a publié une clarification le 4 janvier en donnant un exemple de bénédiction simple, d’une durée maximale de 15 secondes. «Ce communiqué semble une catéchèse pour adolescents, je le conçois, mais […] nous avons pensé qu’il fallait fournir un exemple particulièrement clair, pour ne pas laisser de doutes».
Dans cet entretien, le préfet affirme avoir reçu par trois fois des messages de menace, du genre: «Nous te détruirons». «Se sentir haï n’est pas agréable, confie l’Argentin. Surtout qu’il n’y a pas d’éléments si terribles pour justifier cette dureté». Il estime que «ce ne sont pas ces documents qui causent des divisions, ils les font simplement émerger».
Le cardinal Fernández est également sous le feu des critiques alors qu’a refait surface l’un de ses ouvrages sur la passion mystique, recelant des passages détaillés sur les orgasmes féminins et masculins, publié en 1998. «Il n’y a pas d’erreurs théologiques, mais déjà à l’époque j’ai demandé à ce que [le livre] soit retiré et aujourd’hui je l’écrirais différemment, parce que certains passages lus hors de leur contexte pourraient générer des malentendus», reconnaît-il dans les pages du quotidien italien, comme il l’avait affirmé au média catholique américain Crux.
Dans l’attente de la réaction africaine
Alors que de nombreux évêques africains se sont opposés à la mise en pratique de Fiducia supplicans, le cardinal Fridolin Ambongo, président du SCEAM – qui regroupe tous les évêques d’Afrique – a souhaité qu’une déclaration «valable pour toute l’Église d’Afrique» soit élaborée.
Les réponses des présidents des conférences épiscopales devraient parvenir au secrétariat général du SCEAM avant la mi-janvier. Selon les informations d’IMEDIA, une déclaration pour l’Afrique, approuvée par Rome, devrait être publiée prochainement. (cath.ch/imedia/ak/hl/rz)