Mère Marie-Christiane persiste et signe

Fondation d’un carmel traditionnaliste au Mont-Pèlerin (050188)

Quiévrain, 5janvier(APIC) Pour ouvrir un carmel au Mont-Pèlerin, a

déclaré mardi à l’agence APIC Mère Marie-Christiane, soeur de Mgr Lefèbvre,

«il n’y a pas à demander de permission canonique à l’évêque, car on sait

qu’on ne l’aura pas. Ce n’est pas de la désobéissance, car son refus n’est

pas valide; c’est l’évêque qui abuse du droit canonique, on ne peut pas dire autre chose». C’est en ces termes que la Mère supérieure du couvent traditionnaliste de Quiévrain, au sud de la Belgique, a tenu à répondre au

communiqué publié lundi par l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg. Il

exprimait l’inquiétude de l’autorité ecclésiastique «devant l’arrivée de

carmélites qui entendent se passer de l’autorité de l’évêque du lieu et du

Saint-Siège».

APIC : Vous ne pensez-pas que votre attitude d’insubordination à l’égard

des autorités de l’Eglise catholique vous met en marge de l’Eglise?

Mère Marie-Christiane : «Ce n’est pas moi qui le veux, c’est l’évêque

qui veut la rupture. Cela concerne et l’évêque de Sion et l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Vous savez, ils sont tous un peu du même genre… Nous n’avons même pas cherché à demander l’autorisation, parce qu’ils

n’accepteront pas. J’espère que cela va s’arranger, et aussi pour leur salut. Ils ont une conscience bien large pour interdire ce qui a toujours été

accepté dans l’Eglise. C’est incompréhensible, les évêques devraient nous

encourager».

Est-ce qu’un telle mise au point des autorités religieuses légitimes ne

va pas gêner votre recrutement en Suisse?

Mère Marie-Christiane : «Absolument pas. Vous voyez bien que nos religieuses ne voudraient pas aller ailleurs que dans la tradition. Elles sont

soutenues par leurs convictions catholiques. Elles savent que les autres

carmels ne tiennent pas parce qu’ils n’ont pas cette force de la tradition

catholique. C’est la grâce qui passe. On le voit bien, le Bon Dieu est avec

nous, il nous bénit extraordinairement. On n’en revient pas du nombre de

vocations. C’est incroyable qu’en moins de neuf ans, nous ayons 85 vocations. Jamais les carmels n’ont eu tant de vocations, parce qu’elles sentent que c’est la grâce qui travaille en elles, que c’est l’appel du Bon

Dieu. La grâce a abandonné l’Eglise officielle, absolument. On le voit

bien, il faut tout de même ouvrir les yeux, tous les couvents ferment.»

APIC : pourquoi avoir ouvert maintenant un carmel en Suisse?

Mère Marie-Christiane : «Il y a si longtemps que nous cherchons une maison en Suisse, cela fait bien sept ans. Nous avons beaucoup de vocations

suisses et nous sommes bien obligées de les loger. Nous ne pouvons pas les

refuser, ce sont de vraies vocations. Nous avons 11 religieuses et deux

postulantes suisses romandes à Quiévrain, en Belgique, et à Bas-en-Basset,

près du Puy. Il y a également, parmi les 17 religieuses du monastère de

Brilon Wald, entre Dortmund et Kassel, en Allemagne, outre des Allemandes

et des Autrichiennes, 8 ou 9 carmélites suisses alémaniques. Il faudra

d’ailleurs les loger. Nous allons chercher aussi d’autres lieux en Suisse

allemande et en Autriche.»

APIC : est-ce que l’ouverture d’un nouveau carmel au Mont-Pèlerin alors que la visite apostolique d’un délégué pontifical, le cardinal

Edouard Gagnon, n’a pas encore abouti à des conclusions – n’est pas une

provocation?

Mère Marie-Christiane : «On ne voulait rien dire du tout, absolument

rien. Je me demande comment les journalistes ont su cela. Si cela paraît

une provocation? Je ne me suis pas du tout inquiétée de cela. Il y a longtemps que nous avions cette intention. Nous sommes déterminées à poursuivre. Que voulez-vous que je fasse d’autre. On ne peut pas refuser les

vocations. Ce n’est pas une telle prise de position qui va me faire reculer. Je fais mon devoir, et puis c’est tout. Si jamais cela s’arrange avec

Rome, il y a peut-être des carmels qui nous ouvriront leurs portes. Du moment que ces carmélites n’ont pas de vocations, elles seront contentes de

nous accepter. Mais actuellement, la situation est lamentable. Elles nous

donneront plutôt leurs maisons pour les faire revivre. Nous, il faut que

nous restions ensemble. S’il y a un arrangement avec Rome, je suppose que

les évêques accepteront de nous donner ces carmels.»

APIC : qui sont les membres et quelles sont les ressources de l’Association Saint-Elie qui a acheté la propriété du Mont-Pèlerin pour y ériger le

carmel de «Marie-des-Anges»?

Mère Marie-Christiane : «Les membres de l’Association sont nos religieuses suisses. Elles n’habitent pas en Suisse, mais elles y vont. Il n’y en a

pas pour l’instant dans le canton de Vaud. Pour faire vivre nos communautés

et pour financer par exemple cet achat au Mont-Pèlerin – il a fallu environ

un million de francs – nous travaillons dans les carmels : nous faisons

surtout des ornements d’Eglise, de la reliure, des hosties, de la lingerie… Nous sommes également très soutenues. Le mouvement traditionnaliste

a beaucoup d’amis en Suisse. Ils sont très contents de nous voir arriver.

Mais ce ne sont pas toujours les plus riches qui donnent le plus. Ce sont

quelquefois des gens besogneux qui prennent sur leurs nécessités. Nous

avons beaucoup d’amis et ils sont bien généreux. Il y a encore les parents

de nos soeurs, qui connaissent aussi beaucoup d’amis. Mais ce n’est pas

nous qui faisons cela, il faut le reconnaître, c’est vraiment le Bon Dieu

qui le fait.» (apic/be)

5 janvier 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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